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l'action ne vise-t-elle que l'efficacité ?

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« Dans un monde où nous sommes jugés sur nos actes, sur ce qu'ils manifestent de ce que nous sommes dans le monde, il parait normal d'attribuer pour unique visée de ceux-ci et de l'action en général, l'efficacité.

C'est ainsi que l'homme politique par exemple, est écarté du pouvoir si ces actions sont jugées inefficaces.

Pourtant, pour naturel que cela paraisse, on peut toutefois se demander si l'action ne vise que l'efficacité.

En effet, viennent aussi à l'esprit des actions qui semblent sortir de ce cadre : d'un strict point de vue économique, mettre en place un système de sécurité sociale par exemple est particulièrement inefficace (cela coûte cher et ne produit pas de richesses), dès lors on peut se demander ce qui motive cette action, d'où une double interrogation : d'une part, l'action peut-elle avoir d'autre finalité que l'efficacité (c'est-à-dire viser d'autres valeurs, dans le cas de la sécurité social ici, une certaine solidarité, un bien commun) ? Et d'autre part, on peut se demander si en abordant la question de l'action à travers la perspective de l'efficacité c'est-à-dire des effets, on ne risque pas de laisser de côté l'autre pôle de l'action, l'intention ? Il s'agit de se demander en somme si l'action ne vaut que par son efficacité.

On montrera d'abord que si l'action peut en effet sembler viser seulement l'efficacité, on verra néanmoins ensuite que cela n'est vrai que d'un certain type d'action que l'agir humain excède.

Enfin, il restera à examiner les conséquences morales et politiques qu'entraînent une conception de la finalité de l'action comme efficacité. I- L'efficacité comme finalité de l'action. Dans notre société à l'esprit technicien, il semble évident que la seule finalité de l'action doit être l'efficacité.

C'est d'ailleurs à l'aune de ce critère qu'est jugée l'action, une action qui ne produirait pas les effets escomptés, qui serait inefficace en somme, serait jugée mauvaise : il y a équivalence entre bon et efficace, ce qui va de pair avec une moindre valeur accordée à l'intention. A) L'action et le possible. Nos actions prennent place dans le monde et doivent à ce titre satisfaire à un certain nombre de critères qui sont en propre les exigences de la pratique.

Ainsi même si nous sommes confrontés à la question de l'échec et de la faillite il faut bien néanmoins, pour qu'une action prenne sens, qu'elle soit menée à son terme : comme le remarque Aristote dans sa Politique, celui qui reçoit la couronne du vainqueur ce n'est pas celui qui aurait dû vaincre mais celui qui a effectivement vaincu.

Il en va de même de toutes actions : pour qu'elles aient un sens, il leurs faut une certaine efficience.

On ne sera jamais un grand politicien, si on ne remporte pas d'élection, ni un bon joueur d'échecs si on perd tout le temps.

Il faut qu'il y ait une réalisation effective sans quoi l'on reste à jamais de simples possibles, des potentialités sans suite.

En ce sens l'action vise bien une certaine efficacité, une efficience : l'action étant justement la matérialisation, l'actualisation de ce qui est en puissance. B) Action et intention. D'autre part, plus encore que l'efficience, il y a valorisation de l'efficacité dans l'action car cela semble être le critère le plus adéquat pour juger d'une action.

En effet, s'il est difficile de juger un acte sur les simples intentions, celles-ci restant à jamais en partie obscures, il est en revanche plus aisé de juger son efficacité.

Comme le montre Aristote, qui par ailleurs développe pourtant une réflexion sur l'intention, on ne peut être un homme de bien que si, de fait, on agit bien.

Non pas que seuls les résultats comptent, mais seuls ceux-ci semblent évaluables. TRANSITION: Toutefois, si ce modèle semble pertinent pour un certain type d'action, l'est-il pour tous, et en particulier, l'est-il pour l'action humaine ? L'agir humain n'excède-t-il pas dans sa finalité la simple visée de l'efficacité ? II- L'action humaine : intention et choix de valeurs. A-Un modèle calqué sur celui de la production. Penser l'action sous les modalités de l'efficacité revient en fait à penser l'action sous le modèle de la production : l'homme agirait comme une machine.

Si pour la machine, la visée de l'efficacité est la seule permise, (car en effet une machine inefficace est mise au rebut), cela est en revanche moins évident pour l'homme.

En effet, une action ratée, peut-être tout aussi profitable qu'une réussie : si cela est impensable dans le cadre du modèle productiviste, en revanche dans le cadre de l'agir humain, l'importance constitutive de l'échec est évidente. B- Plus généralement, faire de l'efficacité la seule valeur visée dans l'action réduit considérablement le champ de l'action humaine et amène à méconnaître la dimension intentionnelle de celle-ci.

En effet, l'action humaine, contrairement aux actions de la chaîne de production est libre dans le sens où elle peut se choisir des valeurs à atteindre.

Parmi elles, il y a certes l'efficacité, mais cela peut tout aussi bien être : le Bien : mettre en place un système de retraite ou une sécurité sociale n'est pas « efficace », il y a d'autre valeurs recherchées derrière cette acte ( et heureusement serait-on tenté de dire.

Il faut refuser le cynisme et admettre que l'homme peut ne pas agir seulement par intérêt et se donner des idéaux nobles…) le Beau : tous les artistes ne sont pas « engagés », et partant ne recherchent pas l'efficacité quand il se consacre à leur œuvre ( peut-être est-ce même le domaine par excellence où la pensée de l'efficacité est la moins à sa place, la création artistique étant typiquement ce qui tend à une certaine inefficacité, qui ne trouve sa fin qu'en elle-même). C- L'action exemplaire.. »

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