Aide en Philo

Peut on mourir heureux ?

Publié le 26/12/2023

Extrait du document

« Peut-on mourir heureux ? D’après Kant, « La peur de la mort qui est naturelle à tous les hommes, et fût-ce au plus sage, n’est pas un frémissement d’horreur devant le fait de périr, mais comme le dit justement Montaigne, devant la pensée d’avoir péri ».

En effet, la mort a toujours été considérée par l’Homme comme une déchirure, un fait difficilement acceptable, voire scandaleux.

Aussi rationnelle qu’elle soit, la peur de la mort entacherai alors la quête d’épanouissement de l’Homme.

Du latin « mors », la mort désigne la fin de la vie et la cessation de toutes les fonctions biologiques d'un organisme, ou dans d’autres termes, la fin des activités constituant notre existence.

L’Homme peut alors en venir à se demander s’il peut justement mourir heureux, car ce n’est qu’au moment de sa mort qu’il saura vraiment s’il est.

Être heureux ferait écho au bonheur et signifierai donc d’être dans un état de satisfaction stable et durable, en ayant accomplis tous ses désirs.

Cependant, il est à distinguer du désir ou encore de plaisir, qui eux ne sont qu’éphémères.

Nous pouvons donc nous demander si la peur ressentie à l’égard de la mort entrave la possibilité de vivre heureux.

Est-il alors possible pour l’Homme de mourir heureux ? Dans un premier temps, mourir heureux semblerait, pour l’Homme, un rêve impossible à atteindre. La mort peut être qualifiée comme un point de non-retour pour l’Homme puisqu’il lui est impossible de vaciller entre son vivant et sa mort.

De plus, la mort reste inconnue de tous et effraie l’Homme. L’Homme est donc en quelque sorte thanatophobe.

Comme le dit Kant, « La mort, nul n’en peut faire l’expérience en elle-même », la mort n’a été et ne sera vécue par aucun vivant.

L’Homme en vient donc à la craindre et à l’éviter car il lui est difficile de l’imaginer, même s’il sait qu’un jour il va mourir.

Cette peur de la mort est également exprimée par Pascal dans ses Pensées : « Tout ce que je connais est que je dois bientôt mourir, mais ce que j’ignore le plus est cette mort même que je ne saurais éviter.

».

De ce fait, pour Pascal, la mort représente en même temps l’un des plus grands mystères de sa vie mais aussi la chose dont il est le plus sûr.

Elle est alors à la fois une certitude pour l’Homme, dans le sens où l’Homme finira par mourir un jour, mais aussi sa plus grande appréhension.

L’Homme étant effrayé par tout ce qui lui échappe, la mort, lorsqu’elle se rapproche de lui, l’effraye davantage et comble sa pensée.

Cette peur qu’appréhende l’Homme l’empêcherai alors de mourir heureux. D’autre part, l’Homme associe la mort comme une pensée malheureuse, puisque les seules relations qu’il a entretenues avec elle de son vivant sont considérablement tristes, notamment lors de la perte d’un être cher par exemple.

De ce fait, il n’a jamais expérimenté la mort mais davantage les sentiments qu’elle engendre tel que le deuil, et éprouve une certaine empathie à l’égard de ses proches qui traverseront également ce deuil lors de sa propre mort.

Synonyme de malheur aux yeux de l’Homme, la mort l’empêcherai d’être heureux puisqu’il a alors connaissance des conséquences de sa mort sur ses êtres chers.

D’après Vladimir Jankélévitch « Aussi la mort d’un être cher est-elle presque comme la nôtre, presque aussi déchirante que la nôtre [..] ».

Il exprime ainsi le fait que la mort d’un proche qui nous est cher nous fait craindre l’expérience de la mort et notre propre mort.

De ce fait, en connaissant la douleur du deuil sur autrui, l’Homme craint davantage sa mort et n’arrive pas à s’imaginer mourir si cela engendre autant de mal, ce qui entraverai sa quête de bonheur avant sa mort. Enfin, mourir heureux ne serait possible dans une certaine mesure où, s’il se sent heureux, l’Homme aspirera à prolonger ses plaisirs, en cherchant à profiter de sa famille et de ses amis ou encore des choses qui rendent son existence plaisante.

