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Pouvons-nous vivre heureux tout en ayant conscience qu'on va mourir ?

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« QUELQUES DIRECTIONS DE RECHERCHE • Quelle appréhension de la mort (et éventuellement de ce qu'il y a « après ») doit-on avoir pour qu'il y ait antinomie entre la possibilité d'être heureux et la connaissance du fait que l'on doit mourir ? Noter par exemple qu'Epicure nie que la mort soit en soi une catégorie du vécu de la conscience (quand nous sentons, nous ne sommes pas morts, quand nous sommes morts, nous ne sentons plus).

Il ne s'agit pas pour Epicure de nier que la crainte de la mort puisse être une angoisse réelle mais d'affirmer que ce vécu de conscience provient d'une erreur.

Il s'agit pour lui de rendre à la mort sa facticité, sa pureté d'événement vide de sens et de faire de ce « vide » non un scandale pour la conscience mais l'absence de soucis. • S'interroger également sur les appréhensions possibles du bonheur : Toute conception du bonheur est-elle automatiquement liée à la quiétude, à l'absence d'angoisse ? (Cf.

le bonheur « dionysien » opposé au bonheur « appolinien »). INDICATIONS DE LECTURE • Bonheur et civilisation de Jean Cazeneuve (Idées N.R.F.), notamment le chapitre IX : Typologie du bonheur. • Lettre à Ménécée d'Epicure : « Familiarise-toi avec l'idée que la mort n'est rien relativement à nous, car tout bien et tout mal résident dans la sensation; or la mort est la privation complète de cette dernière.

Cette connaissance certaine que la mort n'est rien relativement à nous a pour conséquence que nous apprécions mieux les joies que nous offre la vie éphémère, parce qu'elle n'y ajoute pas une durée illimitée, mais nous ôte au contraire le désir d'immortalité.

En effet, il n'y a plus d'effroi dans la vie pour celui qui a réellement compris que la mort n'a rien d'effrayant.

» Discussion : « Ne sais-tu donc pas que la source de toutes les misères pour l'homme, la source de toutes ses faiblesses et de toutes ses lâchetés, ce n'est pas la mort, mais bien plutôt la crainte de la mort? Exerce-toi donc contre cette crainte ; crois-moi, que ce soit là que tendent tous tes raisonnements, tout ce que tu écoutes, tout ce que tu lis, et tu reconnaîtras que c'est par là seulement que les hommes s'affranchissent.

» Epictète, Entretiens livre 3. Première partie : philosopher c'est apprendre à mourir. Le langage courant associe à l'image de l'« épicurien » celle du bon vivant, sinon celle du viveur.

Il est vrai que le premier mot de la morale d'Épicure consiste à souligner la tendance congénitale qui porte tous les êtres vivants au plaisir (Lettre à Ménécée).

On peut d'ailleurs poser un trait d'égalité entre les expressions suivantes : souverain bien = bonheur = bien = but de la nature = absence de souffrances corporelles (« aponie ») et de troubles de l'âme (« ataraxie ») = plaisir.

Mais, loin de se régler sur le plaisir quelque peu haletant du moment qui passe, le sage épicurien poursuit un bonheur stable, caractérisé par la disparition de toute tension dans le désir, et notamment l'anxiété de la mort. Certes, Épicure nous conseille de nous hâter de jouir des quelques plaisirs naturels de la vie, mais le moyen qu'il propose à cette fin, c'est la philosophie ! Car « la philosophie est une activité qui, par des discours et des raisonnements, nous procure la vie heureuse » (ap.

Sextus Empiricus). La question n'est donc pas tant de cueillir « dès aujourd'hui les roses de la vie », mais bien plutôt de s'attacher à suspendre en quelque façon le vol du temps qui passe, en se tournant vers la philosophie.

Il va de soi cependant que l'hédonisme d'Épicure s'oppose aux doctrines de tous les contempteurs du corps (comme Platon) et, s'il est vrai que le « plaisir » prôné par Épicure est parfois bien austère, il n'en demeure pas moins que le bonheur n'est pas conçu par lui sans liaison avec la chair : « le principe et la racine de tout bien, c'est le plaisir du ventre ». Deuxième partie : « la mort n'est rien pour nous ».. »

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