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N'exprime-t-on que ce dont on a conscience?

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Adopter l'hypothèse de l'inconscient permet de comprendre et de guérir, c'est un gain de sens et de pouvoir. Le but de la psychanalyse est alors de faire en sorte que l'individu, au lieu de subir les forces qu'il ignore et ne contrôle pas , puisse recouvrer sa liberté. En effet, la psychanalyse découvre que « Je est un autre » pour reprendre Rimbaud. Il y a en moi un autre , un ensemble de forces, un inconscient qui me pousse à agir malgré moi. Je subis un conflit dont je n'ai pas conscience, qui est souvent la trace d'un choc vécu durant l'enfance. En ce sens je suis un être passif et agi, qui n'a ni le contrôle de lui-même, ni de son passé, un être scindé. Le but de la cure est de faire en sorte que je prenne conscience de ce conflit, que je reprenne la maîtrise de mon histoire. Au lieu de subir ce que je ne connais pas, je choisirai en toute conscience. Au lieu de la « politique de l'autruche » de l'inconscient, il y aura le choix d'un sujet maître de lui-même. Enfin, notre passage est important en ce que Freud y explique les résistances à la psychanalyse.

« Le verbe « exprimer » a pour racine étymologique le préfixe latin « ex » qui désigne toute activité d'extériorisation, un mouvement du dedans vers le dehors.

Cette considération étymologique nous permet de voir qu'exprimer est l'activité qui désigne un passage de l'intérieur vers l'extérieur dans le domaine de la pensée : il s'agit de rendre public, mondain, nos vécus intérieurs, nos perceptions intimes, nos idées.

Pour le dire d'une manière plus condensée, on appelle expression la mondanisation de l'intériorité d'un sujet (mondanisation : c'est-à-dire le mouvement qui rend mondain, public, extérieur).

Prenons garde à une conclusion rapide que nous pourrions faire : l'expression n'a pas pour unique médium le langage oral.

Il existe également une expression qui passe par le medium du corps, un langage tout aussi expressif qui peut être maitrisé (pensons à la danse) ou plus spontané (les expressions incontrôlées du visage).

De plus, il existe une expression médiatisée, c'est-à-dire qui passe par l'intermédiaire d'objets que nous avons créés, tels les artefacts de l'art.

En somme, l'expression est une activité qui passe par de multiples médiums : langage, langage du corps, productions artistiques du sujet. Quand nous disons le mot « conscience » nous faisons référence à deux objets distincts dont le premier est le moyen de l'autre : d'une part, nous désignons la faculté qu'à notre esprit de saisir ce qui se passe en nous ou en dehors de nous, c'est ce que nous nommerons « conscience psychologique ».

Et d'autre part, nous faisons référence à la conscience morale, qui vient après la conscience psychologique, quand le sujet juge de la valeur morale de son action ou de ses intentions. Si nous nous demandons si l'on exprime uniquement ce dont on a conscience, cela signifie que nous sommes invités à réfléchir exclusivement sur le premier sens du mot conscience que nous venons de définir, à savoir l'aperception de nos propres représentations, ce savoir réflexif de nos représentations.

A première vue, que l'on puisse exprimer uniquement ce dont on a conscience parait à ce point évident que la question qui nous est posée en devient presque illégitime : bien entendu que nous n'exprimons que ce dont on a conscience, car le langage n'est pas une activité spontanée, mais un effort d'extériorisation de ce dont nous savons que nous en avons connaissance. D'autre part, la conscience désigne la totalité de l'activité psychique pour certains auteurs, de sorte qu'il est en vérité impossible d'exprimer ce dont on n'a pas conscience, car en dehors de la conscience, il n'y a rien.

Mais ne faisons-nous pas fausse route en prétendant une telle chose ? Il se peut en effet que la conscience n'épuise pas la totalité de notre activité psychique, que la conscience soit déterminée par autre chose qu'elle-même, à moins que cette autre chose lui-même s'exprime. Nous nous demanderons donc si l'expression est commensurable à la conscience, ou si, au contraire, l'expression ne se limite pas aux étroites frontières de la conscience. I. a. L'expression est commensurable avec la conscience Il n'y a pas d'expression en dehors de la conscience A première vue, il n'est guère difficile de répondre à la question qui nous est posée : on n'exprime que ce dont on a conscience, car il faut nécessairement avoir conscience de ce que l'on va exprimer avant d'y parvenir.

Nous pouvons rattacher cette conception de l'expression à la philosophie du langage telle que l'a développée un philosophe comme Hegel : pour lui, c'est dans les mots que nous pensons, il n'y a pas de pensée hors du langage, puisque c'est par les mots que le sujet pensant donne une forme objective à ce que nous pensons, et les rend accessibles à notre propre conscience.

Il y a lieu de démythifier la notion « d'ineffable », le « je ne sais quoi » cher à Voltaire et à Diderot et encore à Balzac, puisque, comme l'écrit Hegel dans la Philosophie de l'Esprit : « c'est la pensée obscure, la pensée à l'état de fermentation et qui ne devient claire que lorsqu'elle trouve le mot ».

De tout ceci nous pouvons conclure qu'il n'y a pas d'expression en dehors de la conscience, car il n'y a pas de pensée en dehors des mots qui donnent forment à celle-ci.. »

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