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MOURIR POUR UNE CAUSE PLAIDE-T-IL EN FAVEUR DE CETTE CAUSE ?

Extrait du document

« Problématique: C'est l'argument dit "du sacrifice".

On peut se sacrifier pour une cause juste, mais on peut se tromper sur sa légitimité.

Dire que des hommes ou des femmes se sont sacrifiés ne prouve rien, et peut même cacher le secret sentiment de l'inutilité profonde de leur propre vie.

de sorte que la "cause" n'est qu'un prétexte. [La valeur d'une cause que l'on défend au risque de sa vie est au-delà de toute critique.

Par sa mort, le héros prouve que cette cause était juste.

Sa mort prouve la puissance de l'idéal qui est indestructible.] La cause défendue est plus digne que la vie Lorsque l'homme fait le choix de la mort, il s'oppose à ses inclinations naturelles et élève la cause qu'il défend au-dessus de son intérêt personnel.

«La valeur morale s'affirme dans le dépassement de l'égoïsme biologique, dans le renoncement et dans le sacrifice.» (Gusdorf) II n'y a pas de réquisitoire possible devant un témoignage aussi ultime.

La mort devient ainsi l'avocat de la valeur de la cause. Il ne peut y avoir d'autre réponse à la violence, pense Gandhi, qu'une action non-violente.

Résister à la violence, c'est accepter de mourir et ainsi refuser de se soumettre à la volonté de celui qui y a recours. Répondre à la violence par la violence ne résout rien.

En effet, tout usage de la violence, même dans un but légitime, est encore une manière de l'attiser.

La violence entraînant la vengeance.

La posture du martyr est préférable. La mort est un exemple pour les autres hommes Socrate a refusé d'écouter Criton et de s'évader alors qu'il était condamné à mort.

Il n'a pas choisi la vie et ses biens illusoires.

Plutôt que de renoncer à la vérité, il a choisi la mort.

Il est allé jusqu'a bout de la cause qu'il défendait.

Dans le Criton, Platon rapporte les raisons pour lesquelles Socrate a refusé de s'évader afin d'échapper à la mort. D'après Socrate, il serait bien plus condamnable de s'opposer au verdict de son jugement que de chercher à conserver sa vie.

Car au-delà du verdict, Socrate obéit aux lois de la cité qui l'ont nourri, éduqué et sans lesquels il n'aurait pu être un citoyen.

En jouant ce rôle qu'on ne tient qu'une fois, Socrate a atteint la sagesse et l'a léguée aux autres hommes.

Il a rassemblé des disciples autour de cette cause.

Bergson peut dire que l'héroïsme n'a qu'à se montrer «pour mettre d'autres hommes en mouvement».

Par son acte, Socrate a invité ses disciples à instaurer autour d'eux la vraie vie. Philosopher, c'est apprendre à mourir, et la philosophie dès ici-bas nous prépare à la mort.

Dans l'état ordinaire de notre condition, notre âme est enchaînée au corps.

Nous ne voyons la réalité qu'au travers de nos sens, limités et imparfaits, barreaux d'une prison qui nous sépare de la réalité pure.

Nos besoins matériels, nos désirs, nos affections et nos passions nous maintiennent dans l'ignorance et les soucis mesquins.

La chaîne qui captive l'âme au corps est le désir.

C'est en désirant que nous entretenons et solidifions cette servitude volontaire.

Chacun est l'esclave de son propre tyran intérieur.

La philosophie nous apprend à nous délier, en nous montrant, au moyen de la réflexion et du dialogue intérieur, toutes les illusions dont nous sommes prisonniers, dès que nous cherchons à connaître au moyen de nos sens.

Sortant de lui-même pour s'aliéner dans le monde, l'homme s'emprisonne davantage, se dupe et se trompe.

Philosopher, c'est faire retour sur soi, ne faire confiance qu'en sa propre pensée quel que soit l'objet pensé.

Tout objet du monde sensible est visible, tandis que l'âme se porte vers l'invisible, c'est-à-dire l'intelligible, seul élément du vrai. L'âme philosophe se tient à l'écart des plaisirs, des désirs, des craintes et des peines, elle s'efforce d'établir le calme sur la mer agitée des désirs, se laisse conduire par le raisonnement et contemple le vrai, le parfait, l'absolu.

La mort ne peut être pour elle que la délivrance ultime de tous les maux humains.

Mourir c'est regagner enfin ce à quoi nous sommes spirituellement apparentés.

Si déjà par la pensée le philosophe goûte ici-bas aux joies de l'éternité, la mort est le passage vers l'absolu enfin accompli : "Les cygnes, oiseaux d'Apollon, ont le don de la divination, et c'est la prescience des biens qu'ils trouveront chez Hadès, qui le jour de leur mort les fait chanter et se réjouir plus qu'ils ne l'ont jamais fait avant" (Phédon). Par sa mort, le martyr fait triompher son idéal. »

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