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Nos paroles nous engagent-elles autant que nos actes ?

Extrait du document

« La notion d'engagement a des implications tant juridiques que morales.

Tout être vivant en société et reconnu majeur et sain d'esprit est considéré comme responsable de ses actes : ils engagent sa responsabilité juridique, et il doit en théorie pouvoir en répondre devant un tribunal.

Peut-on conduire le même raisonnement pour le langage, alors que les conséquences de nos paroles sont généralement moins palpables que celles de nos actes ? Peut-on condamner l'auteur de menaces de mort comme on punirait un assassin ? Et dans le cas contraire, peut-on insulter son voisin ou proférer des propos racistes en toute impunité sous prétexte que nos paroles ne nous engagent pas vraiment ? L'engagement seulement verbal n'a aucune valeur s'il n'a pas été signé.

Cela veut-il dire que l'on ne s'engage pas par la parole, et qu'aucune promesse verbale ne doit être tenue ? N'y a-t-il pas un engagement moral par la parole, qui devrait être aussi fort que celui des actes ? Comment un acte nous engage-t-il ? Quelle valeur a l'expression : " Faites ce que je dis, mais pas ce que je fais " ? Les paroles ne sont-elles pas plus fiables que les actes (rôle de l'inconscient dans cette non-fiabilité) ? Introduction: Lorsqu'un homme politique fait des promesses électorales, beaucoup de sceptiques répliquent qu'ils attendent de voir les actes: les paroles ne coûtent pas cher et n'engagent que ceux qui les écoutent, comme dit le dicton populaire.

Et pourtant, lorsqu'on donne sa parole d'honneur, on s'engage de façon solennelle.

Peut-on dire que nos paroles nous engagent tout autant que nos actes ? Cette question nous invite à réfléchir à la fois sur le poids que nous accordons à nos paroles, et sur le statut même de la parole parmi les actes humains en général.

Les paroles, qui ne transforment pas physiquement le monde, sont-elles des actes à part entière, ou seulement du vent, des sons véhiculant une informant pour un échange intellectuel sans aucune effectivité ? Nous verrons tout d'abord pourquoi nous pouvons considérer que les paroles sont bien légères par rapport aux actes; nous préciserons ensuite ce qui, souvent, donne aux paroles un poids particulier; nous nous demanderons enfin dans quelle mesure l'opposition entre paroles et actes est valables: les paroles ne sont-elles pas des actes à part entière, qui changent le monde au moins autant que les actes ? I.

Les paroles s'envolent... Il y a ce qu'on dit et il y a ce qu'on fait Si les paroles sont souvent accueillies avec réticence et sont considérées comme des engagements moins fermes que les actes, c'est qu'effectivement nous annonçons bien souvent des intentions que nous ne concrétisons pas.

« On se téléphone et on déjeune, à très bientôt ! » : un tel engagement n'est pas nécessairement hypocrite, mais il est le plus souvent stérile.

Notre capacité de discours dépasse très largement notre capacité d'action. Théorie et pratique De plus, le discours se situe toujours partiellement dans l'abstraction nous faisons abstraction de bien des conditions concrètes, et nous parlons en un temps qui n'est pas encore celui du passage à l'acte; l'heure de vérité n'a pas encore sonné.

On peut donc dire que nos paroles sont des annonces qui ne valent rien avant le temps de la réalisation. Un problème juridique Enfin, dans un cadre plus spécifiquement juridique et dans une civilisation de l'écrit, l'engagement « purement verbal » a bien moins de portée qu'un « acte » notarial signé : c'est le document écrit qui est considéré comme acte, non la simple parole. II.

mais les mots ont un poids... Et pourtant, si l'on tente de justifier la trahison d'un engagement en disant simplement que « les paroles s'envolent », cette raison est souvent refusée : la parole donnée ne peut être si aisément reprise. « C'est dit, c'est dit » Il faut d'abord sortir un peu du cadre habituel de notre civilisation de la trace écrite et nous représenter le fait que, dans bien des cultures, la parole donnée, étant prononcée par le sujet lui-même alors qu'un texte peut être falsifié, avait bien plus de valeur qu'un document : c'était le cas par exemple de la Grèce antique ou de Rome.

Encore maintenant, le fait d'avoir déclaré une intention est souvent reçu comme un engagement à la réaliser, même si elle n'avait été évoquée que par plaisanterie. Dire et être entendu C'est que nous ne sommes pas totalement maîtres du sens que donnent à nos paroles ceux qui les entendent ; nous ne sommes par conséquent pas non plus toujours maîtres de nos engagements.

Je peux me retrouver lié par le sens qu'autrui donne à une parole dite à la légère.

L'interprétation qu'autrui fait de mes paroles peut m'entraîner dans des logiques tout à fait imprévues.. »

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