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Peut-on dire : " Je suis moi-même le temps " ?

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« Le temps est ce milieu indéfini dans lequel se déroulent les évènements successifs.

Le concept de temps est inextricablement lié à celui de l'espace, comme le prouve cette définition aristotélicienne (Physique, Livre IV) : « le temps est la mesure du mouvement selon l'antérieur et le postérieur ». Qu'entendons-nous par l'expression : « Je suis moi-même le temps ? ».

Le sens de cette assertion, sur la validité de laquelle nous devons nous prononcer, est que le temps n'est pas une dimension objective de l'expérience, une réalité objective dont il est possible de faire une expérience empirique, mais que le temps se confond avec nous même.

C'est en deux sens que nous pouvons prétendre que nous sommes le temps, que nous l'incarnons : nous pouvons le dire en tant qu'individu singulier et en tant qu'individu générique.

En effet, nous verrons que nous pouvons dire que nous sommes le temps, car le temps n'est pas une dimension objective de notre expérience, mais se mesure à l'aune de notre vécu subjectif des évènements.

Et nous verrons que nous pouvons dire que nous sommes le temps, en ce sens que le temps apparait comme une dimension constitutive de notre expérience, dimension inhérente à la manière dont notre esprit perçoit le monde. Nous verrons donc que la question « Peut-on dire : Je suis moi-même le temps ? » nous invite à nous demander si le temps est une dimension objective, ou bien une dimension subjective et générique de l'expérience humaine. I. a. Je ne suis pas le temps, car le temps est une dimension objective de l'expérience Le temps est la mesure mathématique du mouvement Nous commencerons par soutenir la thèse que le temps est une dimension objective de l'expérience.

En effet, nous ne pouvons dire « Je suis moi-même le temps » pour maintes raisons : si nous étions le temps, « nous » entendu à la fois comme sujet individuel et comme sujet collectif (comme une conscience humaine ou comme la conscience des hommes en général) le temps ne pourrait exister en dehors de cette conscience.

Or, le temps ne disparait pas avec ma conscience quand je meurs, et ne disparaitrait pas avec l'extinction de l'humanité : il continuerait à emporter les objets dans son mouvement, à être la mesure de leur progressive dégradation.

Le temps n'est donc que la mesure mathématique du mouvement : le calcul des portions d'espace parcourues par une aiguille sur un cadran.

Réalité objective, le temps n'est pas incarné par la conscience humaine. b. Le temps est une réalité objective irréversible Mais c'est en un autre sens que le temps n'est pas incarné par l'homme : si tel était le cas, l'homme aurait un pouvoir sur lui, celui de l'avancer, de le retenir à sa guise… Or le temps s'impose à nous comme une dimension extérieure, objective, car il est irréversible : il emporte tout sans retour, m'empêche de fixer quoi que ce soit.

Le grec Héraclite disait bien : « On ne peut pas entrer deux fois dans le même fleuve ».

Le temps nous emporte, s'impose à nous : nous ne sommes pas le temps. II. a. Je suis le temps car le temps se modèle sur mes vécus subjectifs Temps objectif, temps subjectif Cependant, nous pouvons critiquer la thèse que nous venons de soutenir en fonction d'une distinction faite par Saint Augustin dans Les Confessions.

Il existe en effet une différence entre le temps objectif et le temps subjectif : si le premier se calcule mathématiquement, transcende l'expérience humaine individuelle et générique, le second, en revanche, se modèle tout entier sur la conscience de l'individu.

Nous avons tous fait l'expérience de l'ennui et de la joie : les expressions « trouver le temps long » ou « le temps est passé trop vite » traduisent ces vécus et montrent que nous sommes le temps, ou, plus précisément, le temps subjectif. b. La temporalité hétérogène de l'être humain Une autre critique que nous pouvons faire à la thèse du temps objectif est que le temps ne nous apparait jamais comme cette durée uniforme et indissoluble, mais bien comme une durée hétérogène.

Si nous n'étions pas le temps, celui-ci serait toujours le même, indivisiblement.

Or, Bergson montre bien dans l'Essai sur les données immédiates de la conscience (1889) que le temps est une durée purement intérieure, qui bondit au rythme de ma joie, ou s'étire en fonction de mon ennui.

Le temps n'est donc rien d'autre que le vécu subjectif que nous en avons : en ce sens, nous pouvons dire « Je suis moi-même le temps ».. »

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