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Peut-on considérer la philosophie comme un art de vivre ?

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« Définition des termes du sujet Le sujet demande que l'on élabore une définition de la morale – c'est le sens de l'emploi du verbe ‘être' – en partant de la compréhension de la morale comme art de vivre. La morale en effet peut être l'objet de plusieurs définitions contradictoires : elle peut être un ensemble de préceptes collectifs qui constitue une norme par rapport à laquelle on va juger des comportements ; elle peut être aussi des règles de vie que l'on choisit de manière individuelle, et alors un comportement conforme à la morale est un comportement individuel qui s'interroge en permanence sur les principes sur lesquels il se règle, et qu'il élabore ou choisit luimême. Un art de vivre est plus qu'une manière de vivre : c'est un ensemble de principes de conduite de la vie que l'on choisit d'une manière très exigeante, parce qu'ils nous semblent adéquats pour faire de notre vie une oeuvre dont nous assumions la pleine responsabilité. En partant de ces deux visions possibles de la morale, il faudra déterminer si, quelle que soit la manière dont nous la comprenons, la morale est un art de vivre, ou si elle ne peut être comprise comme un art de vivre que sous certaines conditions définitionnelles, qu'il faudra préciser. Proposition de plan I.

La morale comme code de conduite d'une communauté : la morale et les valeurs Une première manière d'envisager la morale est de la considérer comme un code de valeurs partagé par une communauté.

C'est en ce sens que l'on parle souvent d'actes moraux et d'actes immoraux.

Ce type de morale est-il un art de vivre ? Le problème est qu'une conformation de façade est possible dans son cas, si bien qu'une telle morale peut être un art de se comporter socialement, mais peut-être pas un art de vivre. Nietzsche, Humain trop humain Morale et moral.

Être moral, avoir des moeurs, avoir de la vertu, cela veut dire pratiquer l'obéissance envers une loi et une tradition fondées depuis longtemps.

Que l'on s'y soumette avec peine ou de bon coeur, c'est là chose indifférente ; il suffit qu'on le fasse.

On appelle « bon » celui qui par nature, à la suite d'une longue hérédité, donc facilement et volontiers, agit conformément à la morale, quelle qu'elle soit (par exemple se venger ; si se venger fait partie, comme chez les anciens Grecs, des bonnes moeurs).

On l'appelle bon parce qu'il est bon « à quelque chose » ; or, comme la bienveillance, la pitié et les autres sentiments semblables finissent, avec le changement des moeurs, par être toujours sentis comme « bons à quelque chose », comme utiles, c'est maintenant le bienveillant, le secourable, qu'on nomme de préférence « bon ».

Être méchant, c'est n'être « pas moral » (immoral), pratiquer l'immoralité, résister à la tradition, quelque raisonnable ou absurde qu'elle soit ; mais c'est le dommage fait au « prochain » qui a été, dans toutes les lois morales des diverses époques, ressenti principalement comme nuisible, au point que, maintenant, le mot « méchant » nous fait tout d'abord penser au dommage volontaire fait au prochain.

Ce n'est pas entre « égoïste » et « altruiste » qu'est la différence fondamentale qui a porté les hommes à distinguer le moral de l'immoral, le bon du mauvais, mais bien entre l'attachement à une tradition, à une loi et la tendance à s'en affranchir.

La manière dont la tradition a pris naissance est à ce point de vue indifférente ; c'est en tout cas sans égard au bien et au mal ou à quelque impératif immanent et catégorique, mais avant tout en vue de la conservation d'une communauté, d'un peuple ; tout usage superstitieux, qui doit sa naissance à un accident mal interprété, produit une tradition qu'il est moral de suivre ; s'en affranchir est en effet dangereux, plus nuisible encore à la communauté qu'à l'individu (parce que la divinité punit le sacrilège et toute violation de ses privilèges sur la communauté et par ce moyen seulement sur l'individu).

Or, toute tradition devient continuellement plus respectable à mesure que l'origine s'en éloigne, qu'elle est plus oubliée ; le tribut de respect qu'on lui doit va s'accumulant de génération en génération, la tradition finit par devenir sacrée et inspirer de la vénération ; et ainsi la morale de la piété est une morale en tout cas beaucoup plus ancienne que celle qui demande des actions altruistes. II.

Morale intérieure et morale extérieure Cette deuxième partie s'appuierait sur la distinction entre morale extérieure, sociale, à laquelle on peut se conformer uniquement en apparence, et morale intérieure, qui suppose un travail de l'individu tout entier sur son intégrité, sur l'excellence de sa conduite.

Il s'agirait de dénoncer la morale qui n'est que moralité sociale, afin de dégager la place essentielle qu'occupe l'idée d'une disposition de l'âme à la vertu dans la définition d'une morale comme art de vivre. Kant Nous sommes hautement cultivés dans le domaine de l'art et de la science.

Nous sommes civilisés, au point d'en être accablés, pour ce qui est de l'urbanité et des bienséances sociales de tout ordre.

Mais quant à nous considérer comme déjà moralisés, il s'en faut encore de beaucoup.

Car l'idée de la moralité appartient encore à la culture ; par contre, l'application de cette idée, qui aboutit seulement à une apparence de moralité dans l'honneur et la bienséance extérieure, constitue simplement la civilisation.

Mais aussi longtemps que des Etats consacreront toutes leurs forces à des vues d'expansion chimériques et violentes, et entraveront ainsi sans cesse le lent effort de formation intérieure de la pensée chez leurs citoyens, les privant même de tout secours dans la réalisation de cette fin, on ne peut escompter aucun résultat de ce genre ; car un long travail intérieur est nécessaire de la part de chaque communauté pour former à cet égard ses citoyens.

Par contre, tout bien qui n'est pas greffé sur une disposition moralement bonne n'est que pure chimère et faux clinquant. III.

La morale comme art de vivre : une morale intérieure, travaillée par l'individu, qui peut être en contradiction avec les valeurs morales collectives La morale intérieure peut alors apparaître comme le fruit d'un travail permanent, qui implique l'individu tout entier : les conditions de la définition de la morale comme art de vivre sont alors réunies, dans la mesure où l'individu façonne son comportement en permanence, lui cherche des principes vertueux, et met en pratique ces principes dans la conduite de sa vie. Epictète L'opinion suivante des philosophes peut sembler à certains un paradoxe.

Examinons-la pourtant de notre mieux.

Est-il vrai qu'il faille toujours agir à la fois avec prudence et avec assurance ? La prudence paraît être, en effet, en quelque sorte contraire à l'assurance et les contraires ne peuvent en aucune manière coexister.

Or, ce qu'il y a d'apparemment paradoxal pour beaucoup en cette matière tient, je crois, à une raison de ce genre : oui, si nous jugions qu'il faille, dans des conditions identiques, user en même temps de prudence et d'assurance, c'est justement qu'on pourrait nous reprocher de vouloir concilier les inconciliables.

Mais, en réalité, qu'a donc d'extraordinaire cet aphorisme ? Si sont vraies ces affirmations souvent répétées et souvent prouvées, à savoir : que l'essence du bien consiste dans l'usage des représentations, et de même l'essence du mal ; mais que les choses soustraites à notre libre choix ne participent ni de la nature du bien, ni de celle du mal, qu'y a-t-il de paradoxal dans l'opinion des philosophes qui disent : « Dans les choses qui sont soustraites à ton libre choix, agis avec assurance ; mais dans celles qui dépendent de ta volonté, agis avec prudence.

». »

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