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Peut-on régner innocemment ?

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« PROBLEMATIQUE ENVOYEE PAR L'ELEVE: On désigne par innocence cet état antérieur à la connaissance du bien et du mal.

Ainsi, lorsqu'on dit d'une personne qu'elle a agi en toute innocence, on signifie qu'elle n'a pas fait preuve de calcul d'intérêt ou encore que, si les conséquences de son acte sont mauvaises, elle ne l'a en aucun cas fait exprès.

On parle ainsi de l'innocence de l'enfance ou de l'innocence de la vie pour désigner une manière de vivre dans laquelle on garde un cœur et des mains purs.

Dans cette citation, Saint-Just affirme donc qu'il est impossible pour quiconque de régner innocemment ce qui revient à dire que le pouvoir suppose nécessairement qu'on soit sorti de l'état d'innocence.

Même plus encore, affirmer qu'on ne peut régner innocemment, c'est dire que le pouvoir tend à supposer une forme de calcul si ce n'est une logique d'intérêt. Est-ce alors à dire que le pouvoir corrompt nécessairement ? Les analyses de machiavel peuvent d'abord vous être utiles en ce qu'il montre les vertus nécessaire à tout Prince.

Ses analyses insistent alors sur le fait qu'il ne s'agit pas de posséder ces vertus mais de sembler les avoir.

Le pouvoir suppose donc immédiatement un jeu des apparences qui est étranger à toute innocence.

Reportez-vous ici à l'extrait du Prince indiqué plus bas. Vous pouvez également vous demander si dans la plupart des Etats il n'y a pas ainsi un conflit entre vérité et politique.

C'est ici que les analyses de Arendt peuvent vous être utiles.

Vous pouvez opposer ici les positions de Machiavel à celles de Kant par exemple.

Dire la vérité politique, est un facteur intangible de durée pour l'Etat.

Kant pense, qu'elle doit prévaloir dans tous les cas même si "toute la canaille du monde doit mourir".

Le droit humain doit prévaloir, sans égard pour la quantité de sacrifices exigée des pouvoirs.

Mais ne s'agit-il pas de propos chimériques dans le contexte du monde politique ? Vous pouvez alors vous demander en quoi le pouvoir semble exiger une telle attitude.

S'agit-il d'une nécessité inhérente au pouvoir ou est-ce le pouvoir qui finit par la susciter ? Ici, vous pouvez vous reporter aux analyses de Locke et de Montesquieu sur la notion de corruption par exemple.

Ne pas pouvoir régner dans l'innocence n'implique-t-il pas alors de penser des limites au pouvoir ? L'innocence est une vertu politique Comme l'écrit Gandhi, chantre de la non-violence, un «bien durable ne peut jamais venir du mensonge ou de la violence».

Ce ne sont pas l'égoïsme,l'ambition, la vanité d'un prince qui incitent le peuple à le respecter.

Bien au contraire, une homme d'État corrompu causera le mépris du peuple à son égard.

Que l'on songe ici à la situation politique actuelle en France.

L'innocence, celle de l'enfant, celle du saint homme, mais aussi de celui qui dirige une nation, vaut bien plus que le désir de puissance et la duplicité. La morale, critique de la politique. En dirigeant leur réflexion vers le monde politique, les « moralistes », qui observent les moeurs des hommes, leurs habitudes, leurs passions, etc., ont souvent souligné le cynisme, les contradictions, les mensonges de ce monde politique.

Il n'est que de penser aux observations de Montaigne ou de La Fontaine : par exemple, sur « la raison du plus fort...

».

Pascal est particulièrement violent, qui s'écrie : « plaisante justice qu'une rivière borne...

» ; « Platon et Aristote [...] : s'ils ont écrit de politique, c'était comme pour régler un hôpital de fous ; et s' ils ont fait semblant cl' en parler comme d' une grande chose, c'est qu'ils savaient que les fous à qui ils parlaient pensaient être rois et empereurs » (Pensées, 331). Cette mise en cause de la politique par la morale nous invite à approfondir la « science des moeurs », qui « consolera toujours de l'ignorance des sciences extérieures », à cultiver la « pensée de derrière la tête », lorsqu'on honore les grands. Le réalisme politique ajoute le mal au mal Le réalisme politique prétend considérer l'homme tel qu'il est, c'est-à-dire foncièrement mauvais.

Que l'on songe ici à Hobbes qui affirme que "l'homme est un loup pour l'homme".

Il est bien entendu que si personne ne tente d'améliorer la nature humaine, si tout le monde croit que pour régner, il faut être encore plus méchant que ceux que l'on gouverne, l'on accentue le mal, bien plus que l'on y remédie.

Une vraie politique doit s'efforce de rendre les hommes meilleurs en pourvoyant à leur bonheur. Le pouvoir n'est ni pur, ni innocent. »

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