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Nietzsche: Travaille-t-on uniquement pour survivre ?

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Dans les pays civilisés presque tous les hommes maintenant sont égaux en ceci qu'ils cherchent du travail en vue du salaire ; pour eux tous, le travail est un moyen et non le but lui-même ; c'est pourquoi ils mettent peu de finesse au choix du travail, pourvu qu'il procure un gain abondant. Or il y a des hommes rares qui préfèrent périr plutôt que de travailler sans que le travail leur procure de la joie : ils sont minutieux et difficiles à satisfaire, ils ne se contentent pas d'un gain abondant, lorsque le travail n'est pas lui-même le gain de tous les gains. De cette espèce d'hommes rares font partie les artistes et les contemplatifs de toute espèce, mais aussi ces désoeuvrés qui consacrent leur vie à la chasse, aux voyages ou bien aux intrigues d'amour et aux aventures. Tous ceux-là cherchent le travail et la peine lorsqu'ils sont mêlés de plaisir, et le travail le plus difficile et le plus dur, si cela est nécessaire. Mais autrement ils sont d'une paresse décidée, quand même cette paresse devrait entraîner l'appauvrissement, le déshonneur, des dangers pour la santé et pour la vie. Ils ne craignent pas pour autant l'ennui que le travail sans plaisir : il leur faut même beaucoup d'ennui pour que leur propre travail puisse leur réussir. Pour le penseur et pour tous les esprits inventifs l'ennui est ce désagréable calme plat de l'âme qui précède la course heureuse et les vents joyeux ; il leur faut le supporter, en attendre l'effet à part eux : c'est cela précisément que les natures moindres n'arrivent absolument pas à obtenir d'elles-mêmes ! Chasser l'ennui de n'importe quelle façon est aussi vulgaire que travailler sans plaisir. Les Asiatiques se distinguent peut-être en cela des Européens qu'ils sont capables d'un repos plus long et plus profond que ceux-ci [...].

« ietzsche: Dans les pays civilisés presque tous les hommes maintenant sont égaux en ceci qu'ils cherchent du travail en vue du salaire ; pour eux tous, le travail est un moyen et non le but lui-même ; c'est pourquoi ils mettent peu de finesse au choix du travail, pourvu qu'il procure un gain abondant.

Or il y a des hommes rares qui préfèrent périr plutôt que de travailler sans que le travail leur procure de la joie : ils sont minutieux et difficiles à satisfaire, ils ne se contentent pas d'un gain abondant, lorsque le travail n'est pas luimême le gain de tous les gains.

De cette espèce d'hommes rares font partie les artistes et les contemplatifs de toute espèce, mais aussi ces désoeuvrés qui consacrent leur vie à la chasse, aux voyages ou bien aux intrigues d'amour et aux aventures.

Tous ceux-là cherchent le travail et la peine lorsqu'ils sont mêlés de plaisir, et le travail le plus difficile et le plus dur, si cela est nécessaire.

Mais autrement ils sont d'une paresse décidée, quand même cette paresse devrait entraîner l'appauvrissement, le déshonneur, des dangers pour la santé et pour la vie.

Ils ne craignent pas pour autant l'ennui que le travail sans plaisir : il leur faut même beaucoup d'ennui pour que leur propre travail puisse leur réussir.

Pour le penseur et pour tous les esprits inventifs l'ennui est ce désagréable calme plat de l'âme qui précède la course heureuse et les vents joyeux ; il leur faut le supporter, en attendre l'effet à part eux : c'est cela précisément que les natures moindres n'arrivent absolument pas à obtenir d'elles-mêmes ! Chasser l'ennui de n'importe quelle façon est aussi vulgaire que travailler sans plaisir.

Les Asiatiques se distinguent peut-être en cela des Européens qu'ils sont capables d'un repos plus long et plus profond que ceux-ci [...]. Avez-vous compris l'essentiel ? 1 Comment la plupart des hommes considèrent-ils le travail ? 2 La paresse est-elle un manque de courage ? 3 Travail et plaisir sont-ils liés ? Réponses: 1 - Non comme le but de leur vie, mais uniquement comme un moyen – en lui-même indifférent – de survivre ou de mieux vivre.

Ils ne visent pas le travail comme tel, mais comme un gain qui lui est extérieur. 2 - Pas forcément.

Elle peut signifier la résistance d'esprits qui refusent la dimension avilissante de certains travaux, et cela quoi qu'il en coûte.

Par ailleurs, elle exige la capacité d'affronter l'ennui, ce dont peu de gens sont vraiment capables. 3 - Ce n'est le cas que pour quelques rares individus, qui trouvent un plaisir dans leur travail – fût-il du reste très dur, car le plaisir en question n'est pas dans la facilité.

Pour la majorité des gens cependant, ces deux notions restent complètement étrangères et elles s'y résignent : il ne leur reste qu'à chercher des satisfactions et des joies vulgaires, en dehors de la sphère du travail. Thèse : Pour Nietzsche, le refus d’un travail sans passion ni intérêt, la recherche de l’oisiveté et l’acceptation de l’ennui sont les éléments permettant la réflexion et la création, et les critères distinguant les âmes supérieures. C’est à une inversion des valeurs qu’il procède ici, la société judéo-chrétienne mettant l’accent sur la valeur que représentent le travail et l’effort.

Or pour Nietzsche, cette conception est appauvrissante et abêtissante. I – Deux conceptions du travail Dans les pays civilisés presque tous les hommes maintenant sont égaux en ceci qu'ils cherchent du travail en vue du salaire ; pour eux tous, le travail est un moyen et non le but lui-même ; c'est pourquoi ils mettent peu de finesse au choix du travail, pourvu qu'il procure un gain abondant. • C’est une conception communément admise du travail que Nietzsche décrit ici, avec ironie.

L’égalité dont il est question n’est pas une égalité politique, source de liberté, mais une égalité dans la médiocrité et source d’asservissement. • Dans cette conception, le seul but du travail est de survivre (le gain qui permet de se nourrir).

Il est ni créatif ni récréatif, n’apporte rien d’autre au travailleur que de l’argent.

Il s’agit bien de survivre et non de vivre, si l’on considère que « vivre » comporte une part de réjouissance, de réflexion et de création.. »

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