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«On ne fait pas ce que l'on veut et cependant on est responsable de ce qu'on est» - SARTRE

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«On ne fait pas ce que l'on veut et cependant on est responsable de ce qu'on est» - SARTRE

« Thème 526 «On ne fait pas ce que l'on veut et cependant on est responsable de ce qu'on est» - SARTRE VOCABULAIRE SARTRIEN: Liberté : ce n'est pas une propriété parmi d'autres de l'homme, c'est l'étoffe même de son existence, qui renvoie à cette indétermination (« l'existence précède l'essence ») et à cette ouverture aux possibles qui caractérisent la réalité humaine.

Selon une formule récurrente de Sartre, « l'homme est condamné à être libre ».

De cette liberté découle sa responsabilité.

Elle s'éprouve dans l'angoisse. Responsabilité : découle de la liberté humaine et est aussi radicale que celle-ci.

Satire prend le mot au sens courant de « conscience d'être l'auteur incontestable d'un événement ou d'un objet » (EN, p.

612), à condition d'ajouter que nous sommes toujours, quoi qu'il nous arrive, responsables de nous-mêmes en tant que manière d'être et du sens que nous donnons au monde par nos choix. «On ne fait pas ce que l'on veut et cependant on est responsable de ce qu'on est». Cette affirmation paradoxale est au centre de la philosophie sartrienne qui s'efforce de concilier deux approches partielles de la réalité humaine que l'opinion commune juxtapose sans en dégager la portée véritable : conscience de toutes les déterminations auxquelles il est difficile, voire impossible d'échapper, et affirmation pourtant de la responsabilité pleine et entière de ce que l'on est. Il ne faut pas interpréter cette formule dans un sens stoïcien.

Pour le stoïcisme, l'esclave peut être beaucoup plus libre que le maître ; certes, il ne fait rien de ce qu'il veut, mais il connaît la plénitude de la liberté intérieure ; il est maître des choses par le jugement qu'il pose sur elles.

Or ce n'est pas ainsi que Sartre pose le problème ; d'abord, il refuse à l'existence humaine tout fondement métaphysique (Dieu, les Idées, l'Inconditionné) ; il se place d'emblée au niveau de la conscience dans sa réalité subjective.

Mais il considère que la conscience n'existe pas en soi : « Toute conscience est conscience de quelque chose » et « l'existence pour l'homme précède l'essence » ; le terme même d'existence révélant ce mouvement de sortie de soi (de l'intériorité). Il n'y a pas d'âme, pas d'essence qui tantôt imagine, tantôt veut, tantôt agit, tantôt perçoit : l'homme n'est pas son âme (sa pensée), il n'est que ce qu'il fait.

Ce n'est pas dans le rapport de l'être et de la volonté que se situe la liberté humaine, puisque l'être peut se définir comme projet.

Si l'on n'est que ce que l'on veut, ce que l'on projette d'être, comment ne pas faire ce que l'on veut? L'esclave, pour Sartre, est libre mais pas du tout au sens où l'entendent les Stoïciens, car il est absurde d'opposer la liberté intérieure et la liberté de l'action.

L'esclave a dans l'action même, un choix à effectuer : il peut se lancer dans la révolte, il peut choisir de se donner la mort, tenter l'évasion.

Il peut aussi choisir la servitude. Pourtant, l'objection paraît évidente ; l'esclave ne choisit pas sa condition d'esclave.

«On ne fait pas ce que l'on veut».

C'est-à-dire que nous sommes CONTINGENCE : Est contingent ce qui n'est pas nécessaiez, cad ce qui est mais qui pourrait ne pas être.

Ce dont on ne voit pas la cause paraît donc contingent, puisqu'il n'y a pas de raison apparente à son être. contingents ou que la vie est absurde.

Nous sommes en effet façonnés par un monde historique que nous ne choisissons pas ; nous sommes nés à une époque donnée dans un contexte social donné, et nous n'y pouvons rien.

S'il a 20 ans quand la mobilisation générale l'envoie au front combattre l'ennemi, pèse sur lui une série de contingences : c'est un homme, on ne mobilise pas les femmes dans son pays, il est citoyen d'un pays en guerre, donc mobilisable et à ce titre, tous ses projets sont suspendus, et il court même le risque absolu : celui de sa mort. Si tu avais été juif en 1936 en Allemagne, c'est en tant que juif que tu aurais été, que tu le veuilles ou non, déterminé au pire sens du terme, objet de menaces, de pressions...

là aussi jusqu'à la mort. D'une manière plus profonde, plus insidieuse parce que plus intérieure, je ne me choisis pas : je suis petit ou grand, laid ou beau, intelligent ou stupide, je ne peux rien changer dans mon hérédité, de mon passé, de mon enfance. « On ne fait pas ce que l'on veut » signifie simplement que l'on ne choisit ni le monde dans lequel on se trouve jeté, ni sa propre personne.

C'est ici que s'ouvre le champ de la liberté, la faculté de se choisir non « dans son être» mais dans «sa manière d'être», c'est-à-dire dans la façon dont « j'assume » mon être.

La liberté n'est pas le privilège de quelques-uns, ce n'est pas une conquête, on ne peut pas ne pas être libre : on «est condamné à être libre». Rappelons l'exemple précédent : celui qui a 20 ans quand survient l'ordre de mobilisation est libre de déserter, de se suicider, donc de proclamer que cette guerre n'est pas la sienne et qu'il ne la veut pas. C'est «la bonne conscience», le conformisme, la peur de l'engagement personnel qui se masquent sous les mots de devoir, de légalité et de nécessité.

Dans une guerre, si l'on excepte les enfants, « il n'y a pas de victimes innocentes ».

Selon une même logique, Simone de Beauvoir a écrit : « on ne naît pas femme, on le devient ».

Ce qui ne signifie pas, bien sûr, qu'une femme est biologiquement semblable à un homme, mais que des millénaires de civilisation l'ont persuadée qu'elle devait se soumettre, qu'elle était inférieure. La détermination qui limite notre liberté n'a pas de sens en elle-même, elle n'a que le sens que nous lui conférons.

La notion d'obstacle à la volonté est purement subjective : de même qu'un rocher peut être (selon ce que je compte en faire) un obstacle sur mon chemin, un refuge derrière lequel je puis me cacher ou un moyen d'observation du paysage, de même le fait que je sois né à telle époque, dans tel milieu, petit ou grand, laid ou beau...

peut paralyser ou stimuler mon effort.

L'inauthenticité serait de ne pas choisir, de se «laisser choisir» par les valeurs de son milieu, par une inclination du caractère, par ses passions. En un certain sens, la liberté de l'homme est absolue, mais elle n'existe «qu'en situation», c'est-à-dire face à toutes les déterminations qui peuvent jouer tant de l'extérieur que de l'intérieur.. »

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