Peut-on juger une action sur sa seule efficacité ?
Extrait du document
«
INTRODUCTION
Le jugement est une faculté de l'esprit qui, d'une manière générale, attribue la vérité ou la fausseté à une
proposition.
Toutefois dans le domaine de l'action, le jugement concerne plutôt la valeur de ce qui est jugé ; il s'agit
donc d'apprécier ce qui est bien mal dans une conduite.
L'action, c'est ce que fait quelqu'un, c'est ce par quoi il réalise une intention ou une impulsion.
Cependant, si une
intention précède une action, il y a aussi des conséquences en suivent.
Comment alors juger d'une action ? Faut-il
interroger l'intention qui a précédé, ou faut-il se focaliser sur les conséquences de l'action ? La gravité d'une action,
par exemple, ne se situe-telle pas dans les conséquences ? Ainsi, alors que l'on peut penser à première vue que la
valeur d'une action se situe dans l'intention qui l'a motivée, on en vient à se demander si la valorisation de l'action
ne s'appuie pas en fait d'une manière générale sur ses conséquences.
Par ailleurs, l'action ne se réduit pas à l'action morale.
Il y a des actions amorales, c'est-à-dire situées hors de la
sphère de la morale.
Prenons l'exemple du réflexe : il n'y a pas d'intention qui le précède.
Cela signifie-t-il qu'il faut
effectivement trouver un autre critère que celui de la valeur d'une intention pour juger une action ? Ou alors, cela
signifie-t-il que le réflexe n'est pas à proprement parler une « action » ? Prenons encore l'exemple d'un marchand qui
baisse ses prix : il parvient grâce à cela à vendre plus de produit.
N'est-ce pas encore la seule conséquence, cette
seule efficacité qui mérite d'être le critère du jugement de l'action ?
L' « efficacité » est une capacité à produire le maximum de résultats avec le minimum d'effort, de dépense.
Reconnaître « l'efficacité » de quelque chose, c'est faire une valorisation, mais sur un plan distinct de la moralité.
L'efficacité est un critère technique, objectif.
L'efficacité n'est-elle pas le critère non seulement approprié, mais
également suffisant pour juger une action ? Cela semble en effet le cas pour les exemples d'action amorale
présentés.
Il faut toutefois noter pour être précis que l'efficacité est une notion qui se réfère à la finalité d'une action.
Les
résultats produits sont efficaces si, et seulement si, ils vont dans le sens de l'intention qui a précédé l'action.
La
baisse des prix est efficace parce que cela permet d'augmenter les ventes ; mais on ne parle en fait d'efficacité que
si l'intention était effectivement de baisser les ventes.
Ainsi, l'efficacité n'est pas absolument distinguée de
l'intention.
Au final, la possibilité de juger une action uniquement sur sa seule efficacité pose deux genres de problèmes
principaux.
Afin de les énoncer, il faut distinguer la possibilité technique et la possibilité morale.
Techniquement, est-il effectivement de juger l'efficacité d'une action ? Ne faut-il pas toujours pouvoir s'appuyer sur
une intention pour mesurer l'efficacité ? Et quand bien même on connaîtrait l'intention, l'efficacité est-elle toujours
mesurable ?
Ensuite, sur le plan moral, peut-on ne pas tenir compte de l'intention ? Par exemple, comment faudra-t-il juger une
action criminelle qui a sollicité la mise en oeuvre de moyens redoutablement efficaces ?
PREMIERE PARTIE : Le jugement moral.
En première partie, on peut développer l'idée selon laquelle un jugement moral se fonde en dernier ressort sur
l'intention qui a précédé l'action.
Si on veut juger moralement une action, il semble qu'il faille le faire ne toute
indifférence vis-à-vis de l'efficacité de l'action.
KANT, Fondements de la métaphysique des moeurs, première section.
« Une action accomplie par devoir tient sa valeur morale, non pas du
but qui doit être atteint par elle, mais de la maxime d'après laquelle elle est
décidée ; cette valeur ne dépend donc pas de la réalité de l'objet de l'action,
mais uniquement du principe du vouloir d'après lequel l'action est accomplie
sans qu'aucune attention soit portée aux objets de la faculté de désirer.
[...]
Où peut donc être située la valeur de l'action morale, si elle ne doit pas
résider dans la volonté envisager selon le rapport qu'elle entretient avec les
effets qu'elle est à même d'espérer de ces actions ? Elle ne peut être nulle
part ailleurs que dans le principe de la volonté.
»
Ce « principe de la volonté » est celui-ci : « Agis comme si la maxime de ton
action pouvait être érigée par ta volonté en loi universelle de la nature.
»
Si on suit Kant, c'est donc le principe de l'action qu'il faut juger pour évaluer
une action.
L'efficacité d'une action n'est pas décisive concernant la valeur
de l'action.
Si on veut juger moralement une action, il faudra juger les motifs
de l'action.
C'est ce qui cause l'action qui est décisif pour l'action morale, non
pas ses conséquences..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- l'action ne vise-t-elle que l'efficacité ?
- « On peut juger de la grandeur d'une nation par la façon dont les animaux y sont traités» Gandhi
- grand oral: Sujet : Comment fonctionne l’autotest du VIH et comment évaluer son efficacité ?
- peut on juger une culture ?
- Quelle est l'efficacité des politiques économiques mises en place par l’Union européenne ?