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Peut-on éviter les inégalités sociales ?

Extrait du document

« [Il appartient à l'homme de construire et de réformer la société dans laquelle il vit.

Les lois sont l'expression de sa volonté.

Les hommes, concevant que les inégalités sociales ne profitent guère à l'ensemble de la communauté, ont les moyens de les éviter.] Les premiers philosophes grecs ont refusé l'idée selon laquelle les lois seraient naturelles, ou d'origine divine. Ils ont montré qu'elles n'avaient rien d'absolu et d'éternel.

Issues d'accords passés entre les hommes, elles peuvent être abolies, modifiées, selon l'idée que l'on se fait de la société, des buts qu'elle doit viser. L'origine de la justice est une convention. Dans ce passage de La République, Glaucon, ami de Socrate prend la parole pour tenter de définir la justice.

Contre Thrasymaque qui vient de soutenir que la justice est naturelle et se confond avec la loi du plus fort, Glaucon pense, au contraire, que la justice résulte d'une convention. « Glaucon : - Ecoute ce que je me suis chargé d'exposer d'abord, c'est-à-dire quelle est la nature et l'origine de la justice. On dit que, suivant la nature, commettre l'injustice est un bien, la subir un mal, mais qu'il y a plus de mal à la subir que de bien à la commettre.

Aussi quand les hommes se font et subissent mutuellement des injustices et qu'ils en ressentent le plaisir ou le dommage, ceux qui ne peuvent éviter l'un et obtenir l'autre, jugent qu'il est utile de s'entendre les uns les autres pour ne plus commettre ni subir l'injustice.

De là prirent naissance les lois et les conventions des hommes entre eux, et les prescriptions de la loi furent appelées légalité et justice.

Telle est l'origine et l'essence de la justice.

Elle tient le milieu entre le plus grand bien, c'est-à-dire l'impunité dans l'injustice, et le plus grand mal, c'est-à-dire l'impuissance à se venger de l'injustice.

Placée entre ces deux extrêmes, la justice n'est pas aimée comme un bien, mais honorée à cause de l'impuissance où l'on est de commettre l'injustice.

Car celui qui peut la commettre et qui est véritablement homme se garderait bien de faire une convention aux fins de supprimer l'injustice ou commise ou subie : ce serait folie de sa part.

Voilà donc, Socrate, quelle est la nature de la justice, et l'origine qu'on lui donne.

» Platon, La République, livre 2, 358d/359b.

Traduction Chambry. Vaut-il mieux subir l'injustice que la commettre ? Pour Socrate, la justice est une valeur absolue.

Elle est pour lui le bien et la vertu par excellence.

Glaucon propose ici de définir la justice non comme une fin, mais comme un moyen.

Elle n'a donc qu'une valeur relative.

Il oppose la nature et la loi.

Par nature, l'injustice est préférable.

Par la loi, la justice est préférable.

Ce changement s'explique par le fait que les hommes ont fait un calcul.

Avant l'établissement de toute loi, le risque de subir l'injustice étant supérieur à l'occasion de pouvoir la commettre dans la majorité des cas, les hommes s'entendent entre eux et établissent une convention par laquelle ils se protègent de l'injustice subie et renoncent à l'injustice commise. La justice n'est donc pas naturelle.

Elle résulte d'une institution, d'un contrat.

C'est sur la loi qu'il faut s'appuyer pour la faire exister, et non sur la nature. Derrière toute loi, il y a l'État.

L'État est cette institution qui, en premier lieu, possède le monopole de la force.

Cette force, qui n'est pas à confondre avec la violence, est au-dessus des intérêts privés. L'État moderne est le garant de la vie politique.

Il se reconnaît comme le seul détenteur légitime de la force et à ce titre préserve la défense de l'intégrité du territoire où son autorité s'exerce.

En outre, aucune société n'est à l'abri de désordres qui pourraient entraver son bon fonctionnement.

Il revient donc à l'État d'organiser sur un plan juridique les rapports humains afin d'assurer l'exercice du droit.

Sans cela, le risque que chacun puisse à sa guise user de la violence ne pourrait être sérieusement écarté. La force étatique peut contraindre quiconque à agir selon la loi.

Tout dépend donc de ce qu'elle dit.

Si la loi dit que les hommes sont tous égaux devant l'éducation, le travail, les richesses, alors ils le seront. Cette idée, on la retrouve chez des philosophes tels que Hume, Rousseau, Voltaire.

Elle prendra un tour radical avec les penseurs socialistes français du XIXe siècle, puis avec le communisme tel qu'il fut conçu par Marx.

Plus une nation est divisée, rongée par les injustices, les inégalités, plus elle tend à s'affaiblir.

Gommer ces inégalités, c'est construire une communauté dont la force provient de l'entente et de la fraternité entre les hommes.. »

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