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Peut-on donner un sens a tout ?

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« Problématisation : Il peut apparaître à première vue plutôt naïf de donner un sens à tout, tant on entend d'absurdités sur nombre de sujets.

On a alors le sentiment que « ces gens feraient mieux de se taire.

» Pour autant, considérer qu'il faille se taire aussitôt qu'on doute de ce qu'on a à dire, c'est courir le risque de ne plus jamais rien dire du tout.

Alors finalement, c'est comme si on avait le choix entre « donner un sens à tout » ou « ne donner de sens à rien.

» L'usage de la raison permet-il que le sens que l'on donne aux choses et aux événements soit toujours un sens en adéquation avec le réel ? Proposition de plan : 1.

L'amour de la connaissance chez Platon suggère que la quête infinie de sens est essentielle à l'homme. a) Si nous sommes tous sensibles au beau, c'est d'après Platon parce que cela est un effet de notre amour naturel pour la connaissance.

En effet, il écrit dans le Banquet que « l'Amour est amant de la sagesse, c'est-à-dire philosophe » (le Banquet, 204b).

La beauté sensible est un reflet sensible du beau intelligible, qui apparaît ainsi sous une forme que tout le monde reconnaît.

L'Amour permet ainsi à ceux qui savent s'en saisir de s'élever à la contemplation des beautés plus élevées que sont celles du monde intelligible.

L'Amour, qui est une passion que tout le monde connaît, témoigne donc du fait que tout le monde est porté à être séduit par le pouvoir de la raison.

L'élan rationnel est donc naturel à l'homme. b) Dans le livre X de la République, Platon raconte un mythe qui explique qu'au moment de se réincarner, l'âme est censée choisir une vie qui lui est présentée : une totalité d'événements liée à des biens.

Chaque vie incarne un type d'ordre des biens et des raisons.

Les expériences de ces vies ont donc toutes un sens, chacune présente un principe formel de bien, un ordre incorporel.

Que l'âme choisisse telle ou telle autre vie, il s'agira toujours d'une vie dans laquelle règne un certain ordre rationnel.

Il y a donc déjà un sens préexistant à toute vie, et il appartient à l'âme de se l'approprier et de se le rendre intelligible à soi-même. c) Des deux arguments précédents, il découle qu'il semble raisonnable de donner un sens à tout, puisque les choses sont ordonnées et que notre désir s'élance vers cet ordre.

Toutefois, il faut nuancer cette conception, car on pourrait tomber dans une sorte d'absurde si on croyait que cela était toujours possible, une absurdité qui viderait l'élan rationnel de son sens.

Car il faut préserver l'enseignement de Socrate qui avait pour adage « Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien ».

Il est naïf ou captieux de donner un sens à tout comme le font les sophistes, c'està-dire donner un sens quoi qu'il en coûte, même si ce sens est faux et se moque de la vérité.

Ce qui importe, c'est plutôt d'essayer de le faire en passant par le cheminement de la vérité, car donner un sens faux, ce n'est pas donner un sens, c'est le cacher. Transition : Mais l'intention platonicienne se fonde sur une conception d'un monde coupé en deux, avec d'un côté le monde des apparences sensibles, et de l'autre le monde des vérités intelligibles.

Chercher toujours à s'élever au monde intelligible, n'est-ce pas courir le risque de sauter dans un autre monde dont l'existence n'est pas prouvée ? 2.

La quête de sens doit éviter la défaite du sens qu'est la métaphysique. a) Malheureusement pour Platon, il semble que son enseignement n'ait fait que continuer le problème qu'il combattait lui-même.

En s'en remettant à un monde intelligible garant de l'unité de la raison, il a invité tous les esprits spéculatifs à s'extraire du monde sensible et à verser dans un monde détaché de toute réalité.

Libérés de toutes entraves, leurs raisonnements aboutirent à des résultats contraires, si bien qu'au lieu de se rapprocher de la vérité, ils s'en écartèrent. b) D'où la nécessité d'une critique de la raison.

C'est ce à quoi s'est attaché Kant dans la Critique de la raison pure. Dans cet ouvrage, Kant entend définir les limites de la raison pour que celle-ci avance vers la vérité et ne se perde plus hors d'elle-même.

Il écrit ainsi qu'il faut établir un tribunal de la raison qui donnerait à celle-ci « assurance en ses justes prétentions, mais qui, en revanche, puisse en finir avec ses présomptions non fondées.

» (Critique de la raison pure, préface de la première édition).

La raison a en effet tendance à dépasser les cadres dans lesquels elle dispose d'un pouvoir de connaître, comme en témoignent les points de vue contraires auxquels elle aboutit.

C'est ce qui se traduit dans la métaphysique, où la raison recherche les raisons premières des choses.

Le problème qui se pose alors, c'est que la raison s'élève à des objets dont aucune expérience n'est possible.

En effet, les raisons premières des choses, ce sont des choses qui ne sont conditionnées par rien, comme Dieu, la liberté et l'immortalité. Il est donc légitime d'en avoir l'intuition, mais non de les fonder en raison. c) Kant va donc établir une distinction fondamentale en exposant que tout ce que nous pouvons connaître ce sont les phénomènes, et non les choses en soi.

Phénomène et chose en soi sont en fait les deux faces de la même chose, à la différence que la chose en soi est la face irreprésentable du phénomène.

Le phénomène provient de la chose en soi, il est sa manifestation qui nous est donnée dans la sensibilité, que nous pouvons conceptualiser et qui reste conforme à l'organisation de l'esprit humain.

Si donc il y a un amour de la connaissance irrépressible auquel il faut souscrire, il convient de se prévenir de la tentation métaphysique qui ne ferait que nous emmener vers de. »

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