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Peut-on faire le bonheur des autres malgré eux ?

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« VOCABULAIRE: AUTRE / AUTRUI : 1) Comme Adjectif, différent, dissemblable.

2) comme Nom, toute conscience qui n'est pas moi.

3) Autrui: Tout homme par rapport à moi, alter ego: "Autrui, c'est l'autre, c'est-à-dire ce moi (ego) qui n'est pas moi (alter)." (Sartre).

Les autres hommes, mon prochain.

C'est à la fois l'autre et le même (mon semblable, un moi autre, une personne). Définition des termes du sujet: BONHEUR: De bon et heur (terme dérivé du latin augurium, présage, chance).

État de complète satisfaction de tous les penchants humains. • Le bonheur se distingue du plaisir et de la joie, qui sont des émotions éphémères et toujours liées à un objet particulier.

• Dans les morales eudémonistes, le bonheur est la fin de l'action humaine.

Pour Kant, en revanche, c'est le respect de la loi morale qui doit orienter la volonté, et non la recherche du bonheur.

Car cette recherche est toujours déjà intéressée, égoïste donc contraire à la morale. Introduction. Est-il possible et légitime, du domaine du réalisable et de celui du droit, de faire parvenir à un état de satisfaction durable - où les tendances humaines s'actualisent pleinement - les autres, à savoir ces « moi qui ne sont pas moi », ces consciences qui sont étrangères à la mienne et, en même temps, si proches de moi, et ce en faisant appel à un processus s'effectuant malgré eux, c'est-à-dire à l'intérieur d'une certaine violence ? On notera, dès l'abord, le sens profondément engagé de la question, grosse de perspectives et thématiques contemporaines, au sein des réalités opaques du XX° siècle, l'histoire étant « un cauchemar dont j'essaie de me réveiller » (James Joyce). Le bonheur, affaire privée ou publique ? Phénomène relevant d'une stratégie politique ou d'une rationalité individuelle ? Le bonheur est-il affaire de politique ? La violence est-elle le moyen nécessaire d'une politique rationnelle ? Tel est, en définitive, le problème. L' enjeu, ce que l'intitulé nous fait gagner ou perdre, est manifeste : ce sont nos conduites politiques et sociales qui doivent se trouver ici éclairées.

Le gain spéculatif et pratique est lié à l'intérêt philosophique de la question.

Agir par contrainte et violence, ou bien par rationalité transparente ? A.

Il est possible et légitime de faire le bonheur des autres malgré eux (thèse). L'idée qu'il serait à la fois possible et légitime de faire le bonheur des autres malgré eux, contre eux et en violant leur liberté s'enracine dans une thématique si ancienne qu'il semble difficile de ne pas commencer par répondre affirmativement à la question posée.

Oui, faisons le bonheur des autres malgré eux.

Pourquoi ce projet est-il légitime ? Après tout, les hommes sont aveuglés généralement par leurs passions ou leurs désirs sensibles.

Ils sont, bien souvent, en proie à des désirs déréglés : l'âme n'est-elle pas dominée par des désirs violents ? Une partie de notre âme n'est-elle pas aveugle, sauvage et irréfléchie ? Dès lors, comment le bonheur serait-il accessible à l'âme humaine ? Bonheur signifie réconciliation, unité, satisfaction de toutes nos tendances et, dès lors, notre fond terrible est en contradiction avec le bonheur (calme et serein).

« C e que nous voulons noter, c'est qu'il y a dans chacun d e nous une espèce de désirs terribles, sauvages, sans frein qu'on trouve même dans le petit nombre de gens qui paraissent être tout à fait réglés.

» (Platon, La République, livre IX) Si la sagesse, la maîtrise de soi et la connaissance permettent aux âmes d'élite de parvenir au bonheur, si les désirs déréglés peuvent être réprimés par certains, toutefois, dans un grand nombre de cas, le dérèglement spirituel conduit aux conflits violents de la cité, à toute une pathologie politique, aux vices de la tyrannie et aux excès de l'âme démocratique, sombrant dans tous les vices, comme le montre Platon, dans La République.

