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Peut-on dire en même temps "c'est beau" et "ça ne me plaît pas" ?

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« Termes du sujet: DIRE: signifie ici affirmer en connaissance de cause, mais cela désigne aussi l'opinion qui dit n'importe quoi, qui se contente d'affirmer ce qu'elle affirme, qui transforme son désir en vérité universelle. BEAU: 1.

— Norme permettant le jugement esthétique ; cf.

valeur.

2.

— Sens concret : objet du jugement esthétique ; ce qui provoque une émotion esthétique par l'harmonie des formes, l'équilibre des proportions.

3.

— (Par ext.) Ce qui suscite une idée de noblesse, de supériorité morale (un beau geste).

4.

— Pour KANT, le jugement de goût ne détermine pas son objet en le pensant sous un concept universel, puisqu'il porte toujours sur un cas particulier ; c'est un jugement réfléchissant dont l'universalité réside dans l'accord des sujets ; c'est pourquoi le beau est défini comme « ce qui plaît universellement sans concept » ; « la beauté est la forme de la finalité d'un objet en tant qu'elle est perçue en lui sans représentation d'une fin.

» La reconnaissance de la beauté implique-t-elle un sentiment de plaisir, ou les deux peuvent-ils être indépendants, ou décalés dans le temps ? Le sujet questionne les relations entre jugement esthétique, goût et plaisir.

Le "en même temps" permet de jouer sur la temporalité de l'expérience esthétique (le plaisir peut ne survenir que par après, l'expérience, pour Heidegger notamment, étant fondée sur l'étonnement).

À partir d'une définition du beau fondée sur une idée de plaisir esthétique, il semble impossible de dire les deux jugements en même temps.

Mais le goût légitime-t-il la beauté d'une oeuvre d'art ? Ne peuvent-ils être indépendants ? Ne puis-je considérer comme beau que ce qui me plaît ? N'y a-t-il pas une beauté qui pourrait être fondée sur le monstrueux, sur ce qui peut choquer, et même sur le mauvais goût (voir l'art moderne par exemple) ? Il est question de l'importance de la culture, de l'éducation du goût, d'une adéquation à une norme.

On peut se demander aussi si ce sentiment esthétique est uniquement de plaisir.

Référence utile : La Critique du jugement de Kant. Avoir du goût, c'est distinguer le beau de l'agréable. Au premier abord, il semble que je ne puisse dire d'une oeuvre qu'elle est belle que si elle me plaît.

Autrement dit, est belle l'oeuvre qui flatte mes sens ou qui suscite en moi l'émotion.

Mais prendre comme critère d'approbation d'une oeuvre d'art un tel plaisir n'est-il pas la marque d'une certaine inculture ou d'un mauvais goût ? Avoir du goût, n'est-ce pas reconnaître, par exemple, la beauté de la peinture de Schiele ou Picasso bien qu'on éprouve plus d'agrément à celle de Renoir ? Le beau ne se confond pas avec l'agréable et le plaisir causé par le beau n'est pas un simple plaisir des sens.

Avoir du goût, c'est donc bien pouvoir dire en même temps: "c'est beau" et "ça ne me plaît pas", ou tout au moins ne pas dire: "cette oeuvre n'est pas belle, elle ne me plaît pas". Le jugement: "c'est beau" prétend à l'universalité. En effet, le jugement qui déclare une chose agréable est subjectif, relatif à la personnalité de chacun.

J'admets fort bien que le goût des sens puisse varier d'une personne à l'autre.

Pour l'un la couleur violette est douce et aimable, pour l'autre elle est morte et éteinte.

L'un aime le son du violon, l'autre préfère celui du piano.

En ce qui concerne l'agréable, je tolère que le goût d'autrui puisse différer du mien.

Il en va autrement du beau.

Il ne viendrait à l'esprit de personne de dire: "cet objet est beau pour moi".

Si je qualifie une chose belle, c'est précisément pour signifier que quiconque la juge esthétiquement devrait la trouver belle.

En pareil cas, le principe: "à chacun selon son goût" ne vaut rien et jamais.

Je vais même jusqu'à dénier le goût à celui qui juge autrement que moi.

Mon jugement: "c'est beau" prétend donc à l'universalité. D'où la question: sur quoi se fonde une telle prétention ? Autrement dit, puis-je convaincre autrui de la beauté d'une oeuvre par concepts ? La beauté s'explique-t-elle ? Kant dira: « Est beau ce qui plaît universellement sans concept ». Ø « Ce qui plait universellement »: Le fait que cette satisfaction soit universelle, valable pour tous découle de la première définition.

En effet nous avons vu qu'être sensible à la beauté relève d'une sensibilité purifiée de la convoitise, de la crainte, du désir, du confort ...

bref de tous les intérêts particuliers.

Ce plaisir éprouvé n'est donc pas celui d'un sujet enfermé dans sa particularité et ce dernier peut à juste titre dire: « c'est beau », comme si la beauté était dans l'objet.

Il peut légitimement s'attendre à ce que tout autre éprouve la même satisfaction. Ø « sans concept »: « L'assentiment universel est seulement une Idée ».

Il n'y a pas de preuve pratique ou conceptuelle de la beauté.

On juge et on sent que cette musique ou cette montagne sont belles mais on ne peut le prouver.

Il n'y a pas de règles a priori du beau.

En langage kantien, le sujet esthétique n'est pas législateur.

En science le sujet légifère, retrouve dans la nature les règles nécessaires, universelles qu'il y a mises pour connaître quelque chose.

En art le sujet ne peut légiférer car le jugement porte sur un objet singulier, telle fleur, telle œuvre musicale.

S' il veut trouver quelque chose d'universel dans cette rose-ci, il faudra qu'il l'envisage sous l'aspect du règne végétal ou de la fleur en général; s'il veut trouver quelque chose d'universel dans une musique, il faudra qu'il l'envisage sous l'angle des règles de composition.

Il aura des concepts mais point de beauté: « quand on juge des objets simplement par concepts toute représentation de la beauté se perd ».

C'est ce qui peut arriver quand un traque d'art explique un poème...

Comme la beauté est toujours saisie sur un objet concret, matériel, singulier, il n'y a pas de règles universelles du beau.

Le jugement de goût n'est pas un jugement de connaissance.. »

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