Peut-on parler d'un devoir de mémoire ?
Extrait du document
«
Parler de la mémoire comme devoir, c'est postuler que la mémoire peut dépendre d'une décision libre,
volontaire.
L'homme aurait donc la possibilité ou non d'accomplir ce devoir de mémoire.
La mémoire est donc
envisagée ici comme processus que l'on cultive, et non comme simple mémoire mécanique, passive, habituelle.
En cherchant à acquérir, ou à reconstituer, la mémoire d'un certain passé, l'homme ne se donne-t-il pas des
références utiles pour la conduite de ses pensées comme de son existence ? Ne dit-on pas que le passé
détermine le présent ? Et n'est-il pas nécessaire qu'il se les donne ? Être avertir du passé, n'est-ce pas porter
un regard plus lucide sur le présent ?
[Il est certains crimes que l'on ne doit pas oublier afin de ne pas les commettre à nouveau.
Il est des
événements historiques tragiques que nous avons le devoir de ne pas oublier afin d'éviter qu'ils ne se
reproduisent.
C'est le cas, notamment, de l'Holocauste.
Nous devons aussi lutter contre l'oubli de
certaines choses.]
Il ne faut pas oublier l'Holocauste
On parle de «devoir de mémoire» avant tout à propos de la tentative d'extermination des Juifs par les nazis.
Les persécutions contre les Juifs ayant été un phénomène récurrent dans l'histoire européenne, le souvenir de
l'Holocauste doit être entretenu afin que les générations futures sachent où peuvent conduire de tels
sentiments.
On sait que la haine et le racisme se nourrissent de l'ignorance et de l'oubli.
Il faut se souvenir pour ne pas répéter
Par extension, on peut parler de devoir de mémoire à propos de tout événement tragique que l'on veut éviter
de voir se répéter.
Pour la culture de chaque homme, la référence au passé est constitutive.
Pascal, dans la préface du "Traité
sur le vide", rappelait que tout nouveau progrès ne fait qu'enrichir un savoir qui se construit de génération en
génération, y compris parfois à travers des remises en question radicales.
Le devoir de mémoire, la référence
à la tradition n'excluent pas, bien au contraire, le dépassement critique et le progrès.
Nous devons sauver de l'oubli
«Dans l'universelle amnistie morale depuis longtemps accordée aux assassins, les déportés, les fusillés, les
massacrés n'ont plus que nous pour penser à eux.
Si nous cessions d'y penser, nous achèverions de les
exterminer, et ils seraient anéantis définitivement.
Les morts dépendent entièrement de notre fidélité», dit
Vladimir Jankélévitch.
L'oubli est une deuxième mort pour les victimes.
L'oubli serait comme un consentement
aux atrocités commises durant l'histoire.
Se souvenir serait comme un acte de résistance à la barbarie
humaine.
[L'oubli est une faculté naturelle de la mémoire.
On ne peut pas se forcer à se souvenir.
L'oubli est un
phénomène vital pour la mémoire.
Il faut savoir oublier pour progresser.
On ne peut se complaire dans le
passé ni être obsédé par les mauvais souvenirs.
La mémoire étant spontanée, on ne peut l'obliger à se
rappeler.]
Il faut oublier pour progresser
L'élucidation des fondements du devoir de mémoire appelle aussi une analyse critique et différentielle de ce qui
distingue la mémoire requise de la mémoire néfaste.
Tournant à l'obsession, à l'impossibilité de saisir la
nouveauté radicale, lorsque celle-ci advient, la mémoire ne peut faire l'objet d'aucun devoir.
Peut-être même
y a-t-il, en aucun cas, un véritable devoir d'oubli, pour libérer la conscience des pesanteurs inutiles ou des
analogies trompeuses.
Nietzsche mettait en garde contre le ressassement et le ressentiment; et Valéry, à
propos de l'Histoire humaine, attirait l'attention sur le danger des analogies qui constituent à interpréter le.
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