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Peut-on douter de tout ?

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« L'homme soucieux de rigueur et assoiffé d'absolu se demande s'il peut exister une vérité qui soit une et universelle. Cette question ne cesse de le préoccuper : il a besoin d'un monde qui repose sur des certitudes, d'un monde sécurisant, et s'affole à la pensée que tout pourrait être remis en question.

Mais ce besoin de certitude n'est pas le seul responsable de sa quête.

Certains hommes cherchent cette vérité pour la simple joie de connaître, joie qui leur rend un instant le monde moins étranger, moins hostile, moins incompréhensible. Mais cette vérité unique, les philosophes ne l'ont pas rencontrée, ils n'ont trouvé que des vérités.

A force de douter, certains d'entre eux ' en ont fini par conclure que l'homme ne pouvait avoir la moindre certitude de la vérité.

Ces philosophes sont les sceptiques dont le précurseur est le grec Pyrrhon. C'est donc à travers une analyse de la pensée sceptique qu'il convient de se demander si cette attitude philosophique, à savoir « douter de tout », attitude qui était devenue pour Montaigne vieillissant un véritable art de vivre, est recevable. [Les instruments de la connaissance - sens et raison - sont trompeurs, il faut donc douter de tout.

Nous ne pouvons pas tenir compte de nos sens, qui sont trompeurs, et de la raison, qui n'est pas fiable.

Il faut commencer par douter de tout.

Le premier pas vers la vérité est le scepticisme, qui nous détourne de l'erreur.] Les sens ne sont pas infaillibles Si les sens étaient infaillibles, des objets identiques donneraient des impressions identiques.

Nos visions du monde ne seraient pas multiples et contradictoires.

Or, tel n'est pas le cas.

La sensation du miel est agréable aux uns, désagréable aux autres.

Tout discours sur le miel, à partir de nos sensations, fait seulement apparaître des affirmations contradictoires.

Les informations des sensations ne font pas apparaître la vérité. Du miel en soi nous ne pouvons donc rien dire.

La vérité n'est pas accessible par la sensation, et nous pouvons affirmer que douter des sens est nécessaire. La raison n'est pas fiable Si le vrai est l'affaire de la raison, les hommes raisonnables s'accorderaient sur certaines affirmations. Pourtant, dans les conceptions intellectuelles, on ne voit que des contradictions.

Quand Héraclite réfléchit sur le réel, il dit que tout est changement.

A partir de la même réflexion, Parménide arrive à la conclusion que rien ne change.

L'activité de la raison ne parvient qu'à mettre en évidence de nouvelles contradictions.

Le sceptique affirme qu'il est impossible à la raison d'affirmer ou de nier quoi que ce soit, elle ne peut parvenir à la connaissance vraie des réalités.

Il doutera donc des affirmations de la raison.

«Tout échappe à la compréhension», dit Sextus Empiricus. Les arguments des sceptiques grecs. Tout au contraire, le scepticisme absolu des pyrrhoniens et de leurs disciples n'est pas un point de départ mais une conclusion –la conclusion d'échec- au terme de l'aventure du savoir. Enésidème avait groupé les arguments sous dix titres ou « tropes que Sexus Empiricus réduisit à cinq.

Il faut connaître ces arguments qu'on retrouve chez Montaigne, chez Pascal et chez Anatole France. (a) La contradiction des opinions. Les sophistes grecs frappés par la contradiction des opinions des philosophes (par exemple : Héraclite disait que le réel n'est que changement, alors que Parménide niait le changement) aboutissent à la conclusion pessimiste que la vérité (qui devrait être universelle) est inaccessible.

Les sceptiques ont été parfois de grands voyageurs qui, à force d'avoir vu les gens les plus divers professer des opinions contradictoires, adopter des valeurs différentes, ne croient plus à rien.

Pyrrhon avait par exemple accompagné le conquérant. »

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