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Peut-on refuser de douter ?

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« Nom=Martins Bernard Prénom=Christophe [email protected] Sujet=Peut-on refuser de douter ? Intro Le doute est un état d'incertitude et d'hésitation dont tout le monde peut faire l'expérience dans sa vie quotidienne. Il est corrélatif d'un certain inconfort psychologique qui conduit toujours à essayer d'en sortir.

Cependant, le doute n'est pas nécessaire négatif.

On sait qu'il peut parfois permettre de corriger ses erreurs ou conduire à se débarrasser d'un préjugé.

La question se pose alors de savoir si on peut refuser de douter.

Autrement dit, est-il possible ou a-t-on le droit de renoncer volontairement à toute remise en question? Et si oui quelles sont les raisons qui pourraient légitimer un tel choix ? N'y-t-il pas, parfois au moins, nécessité de douter sans pour autant céder au scepticisme? Le refus de douter ne nous condamne-t-il pas à rester dans la "Caverne", c'est à dire à adhérer sans examen à ce que l'on croit être la vérité? Cependant, suffit-il de douter pour échapper à la caverne ? I Il y a des choses dont on doute spontanément et d'autres qu' il ne nous viendrait pas à l'esprit de remettre en question.

Quand j'ai l'impression que l'on me ment ou qu'un fait ne me paraît pas évident, le doute s'impose naturellement et légitimement au jusque ce que l'on soit parvenu à résoudre le problème.

De même, le refus de douter peut apparaître comme tout à fait légitime et tout à fait fondé , c'est à dire qu'il reposer sur des raisons valables. En premier lieu, comment puis-je douter des vérités scientifiques? La science n'énonce rien qui ne soit prouvé, démontré, c'est à dire vérifié et même s'il ne m'est pas possible de vérifier par moi même que la terre tourne autour du soleil, ou que la somme des angles d'un triangle est égale à deux droits (à cause de mon ignorance en matière de géométrie), ma confiance en la science n'est pas absurde; elle n'est pas le résultat d'un manque de sérieux.

J'ai de bonnes raisons de ne pas douter, c'est plutôt la volonté de douter de quelque chose d'objectivement fondée qui peut paraître insensée, inutile.

Donc on peut refuser de douter de ce qui est scientifiquement établi. Ensuite certaines évidences, bien qu'elles ne soient pas des vérités scientifiques, semblent difficilement contestables sans passer pour un fantaisiste.

Parmi ces évidences, il y a ce que les sens m'apprennent: ce que je vois, je vois que le ciel est bleu ou que la forêt est essentiellement faite d'arbres et non de fleurs; je sens que j'ai un corps, et j'entends lorsqu'un chien aboie.

Il semblerait sans intérêt de remettre en question de tels faits.

Il y a également ce qui paraît évident au terme d'un raisonnement: tous les hommes sont mortels, Socrate est un homme, donc Socrate est mortel.

De même, Descartes, suite à un raisonnement qui le conduit à une remise en question radicale, découvre qu'il ne peut pas douter de son existence en tant que "chose pensante".

Il semble donc difficile de nier l'évidence, et donc légitime de refuser de douter. Enfin, le doute n'est-il pas dangereux dans la mesure ou il nous empêche d'agir: si je suis perdu en forêt et que je doute à tout moment de la direction, je ne retrouverai jamais mon chemin.

Si, inquiété par l'actualité et les dérives alimentaires, je doute de tous les aliments qui se trouvent dans mon assiette, je n'ai plus qu'à mourir de faim. Ici, le doute n'est pas seulement utile, il peut se révéler néfaste.

D'un manière générale, lorsque j'ai une décision à prendre, je ne peux la différer indéfiniment et si la réflexion est toujours souhaitable, sa longueur doit être proportionnée au degré d'urgence de la situation.

La prudence n'est pas synonyme d'inactivité.

Le doute paralyse l'action et le refus du doute est ici non seulement légitime, mais il est même parfois nécessaire. Mais si le refus de douter est parfois justiciable, autrement dit si, comme nous l'avons montré, on peut avoir de bonnes raisons de refuser de douter, peut-on refuser de douter? A-t-on le droit d'ériger le refus de douter en principe absolu? Quelles pourraient être les conséquences d'une telle attitude ? II Le refus de douter n'est pas toujours justifiable et est parfois l'indice d'une certaine étroitesse d'esprit.

Le refus systématique de remettre en question ce que l'on croit vrai, le refus d'entendre et d'envisager le point de vue d'autrui, le refus du dialogue, de la discussion, se nomme dogmatisme.

Cette attitude est soit le résultat d'une décision volontaire de ne pas remettre en question ses croyances, soit, le plus souvent, l'adhésion au sens commun. On est alors, sans vraiment en être conscients, prisonniers de ses préjugés "des croyances habituelles à son temps, à son pays et de convictions qui ont grandi en nous sans la coopération et le consentement de la raison". Ce dont il est question dans ses paroles de B.Russel ce n'est pas à proprement parler d'un refus de douter, mais d'une absence de doute.

Celui qui traverse l'existence sans se poser de question, ni se remettre en question, n'a pas nécessairement choisi de ne pas douter.

Il est dogmatique sans le savoir.

La question du doute ne s'est même pas posée.

Et dès lors que personne ne vient le faire douter, ou lui donner des outils pour la réflexion, il est difficile, voir néfaste, de s'aventurer seul sur ce terrain.

Le manque de repère ne peut conduire un doute constructif, et risque plutôt d'être un facteur de confusion qui ne débouche que sur la désarroi, voir un sentiment d'impuissance qui. »

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