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Pensez vous que TOUs les artistes sont des génies ?

Extrait du document

« 1) La définition du génie. Loin de s'accrocher à la matérialité des sensations et à l'objectivité des souvenirs, l'homme de génie trouve des motivations d'un autre ordre que le reste des hommes.

L'universalisation de la sensibilité, l'amplification de la mémoire et de l'imagination, l'exaspération de la vision engendrent chez lui le désir de « donner corps aux fantômes » qui le hantent. S'efforçant de définir cette « je ne sais quelle qualité d'âme particulière » qui est propre au génie, l'esthéticien ne trouve aucun terme qui lui convienne ; mais il évite cependant une réduction définitive au mystérieux physiologique dans la mesure où il dote le génie de « l'esprit observateur », qui possède lui-même quatre caractères : la spontanéité, la divination, la diversification, la faillibilité.

Le génie est ce vrai « sixième sens » que cherchait Hutcheson.

Kant définit le génie comme « talent ou disposition innée par laquelle la nature donne des règles à l'art ».

l'ingenium du génie ne ressemble à aucun autre ; et il devient par là même source d'une nouvelle mesure pour le jugement.

Mais, si le génie donne ses règles à l'art, il le fait en tant que nature, c'est-à-dire sans passer par l'intermédiaire de la catégorie comme source de détermination. Causalité aveugle, puisque dépourvue de concept, il ignore les conditions de sa création.

Mais sa fantaisie « court d'un bout de l'univers à l'autre pour rassembler les idées qui lui appartiennent ».

Et ce qu'on appelle génie n'est, pour reprendre l'expression de l'éveilleur de Kant, Hume, qu'une « faculté magique de l'âme », qui soumet « d'un coup » le monde des idées à sa vue.

Un certain « manque » caractérise dès lors le génie, manque dont Nietzsche souligne la nature organique.

Il oppose au génie, qui, avant toutes choses, crée et veut créer, celui qui se laisse féconder et enfante : le génie attend les « 500 mains nécessaires pour maîtriser le kairos, le moment propice ».

Et Nietzsche reproche à Schopenhauer de ne pas avoir osé voir l'immoralité foncière du génie, sa parenté avec l'instinct, qui se situe par-delà le bien et le mal, bref le caractère tyrannisant du génie.

La faculté de représenter des Idées esthétiques est le génie.

Mais le génie est lui-même un présent de la Nature : c'est donc la Nature qui se révèle dans et par l'art ; et elle ne se révèle jamais mieux que dans l'art, dans l'unicité des œuvres du génie. 2) La création artistique nécessite un moment de génie. Elle se révèle à lui, dès sa conception, comme son Autre, dans le sentiment ambigu qui mêle en lui le contentement qu'a le créateur d'avoir réussi à créer une vie propre, et le tourment de voir cette vie propre limiter et nier la sienne.

Dans tous les domaines de la création, le « moment du génie » (Buffon) survient comme la négation de la quête laborieuse avec laquelle le créateur a identifié son existence, comme une réponse qui submerge la question, comme un don qui excède tout d'abord la capacité réceptive de celui qu'il favorise.

On a exprimé cette nécessité avec laquelle le thème s'impose, en parlant de l'inspiration, de l'enthousiasme par lequel un pouvoir divin ou démoniaque s'empare du créateur ; mais, rejetant ce romantisme, la lucidité psychanalytique a soupçonné ici la contrainte naturelle des tendances profondes de l'inconscient : à la suite de Freud, on a voulu expliquer le thème par les fixations affectives de l'enfance.

Mais à cette intrusion de l'Autre et du passé s'oppose la finalité animant le développement du thème chez l'auteur qui veut s'exprimer dans son œuvre.

Le vouloir- être de l'œuvre et le vouloir- être de l'ouvrier à la recherche de leur valeur s'opposent à l'être massif et informe du thème.

Mais eux-mêmes sont liés dans l'intimité d'un combat.

La conception de l'œuvre est de nature plus biologique qu'intellectuelle, ce qui explique qu'elle ne soit aucunement la possession translucide, par le créateur, du concept de son œuvre.

La création est l'unité du moment de l'invention du thème et de celui de sa réalisation.

Cette identité du savoir et du faire exclut que la création soit simplement la réalisation d'une idée saisie en tout son contenu ou d'un « schéma dynamique » (Bergson) ayant seulement à se concrétiser.

En effet, le créateur ne sait ce qu'il va faire, ce qu'il veut faire, qu'une fois qu'il l'a fait ; nous devrions même dire : qu'une fois que cela s'est fait en lui. 3) L'art ne nécessite pas de génie mais une maîtrise technique. L'art est une production technique comme les autres notamment en architecture où ce sont les ingénieurs qui sont véritablement artistes.

Ainsi les constructions en fer, l'assemblage de poutrelles métallique peut permettre de réaliser de véritable œuvre d'art comme la Tour Eiffel.

Les innovations techniques elles-mêmes peuvent être l'origine d'œuvre d'art nouvelle.

Le passage de l'art roman à l'art gothique, comme l'introduction du fer dans la construction a permis la naissance de nouveaux styles artistiques.

L'art gothique se caractérise par une étroite association du verre et de la pierre, elle joue comme l'architecture de fer sur les vides et non sur les pleins.

L'ogive dans l'art gothique est très déterminante car elle donne la possibilité de réduire l'épaisseur du mur et de percer de larges baies qui diffusent une lumière vivifiée par le verre.

Les églises gothiques cherchent à rompre avec l'obscurité romane, de la manière, les édifices de l'architecture de fer concentrent leurs efforts à la création d'espaces clairs et plus aérés que les édifices de pierre.

La prédominance des verticales, la prédominance des vides sur les pleins, et la légèreté de l'ossature apparente firent espérer que naîtrait un style en qui revivrait, l'essentiel du génie gothique, rajeuni par un esprit et des matériaux neufs .

Par exemple, le fer a l'avantage d'augmenter les portées de piliers, des voûtes et d'augmenter la taille des édifices, que ce soit du point de vue de la hauteur des tours ou des nefs.

Ainsi des innovations techniques ont été à l'origine de nouveaux styles architecturaux.

Qu'est-ce qui différencie un tailleur de pierre d'un sculpteur ? Parfois le travail technique peut être inclus dans une œuvre d'art, ces mêmes tailleurs de pierre peuvent participer à la construction d'une cathédrale.

Les corps de métiers de l'artisanat peuvent participer ensemble à la construction d'un objet d'art.

Pour réaliser un meuble, il faut plusieurs corps de métier : marqueterie, ébénisterie, ferronnerie d'art etc.

Aussi les métiers techniques sont sollicités pour la création artistique.

On voit que la part de création peut apparaître diminuée à la vue de toutes les aides techniques. Conclusion. Tous les artistes ne sont pas des génies mais un vrai artiste devra avoir des intuitions de génie s'il veut être un véritable créateur, un artiste et non un simple artisan ou un copiste d'œuvres.

L'art comporte en lui une part de maîtrise technique, une part d'artisanat, de travail de la matière, de savoir-faire et d'apprentissage qui ne sont en rien des moments géniaux, choses qu'on ne peut supprimer de l'art.

Le génie ne fait pas le tout de l'art, mais imaginer un art sans aucun moment créatif, aucune intuition qui sortent de l'ordinaire est impossible.. »

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