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Peut on fuir le monde ?

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« Introduction Beaucoup d'oeuvres artistiques et littéraires témoignent de la volonté de se retirer du monde.

Se retirer du monde, c'est d'abord vouloir fuir l'humanité et la fréquentation du monde.

Mais, si certain se font ermite ou se retire du siècle dans des monastères ils sont toujours physiquement dans le monde, dans une partie du monde Peut-on fuir le monde ? Cela parait physiquement impossible puisque cela suppose une fin du monde.

Il faut donc interroger les motifs d'une telle aspiration, mais également les procédures qui le permettent. Peut-on se retirer du monde extérieur pour habiter son monde intérieur ? C'est-à-dire fuir le monde dans le monde. Ou bien au contraire doit-on pour donner sens au monde croire en un autre monde sans lequel celui-ci n'a aucun sens ? Mais fuir le monde est-ce souhaitable ? Peut- on vouloir fuir le monde ? I- Du monde extérieur au monde intérieur, la sagesse stoïcienne Pour Marc-Aurèle, « le sage doit s'en tenir à ce qui se passe dans son âme ».

Il faut se résigner face à l'ordre du monde, car nous n'avons aucune prise sur lui.

Les stoïciens ont le sentiment d'une indéfectible appartenance de toutes choses au cours du monde.

Rien ne sort du monde tout se transforme.

Celui qui s'irrite d'un évènement dans le monde ne peut s'échapper du monde.

Il faut se résigner à l'ordre du monde.

Dès lors le sage doit s'en tenir à ce qui se passe dans son âme, il doit conquérir son intériorité. Il y a donc un déplacement du regard : d'abord un décentrement de soi au point de se compter pour rien dans l'univers ; puis exerçant en souverain la maîtrise des représentations et des jugements.

« Si un objet extérieur te chagrine, ce n'est pas lui c'est le jugement que tu portes sur lui qui te trouble ». C'est dans la mesure où il ne se retranche pas du grand tout que le sage conquiert son indépendance. II- La révélation comme seule signification possible du monde Pascal avec la pensée 201 (206), « le silence éternel de ces espaces infinis m'effraie » entend convaincre le libertin de la nécessité de fuir de monde pour le monde divin.

Avec la découverte de la cosmologie copernicienne qui explique désormais l'univers comme un espace infini, l'homme à la recherche du sens ne peut que ressentir l'angoisse.

En effet, l'homme dans l'infini n'est rien. Dans l'infiniment petit il y a une grande quantité de vivants mais pas de place pour l'homme.

Dans l'infiniment grand au contraire, nous y sommes.

Nous sommes donc un infime et un énorme dont la position est flottante. Dans ce monde marqué par le pêché originel je dois par la pensée et la prière accéder au monde de l'au-delà.

Le salut ne peut passer que par la croyance au monde céleste. Le silence éternel de ces espaces infinis m'effraie (Pascal). C'est un Pascal janséniste, et non plus savant, qui écrit cette phrase. Génie scientifique d'une précocité surprenante et grand représentant de l'essor extraordinaire des sciences, Pascal se détourne de ses recherches mathématiques et physiques pour se consacrer à un christianisme intransigeant et austère, qui refuse tout compromis avec le monde : il devient janséniste.

Cette phrase se situe dans la partie consacrée à « La misère de l'homme sans Dieu » (206). « Le silence éternel de ces espaces infinis m'effraie » sonne comme un cri de détresse et d'angoisse.

Ce qui cause ce frisson n'est d'autre que la disproportion entre le sujet et l'éternité, l'infinité du monde.

Devant un silence éternel, devant des espaces infinis, comment ne pas sentir sa vanité ? Non seulement l'univers n'a rien à m dire, mais il me terrasse et il me plonge dans la désolation.

Il se dégage de cette phrase un sentiment d'abandon, de déréliction.

L'homme y est seul ; c'est toujours un moi singulier qui est effrayé : seul mais confronté à la richesse de l'infini et de l'éternel.

La frayeur ici résulte de ce que ce monde glacé ne parle plus à l'individu qui s'y trouve englouti. Cette angoisse, cet abandon définit la condition de l'homme sans Dieu.

Pascal veut montrer que le monde, la nature, ne sont plus pour nous un refuge, ne nous entretiennent plus de Dieu ni de la communauté humaine, mais nous renvoient à une solitude accablante, à une perte d'orientation et de sens : « Car enfin qu'est-ce que l'homme dans la nature ? Un néant à l'égard de l'infini, un tout à l'égard du néant, un milieu entre rien et tout […] Que fera-t-il sinon d'apercevoir quelque apparence au milieu des choses, dans un désespoir éternel de connaître ni leur principe ni leur fin ? » Ce qu'entreprend Pascal dans les « Pensées », c'est de montrer la gloire du christianisme et les insuffisances de la raison à comprendre l'homme et le monde.

Pascal est l'homme qui désespère de la raison, et qui, comprenant au mieux les découvertes et les méthodes scientifiques de son temps, s'en détourne en pensant qu'elles nous sont inutiles pour comprendre ce qui nous concerne au plus près : ce que nous sommes et quelle est notre place dans le monde.. »

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