Aucune juste mesure, aucune réunification de l'âme, satisfaisant ses voeux de clarté et d'unité : l'homme est alors voué au malheur de la conscience déchirée.

Bonheur est synonyme d'harmonie de la cité et de l'individu, calme par extinction des passions, tranquillité de l'âme, que rien ne vient troubler.

Or, dans la cité, la bride n'est-elle pas lâchée pour les passions les plus sauvages ? Donc pas de bonheur, pas de jouissance calme de l'âme. Alors, faisons le bonheur des autres malgré eux ! Puisque les hommes sont aveuglés par leurs passions et leurs désirs, il convient de les mettre par contrainte dans le droit fil de la vérité.

Il faut les sauver malgré eux et contre leur gré.

D'où une politique ou une éducation autoritaires.

Dans La République, Platon peint un modèle de cité, où la contrainte veut engendrer le bonheur. Transition Ne s'agit-il pas d'un faux bonheur, mortifère et destructeur ? Y a-t-il bien accord et harmonie entre l'homme et l'ordre du monde (bonheur) si violence il y a ? Le bonheur, contre le gré des hommes, est-ce une idée valable ? Est-ce légitime ? B.

Il n'est ni possible ni légitime de faire le bonheur des hommes malgré eux (antithèse) Faire le bonheur de nos semblables malgré eux ? Est-ce bien possible, tout d'abord ? Sur le plan de la possibilité, qu'en est-il exactement ? Est dit physiquement possible ce qui satisfait aux conditions générales de l'expérience, mais aussi ce qui n'est en contradiction avec aucun fait empiriquement établi, et, enfin, ce qui est plus ou moins possible. Or, faire le bonheur de mes semblables malgré eux semble plutôt en contradiction avec ce qui est empiriquement établi et ne paraît pas davantage de l'ordre du possible.

Les conditions générales de l'expérience nous signalent l'échec de ce type de tentatives.

Est possible ce qui n'est pas condamné d'avance.

Or, les essais multiples de rendre nos semblables heureux malgré eux ont tous abouti, dans le champ politique, à des échecs.

Dans le champ éducatif, il semble aussi que l'expérience conduise au rejet d e l'idée.

De plus en plus, la spontanéité de l'enfant est prise en compte, sinon totalement privilégiée. Qu'en est-il, maintenant, de la légitimité? Ici, l'idée apparaît si mortifère en ses applications que toute légitimité est exclue.

Si l'on prend l'exemple des Khmers rouges, il s'agit bel et bien de rendre les autres heureux malgré eux et de repartir pour cela à zéro.

Donc de faire participer l'autre à l'harmonie, à l'unité perdue constitutive du « bonheur ».

Le bonheur ? C'est la nature, c'est la ruralité, car la ville incarne le mal.

Donc on supprime la ville pour créer l'« homme nouveau ».

Le bonheur, c'est la création d e l'homme nouveau, sur fond de campagne.

Mais comment y parvenir ? En anéantissant villes (par exemple, Phnom Pen) et hommes (2 millions). Est-il légitime de faire le bonheur des autres malgré eux ? Certes non.

Car ici (cas limite) le bonheur signifie la mort et l'hécatombe.

Mais les exemples de l'URSS et des pays de l'Est iraient dans le même sens.

Malgré eux : c'est le concept de violence qui ici va s'insinuer. Dans tous les cas, mort et extermination massives nous signalent que le bonheur n'est pas une affaire de politique (violente). Transition Peut-on toutefois mettre entre parenthèses les conditions pratiques et concrètes du bonheur ? N'y a-t-il pas une ambiguïté de la violence politique ? Le « malgré eux » ne peut-il parfois entrer en compte ?. »

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