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N'y a-t-il de réel que le présent ?

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« [Le réel c'est ce que les choses sont et non pas ce qu'elles ont été, ce qu'elles auraient pu être ou ce qu'elles seront.

Il n'y a donc de réel qu'au présent de l'indicatif lorsque je peux dire: «cela est».] Seul existe le présent Mon présent, en fait, se déplace vers l'avenir et vers le passé.

Il leur est indissolublement uni et forme avec eux un système.

Le moment présent, loin de représenter une île séparée du devenir, est inextricablement mêlé à mon passé et à mon avenir.

En cette seconde acception, le présent cesse d'être néant et apparaît gros d'une épaisseur et d'une durée.

Alors il devient peut-être possible de vivre au présent. Car il est un pré sent où pénètrent les moments hétérogènes de notre vie, un présent proche de cette durée bergsonienne, du temps vécu, par opposition au temps objectif.

La durée intérieure, dont nous parle Bergson, est la vie continue d'une mémoire qui prolonge le passé dans le présent.

Sans cette survivance du passé dans le présent, il n'y aurait pas de durée, mais seulement de l'instantanéité.

En d'autres termes, pour comprendre le présent, pour tenter de voir s'il est contradictoire ou au contraire, possible, de vivre au présent, il est bel et bien nécessaire de saisir cet ensemble où présent, passé et futur forment une unité indissociable. Or, en mon « immédiateté » d'aujourd'hui, s'opère bel et bien un dépassement vers l'avenir et le passé : le présent les « touche » littéralement, encore que cette métaphore spatiale du toucher soit peut-être inadéquate.

Le présent est acte, union, unification.

Loin de désigner une ligne idéale, une limite, il s'identifie à un ensemble actif.

Le présent est organisation de thèmes, fusion intime des états.

Loin d'être instant, il est mouvement et progrès continu.

Écoutons ici Matière et Mémoire : « Vous définissez arbitrairement le présent ce qui est, alors que le présent est simplement ce qui se fait.

Rien n'est moins que le moment présent, si vous entendez par là cette limite indivisible qui sépare le passé de l'avenir.

Lorsque nous pensons ce présent comme devant être, il n'est pas encore ; et quand nous le pensons comme existant, il est déjà passé.

Que si, au contraire, vous considérez le présent concret et réellement vécu par la conscience, on peut dire que ce présent consiste en grande partie dans le passé immédiat.

» (Bergson, op.

cit., PUF, p.

165). Ainsi se dévoile un présent concret, et non plus abstrait : un présent où prend place une multitude d'éléments, un présent désormais conçu comme progrès.

Pourquoi, dès lors, serait-il impossible de « vivre au présent » ? Dans cette seconde perspective, il n'est plus contradictoire d'exister au sein du présent.

Quand nous nous transportons par l'imagination en un moment qui n'est pas encore, alors nous vivons dans le présent, qui marque notre participation à tout un ensemble.

Vivre au présent, c'est ainsi expérimenter la richesse de la conscience, non plus au sens où Gide nous y invite, mais en une nouvelle acception. Il redevient donc possible de vivre au présent car, alors, le présent se confond avec la présence de la conscience au monde et au temps.

Vivre au présent, c'est s'arracher à soi-même, sans cesse, et se projeter vers une totalité.

Le présent s'avère, dans cette perspective, l'unité des trois dimensions temporelles constitutives de la conscience.

Mais, en cette unité, ne pouvons-nous, précisément, aller encore au-delà de cette « durée » que nous venons de décrire ? Ne peut-on attribuer au présent un caractère que nous n'avons point mentionné ? Notre analyse du présent ne peut-elle s'enrichir de dimensions encore insoupçonnées ? Le passé n'est plus, l'avenir n'est pas encore "Les choses futures ni les choses passées ne sont point, et c'est improprement que l'on dit : il y a trois temps, le passé, le présent, le futur, mais sans doute dirait-on correctement : il y a trois temps, le présent des choses passées, le présent des choses présentes, le présent des choses futures.

Car ces trois sortes de choses sont bien dans l'âme et je ne les vois point ailleurs : la mémoire présente des choses passées, la conscience présente des choses présentes et l'attente présente des choses futures.

Si l'on nous permet de parler ainsi, alors je vois trois temps et j'accorde qu'il y en a trois. Que l'on dise encore : il y a trois temps, le passé, le présent, le futur, selon un usage abusif, soit ! Je n'en ai cure, je ne m'y oppose pas ni ne le blâme, pourvu toutefois que l'on comprenne ce que l'on dit, à savoir que ni ce qui est futur ne soit déjà, ni que ce qui est passé ne soit encore." SAINT AUGUSTIN § 1.

Étude ordonnée du texte Relevant un abus de langage qui parle indûment de trois temps, le passé, le présent.

le futur, saint Augustin montre que le temps se présente à la conscience comme une triple présence, sous la forme de la mémoire, de. »

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