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Pourquoi y a-t-il un devoir de mémoire ?

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« Problématique A chaque anniversaire d'une commémoration historique d'un événement, la société entretient le souvenir de faits que l'on se doit de respecter, de se rappeler au nom d'une certaine fraternité voire d'une culpabilité partagée par un peuple dans le cas de génocides. Cependant le passé c'est ce qui n'est déjà plus, ce qui ne nous concerne pas directement.

Les fêtes nationales reviennent chaque année, on célèbre les batailles, les victoires, les armistices, la fin de périodes que nous n'avons même pas connu.

Le devoir définit une obligation morale commune, un geste que chacun doit entretenir au nom d e l'Humanité.

Il s'applique à la mémoire collectif, l'individu doit se souvenir d'évènements de façon individuelle mais en tant que membre à part entière d'une communauté qui partage le même passé.

Le devoir de mémoire est présent dans chaque civisme, dans plusieurs jours fériés, chaque individu est libéré de ses obligations professionnels car ce devoir est supérieur à tout.

Le devoir d e mémoire semble aller de soi mais pourquoi sommes nous obliger d'entretenir le souvenir commun d'évènements que nous n'avons pas connu? La mémoire ne doit elle pas être utilisée de façon personnelle pour que l'homme se souvienne uniquement des souvenirs qu'il aurait choisis et non pas d'après une obligation civile? PLAN I Les souvenirs du passé comme sa réactualisation Le devoir de mémoire se distingue du simple souvenir historique.

Il s'agit en effet de se rappeler d'évènements qui ont marqué l'homme de façon à ce que chaque fait soit ravivé de façon à ce que nous puissions le vivre de façon contemporaine.

Les émotions des évènements sont vécus par les hommes d'aujourd'hui de façon à ce que nous les vivons comme si nous les avions réellement vécus.

Le devoir de mémoire ne doit pas être un souvenir que l'on inscrit comme un récit historique mais comme une émotion que l'on doit partager comme des contemporains des faits. "Le propre des durées individuelles est qu'elles possèdent un contenu différent pour chaque conscience." Ziegler, II Le devoir comme préservation du passé Il paraît étonnant que les faits passés soient compris dans l'obligation morale de se souvenir.

En effet, pourquoi nous sentons forcés de nous remémorer le passé? La mémoire n'est elle pas individuelle sans qu'on nous oblige à la formater régulièrement? Le devoir de mémoire remémore les actes injustes et cruels que les homes ont pu commettre.

Il faut de rappeler à quel point l'homme a pu agir avec cruauté, qu'il peut être capable du pire tout en étant un homme et pas un monstre.

Le passé n'est pas distancié, il s'agit donc d'une certaine de rendre justice du passé en ne l'oubliant pas car l'oubli équivaudrait à l'effacement de la faute.

Ce n'est qu'en conservant le souvenir du passé que l'on peut rendre justice de l'humanité, des victimes et de la culpabilité des responsables. "Le devoir est la nécessité d'accomplir une action par respect pour la loi." Fondements de la Métaphysique des moeurs, Bergson Le souvenir du fruit défendu est ce qu'il y a de plus ancien dans la mémoire de chacun de nous, comme dans celle de l'humanité.

Nous nous en apercevrions si ce souvenir n'était recouvert par d'autres, auxquels nous préférons nous reporter.

Que n'eût pas été notre enfance si l'on nous avait laissé faire ! Nous aurions volé de plaisirs en plaisirs.

Mais voici qu'un obstacle surgissait, ni visible ni tangible : une interdiction.

Pourquoi obéissons-nous ? La question ne se posait guère ; nous avions pris l'habitude d'écouter nos parents et nos maîtres. Toutefois nous sentions bien que c'était parce qu'ils étaient nos parents, parce qu'ils étaient nos maîtres.

Donc, à nos yeux, leur autorité leur venait moins d'eux-mêmes que de leur situation par rapport à nous.

Ils occupaient une certaine place : c'est de là que partait, avec une force de pénétration qu'il n'aurait pas eue s'il avait été lancé d'ailleurs, le commandement.

En d'autres termes, parents et maîtres semblaient agir par délégation.

Nous ne nous en rendions pas nettement compte, mais derrière nos parents et nos maîtres nous devinions quelque chose d'énorme ou plutôt d'indéfini, qui pesait sur nous de toute sa masse par leur intermédiaire.

Nous dirions plus tard que c'est la société. III Le devoir de mémoire comme respect de l'humanité Ainsi se souvenir des capacités monstrueuses que l‘homme peut receler, nous refusons d'effacer la faute des hommes, nous refusons d'effacer notre faute sous peine d'être injustes.

Se souvenir des actes des hommes, c'est respecter la mémoire et donc l'humanité des hommes qui ont du subir des injustices commises par d'autres hommes.

Nous sommes sans cesse renvoyer face à la faute des hommes, nous devons nous rappeler de nos fautes pour avancer.

Comment envisager notre avenir sans savoir de quoi nous sommes capables en se tournant vers le passé? Nous ne pouvons pas éluder nos fautes et les oublier, donc les nier mais la moindre des choses est de le raviver, de l'entretenir et ainsi de respecter les hommes qui font partie de notre Humanité. Pour obtenir une vérité quelconque sur moi, il faut que je passe par l'autre." Sartre, "Le devoir et le bonheur consistent également à vivre pour autrui." A.

Comte Lévinas Alors que le monde qui heurte la pensée ne peut rien contre la libre pensée capable de se refuser intérieurement, de se réfugier en soi, de rester, précisément, libre pensée en face du vrai, de revenir à soi, de réfléchir sur soi et de se prétendre origine de ce qu'elle reçoit, de maîtriser par la mémoire ce qui la précède, alors que la pensée libre reste le Même – le visage s'impose à moi sans que je puisse rester sourd à son appel, ni l'oublier, je veux dire, sans que je puisse cesser d'être responsable de sa misère.

La conscience perd sa première place.

[...] Mais la mise en question de cette sauvage et naïve liberté pour soi, sûre de son refuge en soi, ne se réduit p a s à u n mouvement négatif.

La mise en question de soi est précisément l'accueil de l'absolument autre.

L'épiphanie de l'absolument autre est visage où Autrui m'interpelle et me signifie un ordre, de par sa nudité, de par son dénuement.

C'est sa présence qui est une sommation de répondre.

Le Moi ne prend pas seulement conscience de cette nécessité de répondre, comme s'il s'agissait d'une obligation ou d'un devoir particulier dont il aurait à décider.

Il est dans sa position même de part en part responsabilité ou diaconie, comme dans le chapitre 53 d'Isaïe.

Être Moi signifie, dès lors, ne pas pouvoir se dérober à la responsabilité, comme si tout l'édifice de la création reposait sur mes épaules.

Mais la responsabilité qui vide le Moi de son impérialisme et de son égoïsme – fut-il égoïsme du salut – ne le transforme pas en moment de l'ordre universel, elle confirme l'unicité du Moi.

L'unicité du Moi, c'est le fait que personne ne peut répondre à ma place. Découvrir au Moi une telle orientation, c'est identifier Moi et moralité.

Le Moi devant Autrui est infiniment responsable.. »

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