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Désirer me rend-il heureux ?

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Désirer est consubstantiel à l'homme et correspond à la recherche de la réduction d'une tension issue d'un sentiment de manque. Le désir est une tendance devenue consciente d'elle-même et qui est à distinguer du besoin et de la nécessité, qui sont impersonnels. D'ailleurs, si quelque chose me rend heureux, me fait passer à un état de bonheur, cela implique bien un aspect subjectiviste. Le bonheur, justement, est un état durable de plénitude et de satisfaction, tant de l'esprit que du corps, et d'où la douleur, l'inquiétude et le trouble sont absents. On pourrait penser que le désir n'est pas source de bonheur puisqu'il est lié au manque et par conséquent, peut engendrer la souffrance. Cependant, le désir est à la base du dynamisme de l'homme car, sans désir, celui-ci n'a plus rien à atteindre, la vie perd alors toute saveur, tout intérêt et il ne peut donc parvenir au bonheur puisqu'il ne désire rien, c'est-à-dire que rien ne peut le satisfaire. On s'interroge alors : le désir est-il condition d'un bonheur relatif ou bien absolu ? Comment résoudre la contraction entre un désir qui n'apporte le bonheur seulement lorsqu'il reste une quête inaccomplie, et la recherche d'un bonheur qui n'est atteint que dans l'accomplissement du vouloir ? On étudiera alors les thèses de Rousseau et Leibniz, puis celles de Schopenhauer, Epictète et Descartes, et enfin, les réponses de Spinoza et Epicure.

« Demande d'échange de corrigé de Magne Charles ([email protected]). Sujet déposé : Désirer me rend-il heureux ? Désirer est consubstantiel à l'homme et correspond à la recherche de la réduction d'une tension issue d'un sentiment de manque.

Le désir est une tendance devenue consciente d'elle-même et qui est à distinguer du besoin et de la nécessité, qui sont impersonnels.

D'ailleurs, si quelque chose me rend heureux, me fait passer à un état de bonheur, cela implique bien un aspect subjectiviste.

Le bonheur, justement, est un état durable de plénitude et de satisfaction, tant de l'esprit que du corps, et d'où la douleur, l'inquiétude et le trouble sont absents.

On pourrait penser que le désir n'est pas source de bonheur puisqu'il est lié au manque et par conséquent, peut engendrer la souffrance.

Cependant, le désir est à la base du dynamisme de l'homme car, sans désir, celui-ci n'a plus rien à atteindre, la vie perd alors toute saveur, tout intérêt et il ne peut donc parvenir au bonheur puisqu'il ne désire rien, c'est-à-dire que rien ne peut le satisfaire. On s'interroge alors : le désir est-il condition d'un bonheur relatif ou bien absolu ? Comment résoudre la contraction entre un désir qui n'apporte le bonheur seulement lorsqu'il reste une quête inaccomplie, et la recherche d'un bonheur qui n'est atteint que dans l'accomplissement du vouloir ? On étudiera alors les thèses de Rousseau et Leibniz, puis celles de Schopenhauer, Epictète et Descartes, et enfin, les réponses de Spinoza et Epicure. Tout d'abord, pour Rousseau, l'homme trouve bel et bien son bonheur dans le désir, non pas dans son accomplissement, car il explique qu'« on est heureux qu'avant d'être heureux ».

Le désir provoque une jouissance supérieure à celle conçue par la possession, par la réalisation du désir ; et par conséquent, l'homme est véritablement heureux lorsqu'il désire, c'est-à-dire avant - voire au lieu - de l'être, comme on le croit communément, lorsqu'il possède et qu'il n'a alors plus de but à atteindre.

Le désir est projection dans l'avenir, c'est un manque qui pourtant comble l'homme grâce à sa faculté d'imagination.

En effet, il crée fictivement une image de l'objet du désir, qu'il peut modeler selon ses envies.

Pour Rousseau, le désir constitue véritablement le bonheur, et non pas une promesse de bonheur, car ce qu'il apporte en imagination comble bien plus les attentes de l'homme que la réalité.

Le désir instaure ici un bonheur durable puisque ce désir peut ne jamais prendre fin, en opposition au bonheur éphémère qui résulterait de sa réalisation. Leibniz a établi la théorie des petites perceptions : plus on perçoit de perceptions, plus la conscience devient claire.

D'après lui, le désir n'est pas une douleur mais une amorce de la douleur, ce n'est pas réellement une douleur car celle-ci est inconsciente.

Nous ne percevons que le bon côté du désir.

