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Peut-on dire que ce qui fait la valeur d'un esprit c'est sa capacité d'attention ?

Extrait du document

« introduction.

— Les panégyristes parlent souvent comme si le saint dont ils célèbrent les vertus était le plus grand de tous.

Ne tombe-t-on pas dans le travers des panégyristes en assurant que c'est la capacité d'attention qui fait la valeur de l'esprit ? I.

— RAISONS DE LE NIER Une réflexion critique sur cette formule trouve divers motifs de la mettre en doute : l'attention n'est pas toujours favorable à l'activité mentale. Celui qui est attentif à tout ne saurait rien approfondir ; dispersée, son attention pourrait dans bien des cas être dénommée distraction. A l'opposé, cet autre dont l'attention se concentre sur un seul point dont il ne peut se détacher, est détourné par là même d'observations qui enrichiraient son savoir et contribueraient au développement de ses fonctions mentales. Enfin, attention dit tension.

Or l'esprit a besoin de détente.

D'ailleurs c'est souvent au cours de ces détentes que se font les meilleures trouvailles.

Aussi Alain a-t-il pu écrire : « L'art de faire attention, qui est le grand art, suppose l'art de ne pas faire attention, qui est l'art royal ». Dès lors ne peut-on pas hésiter à admettre que la valeur d'un esprit se mesure à sa capacité d'attention ? II.

— RAISONS DE L'ADMETTRE En relisant ce texte de plus près, nous trouverons peut-être de quoi justifier ce, qu'il affirme.

Trois mots nous semblent mériter qu'on s'y arrête. L'esprit, remarquons-nous d'abord, n'y est pas identifié à l'attention dont il est capable.

Il a, indépendamment d'elle, des aptitudes ou des structures — et donc une valeur — qui diffèrent d'un individu à l'autre. Mais, un esprit étant donné avec ses caractéristiques propres, c'est l'attention qui fait sa valeur : — d'abord sa valeur intellectuelle, c'est-à-dire la rapidité.

et la sûreté de son pouvoir d'apprendre, de comprendre, d'expliquer, de prévoir...

; — ensuite sa valeur morale, c'est-à-dire son attachement au vrai et au bien, en sorte que Malebranche a pu dire que l'attention est une « prière naturelle Une dernière remarque.

Notre texte parle, non de « l'attention », mais de la « capacité d'attention ».

Si l'on prend capacité comme un synonyme de « maîtrise » permettant de diriger les fonctions cognitives vers ce qui convient à l'homme, la pensée que nous examinons nous parait -encore plus acceptable. Conclusion.

— On peut donc.

dire que ce qui fait la valeur de l'esprit c'est sa capacité d'attention.

Mais en distinguant l'esprit de ses capacités, on ne fait, nous semble-t-il, que manipuler des abstractions : la capacité d'attention est un élément constitutif de l'esprit lui-même.

Aussi dirions-nous tout aussi volontiers : ce qui fait la valeur de l'attention, c'est la qualité de l'esprit qui se rend attentif.. »

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