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Peut-on désirer ce qu'on ne connait pas ?

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« PREMIERE CORRECTION Le désir est considéré comme l'essence de la nature humaine par beaucoup de philosophes tel Spinoza ou Schopenhauer et pourtant a longtemps été dévalorisé comme niant ce qu'il y a de plus noble chez l'homme, attachement au sensible aux dépens du spirituel.

Le désir se caractérise par la recherche d'un objet dont on sait ou on imagine qu'il est source de satisfaction.

Platon le définit comme absence de plénitude, en effet s'il n'y avait pas de manque, il n'y aurait pas de désir.

Dans cette optique, nous ne pouvons pas manquer ce que l'on ne connaît pas. On peut aussi se demander de quelle connaissance il s'agit.

Ne pas connaître dans le titre signifie ne pas savoir qu'un objet existe mais la connaissance est l'activité de l'homme par laquelle l'homme prend acte des données de les expériences et la connaissance parfaite dès lors ne laisse rien d'obscure dans la chose connue.

Et pourtant comme le dit la définition, le désir peut découler de l'imagination qui réside dans le fait non pas de se représenter des choses absentes mais aussi dans la possibilité de combiner les idées ou d'anticiper les événements.

Dès lors l'imagination ne peut-elle pas créer des objets de désir qui n'existent pas encore? ou attribuer des qualités à un objet alors qu'il n'en a pas? Le désir ne peut-il pas être lui-même support de connaissance? 1.

On désire une chose parce qu'on la juge bonne, il faut donc la connaître Pour désirer une chose, il faut au préalable que nous la jugions bonne, donc il faut bien que nous ayons une représentation de ce que nous désirons, sinon nous ne pouvons pas savoir les effets positifs qu'il nous donnerait.

On peut reprendre le questionnement sophistique sur la possibilité de la connaissance adressé à Platon qui consiste à se demander comment rechercher ce dont on n'a pas la moindre idée. Si le désir est manque, il faut que l'individu connaisse ce qu'il lui manque, nous ne pouvons effectivement pas manquer de ce dont nous n'avons pas conscience.

Par exemple, je ne peux pas désirer posséder la nouvelle console de jeu, si je ne sais pas qu'elle existe et qu'elle est sortie sur le marché.

On peut en effet noter avec Hegel, que je désire ce qui a déjà été désiré par autrui, ce dont j'ai déjà une représentation dans ma conscience et force est de constater que, dans les sociétés modernes, ce principe trouve son application dans la publicité, qui a pour but de créer une représentation de l'objet et qui suscite le désir. 2.

L'imagination peut fournir des représentations de chose qui n'existent pas ou qu'on ne connaît pas En effet, l'agent désire un objet parce qu'il s'imagine les propriétés de cet objet et leur rattache sans connaissance préalable des effets positifs. Si nous ne désirons que ce que nous connaissons, comment expliquer "nous jugeons qu'une chose est bonne, parce que nous faisons effort vers elle, que nous la voulant et tendons vers elle par appétit ou désir." Ce qui veut dire que le désir ne se fonde pas sur une connaissance parfaite de l'objet désiré, bien au contraire.

Comme le laisse à penser Spinoza, c'est plutôt l'inverse, ce n'est pas parce que la connaissance d'un objet nous la fait jugeait bonne que nous la désirons, mais plutôt parce que nous la désirons que nous la pensons bonne.

Dès lors, nous pouvons désirer quelque chose dont nous n'avons qu'une vague idée, parce que autrui la désire, c'est en tout cas ce qu'indique la psychanalyse. Si nous ne désirons que ce que nous connaissons, comment expliquer que pour certains, l'inconnu suscite un désir? Si nous partons en voyage, mais nous ne savons ni la destination, ni le programme, nous pouvons quand même désirer partir vers l'inconnu.

C'est que l'imagination peut suppléer le manque de connaissance.

Je peux m'imaginer différents scénario, les différents plaisirs mais aussi prévoir les sensations fortes que l'inconnu m'apportent. 3.

Le désir est l'aiguillon de la connaissance et pousse à la création de nouvelles formes Nous pouvons cependant voir que le désir s'il n'est pas forcément désir d'un objet connu est cependant source de connaissance d'un objet et de création d'objets nouveaux.

Si avec Spinoza, nous affirmons que le désir est antérieur à la vraie connaissance de l'objet, le désir peut nous pousser à étudier et ainsi vraiment connaître un objet.

Il nous faut en effet le connaître pour savoir comment l'atteindre. De même, Gilles Deleuze souligne, plus tard le caractère positif du désir.

Le désir est producteur de réalité et ingénieux.

Le désir est moteur, motif, producteur de la réalisation de ce qui a été anticipé: en ce sens le désir ne manque jamais de son objet, il le pose comme projet et en le produisant il crée de la vie en oubliant le poids du passé. L'homme est une véritable machine psychique chez Freud.

Toute la mécanique inconsciente serait à la base d'une constitution identitaire du sujet.

Ainsi, tout désir, tout choix, toute action, provient d'une origine pulsionnelle inconsciente.

L'homme est une machine qui n'a pas conscience de l'être, et qui a l'illusion d'être pour lui-même le seul régisseur. Deleuze a critiqué le Freudisme au nom de la vocation du désir à l'extériorité.

Deleuze parle de « corps sans organes », vérité du corps selon lui, que la psychanalyse rompt (cf.

L'anti-oedipe).

La psychanalyse et ses schèmes empêcherait l'individu de retourner à ce corps propre, de se libérer de son identité et de son sens, de se rendre disponible pour des expériences désirantes nouvelles : « les machines désirantes nous font un organisme ; mais le corps souffre d'être ainsi organisé, de ne pas avoir une autre organisation, ou pas d'organisation du tout ».

Deleuze critique donc l'idée d'une intériorisation de la multiplicité des désirs (psychanalyse), qui reflète la répression sociale, au profit du schizophrène qui résiste à toute identification, expérimentant infiniment les machines désirantes sur le. »

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