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Nietzsche et la mort de Dieu

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Où est allé Dieu ? Je vais vous le dire ! Nous l'avons tué - vous et moi ! Nous sommes tous ses assassins ! Nietzsche

« Où est allé Dieu ? Je vais vous le dire ! Nous l'avons tué - vous et moi ! Nous sommes tous ses assassins ! « Ce tout ce qui est écrit, je n'aime que ce que l'on écrit avec son sang.

» Cette phrase de Nietzsche suffit à caractériser son œuvre.

Car, même si Nietzsche a beaucoup lu, le véritable laboratoire de sa pensée est son propre vécu.

D'où une pensée angoissée, lucide, qui oscille entre le pessimisme et la gaieté.

Une pensée éclatée, contradictoire.

Un immense pied de nez à la morale hypocrite, à l'érudition bête, à l'Etat oppresseur.

Une entreprise de Nietzsche est totalement originale dans l'histoire de la philosophie occidentale.

Que se propose-t-il, en effet, sinon, dans une philosophie « à coups de marteau », de « briser les vieilles tables », de « surmonter la métaphysique », de « surmonter les philosophes par l'annihilation du monde de l'être » ? Pourquoi ? Parce que ce monde fictif a nié la vie terrestre, en faisant croire qu'elle n'était rien. Les philosophes « essentialistes » et les prêtres ont dévalorisé la vie, le corps, les instincts.

Ils ont accolé à leur œuvre de nihilisation de l'idée de Dieu, de Vérité, de Bien.

Ces valeurs, assumant un rôle répressif, exténuent en l'homme « le vouloir-vivre ».

C'est ce pessimisme qui a engendré le « dernier homme », las, épuisé, qui voudrait mourir, se fondre dans « le grand néant ».

C'est pourquoi Nietzsche se sépare de Schopenhauer, philosophe qui affirme que le fond de toute vie est souffrance, qui prône la sanctification par la douleur, qui affirme la béatitude de la mort.

A ce nihilisme passif, Nietzsche oppose un nihilisme actif afin de détruire tout ce qui s'oppose à la vie. Dans « Ainsi parlait Zarathoustra », qui est son œuvre la plus célèbre, publiée au cours des années 18831885, on voit Zarathoustra redescendre de la montagne où il est resté dix ans, se nourrissant de sagesse et de solitude.

Dix ans au cours desquels il a laissé le feu couver sous la cendre.

Et voici qu'il veut maintenant embraser le monde des hommes, proclamer la nouvelle qui le réjouit.

Cette nouvelle ce n'est pas moins que « la mort de Dieu ».

Nouvelle déjà proclamée, pour la première fois, par un insensé, au livre troisième du « Gai savoir » (1882) : « N'avez-vous pas entendu parler de cet homme insensé qui, ayant allumé une lanterne en plein midi, courait sur la place du marché, criant sans cesse : Je cherche Dieu Je cherche Dieu! - Et comme là-bas se trouvaient précisément assemblés beaucoup de ceux qui ne croyaient pas en Dieu, il provoqua une grande hilarité.

L'a-t-on perdu ? dit l'un.

S'est-il égaré comme un enfant ? dit un autre.

Ou bien se cache-t-il quelque part ? A-t-il peur de nous ? S'est-il embarqué ? A-t-il émigré ? L'insensé se précipita au milieu d'eux et les perça de ses regards.

Où est allé Dieu ? cria-t-il, je vais vous le dire! Nous l'avons tué - vous et moi! Nous sommes tous ses assassins ! » Nietzsche est convaincu que l'humanité est arrivée au seuil d'une nouvelle période que l'on pourrait qualifier de nihiliste et qui se caractérise par l'apparition d'immoralistes, de libres penseurs qui vivent en marge de la religion, mais aussi et surtout par une irréligiosité pratique chez une majorité d'hommes - irréligiosité induites par la vie moderne et l'habitude du travail qui a détruit de génération en génération « l'instinct religieux ». Au siècle du « positivisme » scientifique, de l'industrialisation et des révolutions politiques, la croyance au Dieu chrétien est tombée en discrédit.

« Dieu est mort », c'est d'abord un fait, une évidence.

Tant que valait le christianisme, l'homme savait pourquoi il était là, il pouvait donner un sens à sa souffrance, combler le vide, « la porte se fermait à un nihilisme suicidaire ».

Certes, tout cela s'accompagnait d'un renoncement à la vie, mais ce «nihilisme passif » restait une volonté, car « l'homme préfère le néant à ne rien vouloir ». Dieu mort, la fameuse question de Schopenhauer: « L'existence a-t-elle un sens ? », prend toute sa force. Et il insensé, dans « Le Gai savoir », de s'écrier: «Comment avons-nous pu vider la mer ? Qui nous a donné l'éponge pour effacer l'horizon tout entier ? Qu'avons-nous fait, à désenchaîner cette terre de son soleil ? » La mort de Dieu, c'est la disparition de la « mer » et du « soleil », de l'horizon tout entier.

Et en ce siècle de « vide » ou de « néant infini », toute l'ingéniosité des hommes consiste à découvrir l'ivresse dans la musique, l'enthousiasme aveugle pour des hommes singuliers ou des événements ; ou bien, plus modestement, dans le travail sans relâche, le sacrifice de soi à la science ou à un parti politique.

En fait, au lieu de croire en Dieu, on ne croit provisoirement en rien.

Alors, pourquoi Nietzsche présente-t-il la mort de Dieu comme un événement joyeux, comme un événement énorme, sans précédent dans l'histoire des hommes.

C'est un événement joyeux, parce que c'est la fin de la croyance en un monde transcendant au nôtre, la fin du dualisme, c'est-à-dire de l'opposition entre l'ici-bas et l'au-delà, entre l'âme et le corps.

C'est donc la fin de toute une culture négatrice, nihiliste, qui dévalons ait ce monde, le corps, la vie.

C'est la fin de la « moraline » judéochrétienne, du ressentiment, de l'esprit de vengeance, de ces contraintes qui écrasaient les hommes.

C'est précisément tout ce qui s'oppose à L'affirmation de la vie et que Nietzsche veut détruire qui est en train de. »

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