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Parler la même langue est ce parler le même langage ?

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« Introduction Le langage peut caractériser, en un sens large, tout système de signes pouvant servir au moyen de communication.

Ainsi, on parle d'un langage des gestes, des organes des sens, d'un ordinateur, animal, etc.

On opposera ainsi le langage, en tant que faculté ou aptitude à constituer un système de signes, à la langue qui est l'instrument de communication propre à une communauté humaine : une langue est un ensemble institué, et stable, de symboles verbaux ou écrits propres à un corps social, et susceptible d'être bien ou mal traduit dans une autre langue.

Enfin le langage ne doit pas non plus être confondu avec la parole, qui est l'acte individuel par lequel s'exerce la fonction linguistique.

En quoi dès lors le langage est-il utile, ou, autrement dit, peut-on donner au langage une fonction plus insigne dans une instance qui dépasse la seule communication individuelle ? I.

Langage, parole, langue a.

Le langage est une fonction d'expression verbale de la pensée, soit intérieure, soit extérieure : « L'intention de parler, qui n'est point nécessairement langage, pas même langage intérieur, aboutit au langage intérieur ou à la parole » (Delacroix, Le langage et la pensée).

En ce sens, langage s'oppose à la parole : 1) En tant que par parole, on entend exclusivement le langage extérieur, comme l'indique aussi cette phrase de Delacroix : « Le langage intérieur n'est pas nécessaire à la parole ».

En ce sens, Le langage est un genre dont la parole (extérieure) est une espèce ; 2) En tant que la parole désigne l'acte individuel par lequel s'exerce la fonction langage (une parole, des paroles).

Aussi la parole ne suppose pas forcément la voix ; en effet, un sourd-muet ne peut certes pas émettre de sons mais il dit bien quelque chose à quelqu'un par l'intermédiaire de gestes. b.

Langage s'emploie fréquemment en opposition à langue, pour distinguer la fonction de s'exprimer par la parole, en général, de tel ou tel système linguistique fixé dans une société donnée.

On oppose ainsi à la question de l'origine du langage (dans l'humanité), celle de l'origine de telle ou telle langue, comme le français ou l'anglais.

La langue est un système d'expression verbale de la pensée comportant un vocabulaire et une grammaire définis, relativement fixes, constituant une institution sociale durable, qui s'impose aux habitants d'un pays, et demeure presque complètement indépendante de leur volonté individuelle.

On parle aussi de la langue comme de la manière d'écrire d'un auteur. II.

le langage ou l'expression d'une affectivité universelle a.

Rousseau a montré, au début de son Essai sur l'origine des langues, que le langage articulé est une fonction d'expression et de communication liée à la pensée, spécifiquement humaine. La possibilité de parler ne se réduit pas aux dispositifs neurobiologique et organique, qui en sont certes une condition : « L'invention de l'art de communiquer nos idées dépend moins des organes qui nous servent à cette communication que d'une faculté propre à l'homme, qui lui fait employer ses organes à cet usage ».

Ainsi peut être émise l'idée que la pensée précède le langage.

On pense ordinairement que le langage est bien un véhicule pour la pensée.

Mais pourquoi la pensée a-t-elle besoin de cet intermédiaire qu'est le langage ? A défaut de trouver une réponse sûre à la question de l'origine du langage, on en vient à réfléchir sur sa fonction.

Se demander, par exemple, quels types de besoins ont permis de satisfaire les premières manifestations du langage articulé, c'est en tout cas postuler que parler est pour l'homme, et dès l'origine, une nécessité.

Or des travaux récents d'anthropologues et de biologistes (Leroi-Gourhan et Monod par exemple) ne démentent pas les spéculations de Rousseau. b.

Rousseau, dans l'œuvre indiquée ci-dessus, affirme que l'opinion selon laquelle les hommes inventèrent la parole pour exprimer leurs besoins, n'est pas recevable.

Ainsi, « Ce n'est ni la faim, ni la soif, mais l'amour, la haine, la pitié, la colère, qui leur ont arraché les premières voix » (chap.

II, 1781).

La parole est issue des passions, des besoins moraux, et non de besoins physiologiques.

On peut se nourrir sans parler, ou poursuivre une proie en silence, « mais pour émouvoir un jeune cœur, pour repousser un agresser injuste, la nature dicte des accents, des cris, des plaintes.

Voilà les plus anciens mots inventés, et voilà pourquoi les premières langues furent chantantes et passionnées avant d'être simples et méthodiques ».

Dès lors, on comprend que les premières langues sont nées avec les passions. III.

le langage comme utilité sociale et vecteur de culture. a.

Dans la Traversée du miroir, L.

Carroll rapporte un dialogue entre Alice et un moustique.

Le moustique faisait remarquer à Alice qu'il était inutile pour les insectes d'avoir des noms, puisqu'ils étaient incapables d'y répondre.

A quoi Alice répond : « A eux, ça ne sert à rien, mais j'imagine que cela a une utilité pour les gens qui les nomment. Autrement pourquoi les choses auraient-elles des noms ? ».

Si ce n'était pas un insecte, Alice aurait pu expliquer à son interlocuteur que parler est le moyen premier et essentiel dont les hommes disposent pour maîtriser le monde, nommer les choses et les idées.

Et la maîtrise symbolique du monde par le langage (classer et utiliser des connaissances), c'est la culture.

Et des analyses montrent que la culture (comme langue) occupe un statut privilégié, puisque la façon dont une langue est organisée coïncide avec l'organisation de l'ensemble de la culture.. »

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