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Montrer à grands traits comment les recherches philosophiques ont servi, dans les temps modernes, au progrès des sciences ?

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« Montrer à grands traits comment les recherches philosophiques ont servi, dans les temps modernes, au progrès des sciences DÉVELOPPEMENT Si la philosophie bénéficie des progrès de la science, on peut dire aussi qu'elle y contribue.

C'est ce qu'il est facile de montrer en s'arrêtant aux plus grands noms de la philosophie moderne. C'est Descartes et Bacon qui en ont été les fondateurs.

Tous les deux ont émancipé la raison du joug de l'autorité. Le premier, esprit plus universel, a eu une idée de génie qui a dominé et dirigé tout le développement de la physique moderne : c'est que tous les phénomènes de l'univers se réduisent en dernière analyse à des mouvements. Hypothèse féconde, puisque le mouvement est susceptible de mesure, et qu'ainsi les lois physiques sont susceptibles de revêtir une forme mathématique. Le second est un logicien remarquable, qui n'a pas découvert sans doute la méthode expérimentale, mais qui en a discerné toute la portée et a prévu les progrès des sciences de la nature.

Ce ferme esprit qui n'a point eu de génie inventif a tout de même contribué à forger le merveilleux outil qui, dans d'Autres mains que les siennes, devait rendre de si grands services. Si c'est de Descartes qu'est sortie la physique mécaniste, c'est de Leibniz qu'est sortie cette physique énergétique qui tend aujourd'hui à la supplanter.

Il semble bien aussi que c'est dans les principes de sa philosophie que ce dernier a trouvé les méthodes nouvelles qui ont renouvelé les hautes mathématiques. Au XIXe siècle, deux philosophes en particulier ont exercé une influence considérable sur la pensée scientifique : ce sont Auguste Comte et Spencer. Auguste Comte a marqué très nettement les limites de la science positive.

Les faits et leurs lois, c'est-à-dire les rapports de succession ou de coexistence qui les unissent, tel est l'objet précis de la science. C'est à lui aussi qu'on doit l'idée de cette philosophie scientifique qui cherche à créer au-dessus des sciences particulières une sorte de science générale, où viendraient se coordonner dans une vaste synthèse les résultats obtenus par les sciences particulières.

Enfin il a donné comme une première ébauche de la science sociale en s'efforçant de préciser son objet et sa méthode.

Sans doute ce philosophe n'a pas créé l'esprit positif dont s'inspire la science moderne, mais il l'a nettement défini et formulé, et il serait puéril de nier qu'il a frappé beaucoup d'intelligences à son empreinte. Herbert Spencer est le grand théoricien de l'évolution ; et cette idée maîtresse de sa philosophie a donné une impulsion puissante aux sciences biologiques.

Il est à remarquer que si beaucoup de grands philosophes modernes ont été aussi des savants, comme par exemple Descartes et Leibniz, tous deux mathématiciens de génie, beaucoup de savants modernes ont eu l'esprit philosophique, tels Claude Bernard, Henri Poincaré et Cournot.

Claude Bernard n'est pas seulement le fondateur de la physiologie expérimentale, il en est aussi le théoricien ; et personne n'a jamais écrit rien d'aussi solide et d'aussi précis sur la méthode biologique que l'illustre auteur de l'Introduction à l'étude de la médecine expérimentale. Cette union de la philosophie et de la science est un des traits les plus frappants de l'esprit moderne.

Ce sont deux choses qu'il ne faut pas séparer, et qui sont appelées à se rendre de mutuels services.

Le savant qui n'est que savant risque d'être un pur spécialiste ; le philosophe qui n'est que philosophe risque de verser dans cette philosophie oratoire ou littéraire, dont nous avons eu tant de déplorables exemples. Aristote, Descartes, Leibniz, