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Peut-on juger une civilisation d'après le niveau de sa technique ?

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« VOCABULAIRE: CIVILISATION: Dérivé du latin civis, « citoyen ».

Par opposition à l'état sauvage ou à la barbarie, résultat des efforts de l'homme pour discipliner s e s pulsions et domestiquer son environnement.

En sociologie, e n s e m b l e d e s p h é n o m è n e s sociaux, religieux, intellectuels, artistiques, scientifiques et techniques propres à une société donnée. TECHNIQUE Tout ensemble de procédés pour produire un résultat utile.

La technique moderne s'appuie sur la science; mais elle s'en distingue puisque la science est un effort pour expliquer ce qui existe tandis que la technique cherche à produire ce qu'on souhaite qui soit — qui n'est pas. La technique peut se définir comme un vouloir, incarné en un pouvoir par l'intermédiaire d'un savoir. Comme adjectif: par opposition à esthétique, qui concerne des procédés susceptibles d'être développés et transmis, et non des dons ou capacités innées. Juger: Juger est l'acte par lequel on énonce des jugements.

Tout jugement est composé d'un sujet et d'un prédicat (ce qui est dit du sujet).

C'est un acte mental qui consiste à établir une relation déterminée entre plusieurs termes. • juger : porter un jugement, c'est dire ce qui est bien, bon, ce qui est mauvais ; c'est critiquer, au sens étymologique, c'est-à-dire « analyser ». • civilisation : société donnée. • niveau : degré d'élévation. Progrès Développement dans une certaine direction, qui peut être aussi bien négatif (les progrès d'une maladie) que positif. On a tendance aujourd'hui à assimiler le progrès technique à une amélioration de l'humanité, ce qui ne va pas sans poser problème. CIVILISATION La civilisation, c'est d'abord ce qui s'oppose à la barbarie ou à l'état sauvage, comme un progrès dans les moeurs et les connaissances. R o u s s e a u a contesté cette identification d e la civilisation, au s e n s d'éloignement d e l'état d e nature, avec le progrès, tant moral qu'intellectuel. On tend de plus en plus à parler de civilisations au pluriel, notamment sous l'influence de Lévi-Strauss, comme ensembles cohérents et durables de règles, de savoirs et de moeurs, sans hiérarchie. Les idées • Intéressez-vous à l'histoire de diverses civilisations.

Pourquoi les pyramides égyptiennes nous impressionnent-elles toujours ? • Juge-t-on l'humanité, ou du moins une civilisation, en analysant ses progrès techniques ? N'y a-t-il pas d'autres critères de jugement plus justifiés, plus appropriés ? La problématique La question est de savoir si la technique, entendue comme l'ensemble des procédés visant à améliorer la vie matérielle des hommes, est un critère satisfaisant pour juger une civilisation.

L'homme est-il meilleur parce qu'il possède un niveau technique élevé ? Bref, le progrès technique accompagne-t-il le progrès moral, ce qui signifierait que plus une civilisation est techniquement performante, meilleure elle est ? Proposition de plan I.

Haut niveau technique = grande civilisation ? a.

De grandes civilisations connaissaient peu de techniques Les civilisations égyptienne, sumérienne, grecque sont restées dans l'histoire de l'humanité comme de grandes civilisations ; pourtant leurs techniques étaient rudimentaires.

Un haut niveau technique n'est donc pas un critère suffisant pour juger de la valeur d'une civilisation. b.

L'ambivalence du niveau technique R o u s s e a u avait bien compris que la technique ne se contenterait pas de modifier notre environnement, mais qu'elle modifierait aussi essentiellement nos manières de penser et de sentir.

R o u s s e a u ne croit pas que le progrès technique engendre un progrès dans les relations humaines. c.

Le haut niveau technologique du monde occidental ne le rend pas moralement meilleur On ne peut pas juger de la grandeur ou non de notre civilisation sur le critère technologique.

Cette puissance technique indéniable, que le monde occidental a imposée presque partout, ne prouve pas que notre civilisation vaut plus que celle des Grecs.

Elle montre simplement qu'elle est adaptée aux choix qu'a faits notre société : u n m o n d e instrumentalisé et désenchanté (sans magie, sans irrationnel, sans divin).

C'est sur ce choix que l'on peut juger – et que l'on jugera plus tard – notre civilisation. II.

Le niveau technique ne détermine pas la valeur d'une civilisation a.

Faut-il vouloir le progrès ? La technique et la science ont indéniablement apporté des bienfaits à l'humanité, un mieux-être matériel et physique.

Mais ces progrès valent-ils d'être universellement désirés, sont-ils dignes d'estime ? L'intérêt, l'utilité, l'efficacité sont les signes représentatifs d e la technique et, en ce sens, n'obligent jamais légitimement le sujet qui se définit toujours comme sujet moral.

Le progrès technique n'a donc pas de valeur morale et une civilisation n'est pas meilleure, ni pire, parce qu'elle maîtrise de plus en plus rapidement son environnement. b.

L'humanité devient-elle meilleure ? «La vitesse, dit le cinéaste allemand Wim Wenders (Paris Texas, Les Ailes du désir), c'est l'arrêt de la pensée.

Plus tu vas vite, plus tu penses lentement ».

Si l'humanité progresse techniquement, progresse-t-elle en elle-même ? Seul l'épanouissement personnel de chaque être humain apporterait peut-être un progrès dans les échanges avec autrui : la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 va dans ce sens. c.

Quel(s) critère(s) permet(tent) de juger du niveau d'une civilisation ? • Certains philosophes com me Nietzsche, Freud, George Steiner, ne voient la fin de la barbarie que dans l'art, certainement pas dans la technique.

Mais l'art, tout comme Dieu, s'est absenté de notre monde, pense Steiner. On ne peut donc pas juger une civilisation d'après le niveau de sa technique.

Une tribu indienne de l'Amazonie n'est pas mauvaise parce qu'elle ne possède aucune de nos techniques, ni meilleure non plus.

Cette civilisation, tout comme la nôtre, possède des techniques qui lui permettent de vivre adaptée à son milieu et à sa conception du monde.

• Le respect de l'autre, la tolérance, l'art, la philosophie, sont des critères bien plus appropriés que le niveau technique pour juger une civilisation.

Nous resterons dans l'histoire comme une grande civilisation technicienne, mais probablement aussi comme une civilisation destructrice, déshumanisée, « faustienne ».. »

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