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Peut-il y avoir des idées la ou il n'y a pas de débat ?

Extrait du document

« L'idée de débat renvoie à la perspective d'un échange d'idée, qui suppose, au préalable, un certain désaccord entre duellistes.

Ainsi avons nous à la fois un mouvement de repli sur nos idées, et tout en même temps, un mouvement d'ouverture sur l'autre, sur ce qu'il pense, sur ce qui fait qu'il s'oppose à moi.

Je veux le convaincre – autant que lui d'ailleurs – le faire changer d'idée, je veux en sommes qu'il me rejoigne du côté de ma certitude.

D'où une certaine violence: le débat, ce n'est pas une simple discussion, ici il y a quelque chose en jeu, ce en quoi je crois, ce qui me semble vrai.

Les protagonistes d'un débat font violence aux idées adverses, tout en mettant les leurs à rude épreuve.

Le débat semble donc être le lieu de mise à l'épreuve de nos idées, l'endroit où elles se débattent dans les deux sens du terme, entendons, où elles se défendent – d'une manière pas toujours rationnelle, parfois avec empressement, urgence – pour sauvegarder leur intégrité. Mais le débat fait aussi vivre l'idée en ce sens qu'il la force à se développer: d'abord, l'idée est exprimée, transposée sur le plan discursif et doit donc faire preuve d'une certaine logique, d'une certaine cohérence (je la présente à l'autre, il faut qu'elle soit convaincante, informée, nourrie en quelque sorte); à cette sortie hors de soi de l'idée, se rajoute la confrontation vers laquelle elle s'achemine.

En effet, l'idée rencontre alors son antithèse, soit son pendant négatif sur la scène psychique.

Elle doit intégrer cette négation de sa formule, digérer cette contrariété sous peine de disparaître dans cette guerre idéelle.

Si l'idée se renforce, gagne en épaisseur à s'exprimer au dehors, envers et contre tout, la garder pour soi, n'est-ce pas la privée d'un apport essentiel? A moins qu'elle ne soit déjà présente en nous potentiellement dans toute son ampleur, et que seule une méthode appliquée par l'esprit ne servent à l'extraire de ce sommeil? I.

Descartes et Platon: solipsisme et innéisme Dans les Méditations Métaphysiques, Descartes s'aperçoit qu'il a souvent reçu pour vrai des choses qui, après un certain temps, se sont révélées être fausses.

Lassé de cette inconstance de la pensée, il décide de s'adonner au doute hyperbolique, i-e qu'il doute de tout.

Qu'est-ce qui lui prouve que ces personnes qu'il voit passer de sa fenêtre sont bien réelles, que ce monde même ne relève pas entièrement de l'illusion? L'apport que m'offre l'expérience n'est d'aucune crédibilité, il ne résiste pas à l'épreuve du doute. Cependant pour douter, il faut bien que moi, je sois quelque chose qui doute; je ne peux douter que je suis entrain de douter, et que donc je pense.

Or, pour penser, encore me faut-il exister, au moins sous cette forme qu'est la pensée.

La première certitude s'offre ainsi à Descartes: je suis une chose qui pense (res cogitan).

Or cette vérité est déjà présente en soi: pour cela, nul besoin de l'intervention de l'autre, je la devine tout seul.

Mais ce n'est pas tout.

Selon, Descartes, Dieu a posé des semences de vérités en nous, qu'il nous faut découvrir: il existe en moi des idées simples, claires et distinctes que l'expérience ne fait tout au plus qu'actualiser.

Des idées innées se présentent à l'étude de mon esprit de manière évidente, des idées que je ne peux confondre avec d'autres, et à partir desquelles, par l'usage de ma raison, je peux déduire d'autres idées plus complexes, dont ces premières visions de l'esprit sont les composantes. Platon, à travers la méthode maîeutique, n'exprime rien d'autres dans le Ménon.

Il demande à un esclave de résoudre un problème géométrique portant sur la duplication de l'aire du carré.

Celui-ci, malgré son ignorance en la matière trouve la réponse, précisément parce qu'elle est en lui.

Il s'agit de se souvenir de ce dont l'âme est grosse en puissance.

D'où le fait que Platon se considère comme une sage femme qui fait accoucher des idées.

Pas de débat ici, la position de Platon est celle du retrait, du silence.

Il se contente d'accompagner l'avènement au monde d'une idée.

Ainsi, la scène psychique se constitue chez les deux philosophes par méthode et par résurgence.

Les premiers éléments sont là.

Chez Descartes il faut construire à partir de ces première semences; chez Platon, il faut se rappeler de ce que l'âme a vu avant d'être incarné dans le corps hic et nunc, ce monde des essences dont elle fut jadis la spectatrice. La réminiscence Platon apporte une réponse à ce problème pédagogique dans le Ménon et le Phèdre.

Dans le Ménon, Socrate interroge un jeune esclave.

Il lui demande comment construire un carré dont l'aire soit le double d'un premier carré. Le jeune esclave commence par doubler le côté du carré, mais ceci conduit à quadrupler l'aire du carré.

Aidé par les questions de Socrate, qui ne lui donne à aucun moment la solution, il découvre que le carré double d'un autre est celui que l'on construit sur la diagonale.

L'esclave retrouve donc, du moins en partie, le théorème de Pythagore, qu'il n'a jamais appris.

Comment cela est il possible ? L'hypothèse platonicienne est que l'esClave possédait déjà cette connaissance.

Autrement ; dit, selon Platon, c'est comme si l'esclave se souvenait de cette réalité mathématique. « Nous devons avoir bon courage », dit Socrate, « et » nous efforcer de rechercher et de retrouver la mémoire de ce dont nous avons perdu le souvenir ».

La connaissance est une réminiscence.

C'est pourquoi Socrate se définit comme le digne fils de sa mère, qui était sage-femme, et déclare être un accoucheur d'âme.

Il ne fait, dans les dialogues, que faire dire à son interlocuteur ce que ce dernier connaissait déjà : il l'aide à mettre sa connaissance au monde mais il ne lui apporte pas cette connaissance.

Cette théorie explique ainsi que les degrés de la. »

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