De ce fait, il n’est pas constamment confronté à sa peur de la mort.

Cependant, l’idée que ce bonheur puisse un jour se terminer ne le ternirai-t-il pas ? En effet, aussi amène qu’elle soit, l’Homme ne peut profiter complètement de sa vie s’il sait pertinemment qu’elle a une fin.

Epicure met en avant ce raisonnement : « Chacun de nous quitte la vie avec le sentiment qu’il vient à peine de naître ».

Il décrit alors l’Homme comme un être inassouvi de la vie qu’il a mené, il pensera toujours qu’il n’a pas assez profité de cette dernière malgré avoir réalisé tout ses désirs.

L’idée de la mort lui sera alors insoutenable. Il est alors compréhensible pour l’Homme de penser que mourir heureux lui est inaccessible car il est hanté par la peur de la mort, sa thanatophobie, la pensée du deuil qui pourra affecter ses proches et que l’accomplissement de ses désirs occupe sa pensée, ne permettant ainsi pas à l’Homme de s’abandonner à son bonheur. Dans un deuxième temps, mourir heureux serait plausible aux yeux de l’Homme car la mort le laisse indifférent et lui permettrai alors de pouvoir le laisser vivre en harmonie avec lui-même, et il lui serait donc possible de mourir heureux. La mort semble de prime abord difficile à accepter puisque l’Homme l’associe comme un phénomène irrationnel, car il n’a pas connaissance de ce qui l’attend une fois mort, mais pas impossible.

Epicure, dans Lettre à Mécénée, écrit : « Maintenant habitue-toi à la pensée que la mort n'est rien pour nous, puisqu'il n'y a de bien et de mal que dans la sensation et la mort est absence de sensation.

Par conséquent, si l'on considère avec justesse que la mort n'est rien pour nous, l’on pourra jouir de sa vie mortelle.

».

Si l’Homme vit sans craindre sa mort et qu’il en vient à la considérer comme un « rien », il pourra alors réaliser qu’il n’y a pas de quoi se rendre malheureux pour elle.

De ce fait, ce « rien » ne peut ternir sa vie car la mort ne l’affectera plus.

L’Homme, en la considérant comme un « rien » incapable de changer le cours de sa vie, pourra alors se permettre de vivre heureux.

Epicure ajoute :« Quand nous existons la mort n’est pas là, et lorsque la mort est là, nous n’existons pas ».

La mort n’est d’abord rien pour l’Homme puisque la vie et la mort s’excluent réciproquement, mais aussi car la mort n’existe ni pour les morts, ni pour les vivants.

Elle ne devrait alors pas préoccuper l’Homme, ce qui lui permettrait ainsi de vivre pleinement son bonheur. Il ne s'agit pas uniquement pour l’Homme de mener une vie heureuse avant de mourir, mais plutôt d'être en paix avec l'idée de la mort, voire d’être heureux de mourir.

En effet, la mort peut en quelque sorte, être perçue comme la fin des souffrances et aux peines de la vie vécues par l’Homme, qui, afin d’y mettre fin, peut songer à la mort. L’Homme peut par exemple avoir recours au suicide, car le simple fait de savoir qu’il ne souffrira plus après le rendra heureux.

D’autre part, le mouvement existentialiste considère la mort comme inévitable, mais cette inévitabilité lui donne un sens.

La mort peut être vue par l’Homme comme la fin de son existence, ce qui lui permettra ainsi d’exercer sa liberté et de donner un sens à sa propre vie.

C'est donc la mort qui accomplit l'Homme en achevant son projet qu'est l'existence.

Comme mentionné précédemment, selon Epicure, « la mort n'est rien pour nous », l'idée de la mort ne doit alors pas faire renoncer à l’Homme sa quête du bonheur. Pour certaines personnes, être heureux à l'idée de mourir pourrait découler du sentiment d'avoir accompli ce qu'elles souhaitaient dans la vie.

Avoir atteint ses objectifs, établi des connexions significatives avec les autres et vécu en accord avec ses valeurs peut contribuer à une satisfaction à l'approche de la mort.

Ces perspectives peuvent néanmoins être influencées par des croyances, notamment religieuses. Globalement, la majorité des religions ont sur la mort un discours commun qui affirme que la mort, si elle constitue le terme de l’existence.... »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles