Aide en Philo

N'y a-t-il aucune vérité dans le mensonge ?

Extrait du document

« 1) Introduction Il s'agit ici de confronter la vérité au mensonge pour savoir si l'un a plus de valeur que l'autre, et plus exactement si l'un est absolument le contraire de l'autre.

Qu'est-ce qui les distingue ? Qu'est-ce qui les sépare ou éventuellement les rapproche ? Le mensonge, c'est le fait d'omettre volontairement la vérité.

Le mensonge est donc la négation consciente de la vérité, car lorsqu'on ment, on sait ce qui est vrai, mais on ne le dit pas.

Vous voyez donc que le mensonge implique une relation à autrui tout à fait particulière : chaque fois que je mens, je pars du principe que je ne dois pas la vérité à autrui, que la vérité est une valeur dont je peux parfois me dispenser, par intérêt, par peur, bref par un manque de sens moral.

En ce sens, le mensonge en dit beaucoup sur celui qui ment.

Par exemple, il peut signifier des blocages, des peurs, des refoulements.

Dans certains quand lorsque l'on se ment à soi-même, c'est tout un malaise que l'on exprime, une difficulté à être soi-même.

On pourrait donc dire que le mensonge est toujours symptomatique d'un problème qu'il manifeste.

Mais on peut aller au-delà en affirmant que le mensonge nous apprend aussi que l'homme peut choisir le faux, se déterminer pour le ce qui n'est pas vrai, ce qui est le signe de sa liberté. Cela étant, est-ce que le mensonge, par ce qu'il nous apprend, a la même valeur que la vérité elle-même, en tant que celle-ci interpelle la raison humaine ? Sans doute non.

En ce sens la vérité du mensonge, c'est que le mensonge est le plus souvent une faiblesse, comme si la vérité du mensonge, c'était avant tout la vérité que le mensonge veut éviter.

Dans ce cas, le mensonge nous apprendrait que nous ne pouvons jamais complètement évacuer l'idée même de vérité.

Le mensonge devient alors l'aveu d'une impuissance face à une vérité que l'on reconnaît par ailleurs comme telle, et c'est précisément pour cela que l'on ment. Au sein du mensonge, discours fait dans l'intention de tromper, assertion sciemment contraire à la vérité, n'existe-til aucune adéquation du jugement et du réel ? Quand je trompe mon interlocuteur, est-ce que mon discours se meut en dehors du jugement authentique ? L'assertion mensongère ne produit-elle que du non-être ? de l'illusion ? Et si l'illusion et le réel se confondaient ? D'ailleurs le langage ne possède-t-il pas ici un rôle de démiurge ? N'est-il pas pouvoir suprême ? Tel est le problème. Quant à l'enjeu, ne se situe-t-il pas du côté de la pratique ? Ne devons-nous pas devenir grands maîtres ès illusion ? A.

Il n'y a aucune vérité dans le mensonge (thèse) La vérité, notion insaisissable et ambiguë, semble, pour l'essentiel, située du côté de ce qui est, de l'être.

Elle donne à voir le réel.

Elle paraît signifier, du moins en première approche, une adéquation avec le réel, la correspondance de la chose et de l'esprit.

Quand je dis « j'ai trouvé la vérité », il semble bien que je sois en contact avec une représentation fidèle de la chose connue.

Qu'est-ce que la vérité ? Conformité, adéquation, elle se meut dans une sphère où le réel est, sous un angle, présent. Or, voici que je mens, ce qui signifie que je produis pour l'autre une fiction.

Ainsi Tartuffe, ce faux dévot, trompe sur son rapport à la religion et à la chair.

Que fait-il ? Il entraîne son interlocuteur dans un champ imaginaire, et ce sciemment.

Il n'est pas de mensonge innocent.

Ici gît la différence entre l'illusion et le mensonge.

Tandis que, dans la première, le trompé est pris dans un piège, dans le second, il n'est point de rapport adéquat au réel et cette inadéquation est volontairement produite.

Il faut que l'autre soit induit en erreur.

Même le « pieux mensonge », inspiré par la pitié, n'est point adéquation au réel.

D'une manière générale, celui « qui vit dans le mensonge », selon la formule fameuse, existe dans l'irréalité. Et dans le champ artistique ? Ici aussi, les « mensonges » (si du moins il est permis d'employer ici ce terme, car, dans ce cas, le mensonge n'est pas réellement volontaire : c'est un « mensonge-illusion ») du roman ou de la peinture nous entraînent loin du réel, de la correspondance, loin des choses.

C'est pour cette raison que l'imaginaire nous permet d'échapper à la vie (réelle, concrète, « vraie »).

Plongé dans Les Fleurs du mal ou dans Madame Bovary, je laisse mon coeur s'enivrer du mensonge.

J'obéis à la trompeuse illusion de l'art, là où tout n'est qu'ordre et beauté.

Même quand Emma Bovary accomplit sa mort, elle met en forme le beau.

L'illusion, ce n'est point le vrai, ce n'est point la dure réalité à étreindre.

Quand le masque triomphe, l'illusion volontaire l'emporte sur la vérité. Transition Toutefois, une fiction bien réalisée devient plus vraie que nature : le mensonge se mêle à un tel point à la vie que l'on peut se demander s'il n'est aucune vérité en lui.

En créant le personnage de René, Chateaubriand n'invente-t-il pas le réel et le vrai ?. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles