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n'avons-nous que des préjugés ?

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« Lorsque l'on évoque le terme de préjugé, que ce soit au singulier comme au pluriel, beaucoup d'expressions nous viennent à l'esprit : il ferait ainsi toujours chaud en Grèce, ou encore les philosophes seraient des gens qui n'auraient pas les pieds sur terre, etc.

La facilité avec laquelle nous pouvons citer un certain nombre d e préjugés est à comprendre en rapport avec la définition même de ce terme : littéralement, il est ce qui a déjà été jugé- ce qui est pré-jugé.

Dans la mesure où l'homme hérite d'idées des autres, de conceptions qu'il n'a pas lui-même forgées, il peut avoir des préjugés.

Afin de répondre à la question de savoir si nous n'avons que des préjugés, il convient tout d'abord de noter d'une part que cette question présuppose que les préjugés sont ce qui se rencontre le plus fréquemment dans l'esprit humain, et d'autre part qu'elle invite non seulement à s'interroger au sujet de la question de savoir ce qu'est un préjugé, mais aussi en quoi consiste l'acte de juger qui s'y opposerait.

Qu'est-ce qui pourrait étayer l'idée selon laquelle nos idées sont toutes irréfléchies sans restriction ? Et si nous n'avons pas que des préjugés, quelle est la nature de ce qui peut prendre leur place ? I- Tant que nous ne cherchons pas la vérité, nous n'avons que des préjugés, c'est-à-dire des opinions. A- Les préjugés sont des idées irréfléchies et qui peuvent ne pas être mauvaises, mais qui ne sont cependant pas vraies. 1-Selon Platon, notamment dans la République, les idées irréfléchies sont ce qu'on peut appeler des opinions (doxa). 2- Or, ces opinions ne sont pas des connaissances (vraies).

Si elles peuvent être justes, c'est le fruit du hasard.

Cf.

« l'opinion droite »qui décrit les choses telles qu'elles sont mais dont on ne peut pas rendre raison. B- Or, toujours d'après Platon, la plupart des hommes n'ont que des opinions, et non des connaissances. 1- C'est ce qu'on lit dans le fameux mythe de la Caverne, toujours dans la République. 2- Seuls ceux qui recherchent la vérité, les « naturels philosophes »selon Platon pourront peut-être être délivrés de ces préjugés et non pas les hommes qui ne cherchent pas à savoir ce que sont les choses au-delà des apparences. C- Les hommes n'auraient ainsi, sans le savoir, que des préjugés. 1- Ils peuvent penser être exempts de préjugés : cependant, ils ne savent pas qu'ils sont ignorants. 2- Cela veut dire qu'ils n'accèdent pas à la sagesse socratique, d'après laquelle le commencement du savoir(et de la délivrance des préjugés) est de savoir que l'on ne sait rien. II- Dans la mesure où nous pouvons penser par nous-mêmes, nous n'avons pas que des préjugés. A- Nous n'avons pas seulement des préjugés dans la mesure où nous pouvons essayer de réfléchir. 1- Au lieu des « naturels philosophes », Kant parle d'hommes raisonnables et autonomes.

Tout homme, en faisant l'effort de réfléchir, se libère de ses préjugés. 2- En pensant par nous-mêmes, nous n'avons pas de préjugés, mais nous jugeons, et c'est à la portée de l'homme dans la mesure où il est raison.

Exemple de préjugé cité par Kant : la superstition, qui s'oppose à la raison. B- On peut ainsi opposer aux préjugés le jugement.

Qu'est-ce à dire ? 1- Juger, cela n'est pas qu'évaluer les actes d'un homme dans un tribunal par exemple.

C'est synonyme de considérer par soi-même un événement, acte...en fonction de critères définis., Ex.

Juger la pertinence d'un énoncé. 2- Le jugement n'a pas donc qu'une valeur morale.

Juger, c'est aussi réfléchir, exercer son esprit critique. C- C'est finalement la raison qui apparaît comme opposée aux préjugés. 1- La raison est alors synonyme de jugement s'ils correspondent à l'acte de fonder ce que l'on pense et dit. 2- Le préjugé appartiendrait en ce sens à l'ordre de ce qui n'est pas rationnel, et c'est souvent en ce sens que le sens commun comprend le préjugé.

Ex.

les préjugés sur les femmes blondes. III- Est-ce que, parce que nous sommes des êtres raisonnables, nous pouvons cependant affirmer que nous pouvons n'avoir aucun préjugé ? A- Etre raisonnable, c'est avoir une raison dont on peut user, mais dont on ne se sert pas toujours. 1- Nous pouvons tenter de ne pas avoir de préjugés, cependant, nous avons des désirs et penchants qui peuvent nous empêcher de bien juger. 2-Ne pas avoir de préjugé est un IDEAL qu'il faut chercher à atteindre selon Kant dans Qu'est-ce que les Lumières ?, c'est une exigence, pas un état de fait. B- Nous avons beaucoup de préjugés. 1-Nous n'avons pas toujours le loisir de juger par nous-mêmes : il faut parfois agir sans délai, et alors, les préjugés sont présents et utiles. 2-Descartes, dans sa « morale par provision », montre que nous avons beaucoup de préjugés, c'est-à-dire d'avis sur les choses, les gens, dont nous héritons de notre famille et de la société où nous vivons. C- Mais nous n'avons pas QUE des préjugés. 1-L'être humain reçoit toujours des idées et jugements des autres.

Il est enfant avant que d'être homme, et ne serait-ce que par ce biais, il peut acquérir des préjugés.(Descartes) 2-Mais il a la possibilité de les remettre en question : c'est pourquoi on peut critiquer la restriction dans l'énoncé « N'avons-nous que des préjugés ? ». Conclusion Nous pouvons ainsi affirmer que nous n'avons que des préjugés dans la mesure où nous avons des opinions, des idées irréfléchies, et en ce sens en ceci que l'homme est toujours lié à autre chose (ou à d'autres personnes) qu'à soi(tradition,famille, amis, concitoyens...). Cependant, en tant qu'êtres raisonnables, pouvant penser nos pensées, nous, êtres humains, n'avons pas que des préjugés : nous avons des idées fondées, des raisonnements réfléchis.

Peut-on cependant affirmer que nous pouvons ne plus avoir de préjugés ?. »

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