Par exemple, nous avons constamment faim, ce qui constitue une douleur, mais nous n'en avons pas toujours conscience ; à partir d'un certain seuil, nous éprouvons un appétit conscient, mais qui n'est pas souffrance.

Le désir n'est donc pas mauvais en soi et permet de prendre du plaisir.

Cependant, certains philosophes ont un avis radicalement opposé. Schopenhauer, lui, préconise de renoncer à tous ses désirs.

L'homme est esclave du désir et oscille entre la souffrance - lorsque le désir est encore insatisfait - et l'ennui - après la satisfaction.

La souffrance est alors la condition humaine et la morale de Schopenhauer va donc être une morale du renoncement : il faut renoncer au désir qui est le mal radical. Par ailleurs, Epictète, qui défend la position stoïcienne, explique que le désir est toujours excessif car il demande trop et trop mal.

Nous désirons car le réel déplaît, nous nous projetons vers un ailleurs réconfortant, mais c'est la marque de la folie ou du moins, de ceux qui sont insensés.

Parce que nous évaluons mal les choses, nous désirons mal et nous sommes malheureux.

Au contraire, les sages, les maîtres, ne connaissent pas le malheur car ils ont atteint la plénitude de la vérité, l'ataraxie, en faisant abstraction du désir.

Le désir est donc néfaste d'après le stoïcisme car il conduit directement au malheur puisque nos représentations ne sont alors pas en accord avec l'ordre du monde.

Il faut détourner son désir des choses qui ne dépendent pas de nous et accepter les vicissitudes contre lesquelles nous ne pouvons rien, quand bien même ce serait la maladie ou la mort. La pensée de Descartes est proche de la morale stoïcienne.

Il affirme que c'est pour lui une règle de conduite de préférer réformer ses désirs plutôt que l'ordre du monde car les seules choses qui soient véritablement en notre pouvoir sont nos pensées.

Or, c'est une propriété de la volonté de ne désirer que les choses qui semblent possibles.

Si nous apprenons à ne désirer seulement ce que nous avons la certitude d'acquérir, alors plus rien ne pourra nous manquer.

Nous aurons un sentiment de plénitude plus développé que celui qui, possédant toutes les richesses, ne sait pas, ne peut pas, mettre fin à sa conquête.

Seulement, il s'agit d'un exercice très difficile. Le désir n'est pas pour Spinoza une souffrance liée à un sentiment douloureux de manque.

Le désir n'est vécu ainsi que lorsque l'homme a perdu son amour de la vie.

Par exemple, l'anorexique manque de quelque chose, mais pas la personne qui se sustente avec appétit, l'anorexique révèle une perte pathologique de l'amour de la vie alors que l'homme qui mange avec appétit n'est pas en état de manque, mais au contraire, possède en lui une vitalité qui le pousse à manger plus que ce dont il a réellement besoin.

Le désir, pour Spinoza, est un sentiment de puissance qui n'a rien à voir avec une frustration, et non un sentiment de manque.

Nous désirons parce que la vie affirme en nous sa propre puissance.

Pour cette raison, le désir est une affection joyeuse dans la mesure où la joie, d'après Spinoza, est un sentiment d'accroissement de notre propre puissance, un sentiment d'affirmation de la vie dans sa plénitude qui, dans cette affirmation tend à la jouissance d'elle-même. Il faut donc vivre avec ses désirs, mais agir sur eux comme nous l'apprend Épicure, qui catégorise les différentes sortes de désirs.

Il distingue les désirs vains et les désirs naturels et différencie parmi ces derniers ceux qui sont nécessaires au bonheur, ceux qui le sont pour le bien-être du corps, ceux encore qui sont strictement vitaux.

Cette connaissance des catégories du désir permet de sélectionner les désirs, c'est-à-dire de les approuver ou de les refuser, en ayant une idée correcte de leurs effets.

Le critère de choix est le plaisir, qui est le bien premier.

Par cette connaissance des différentes catégories du désir, l'homme sera alors en mesure de maximiser ses plaisirs et minimiser ses souffrances. Ainsi, le bonheur est la synthèse du désir et de la raison.

Nous n'avons pas le choix, nous devons vivre avec nos désirs, qui sont notre force motrice dans la vie, mais il est préférable d'en faire une sélection rigoureuse afin d'être véritablement heureux.

Il serait par la suite intéressant d'étudier les rapports entre désir, bonheur et morale. Sujet désiré en échange : http://www.devoir-de-philosophie.com/commentaire-hegel-homme-libre-homme-rationnel-7681.html. »

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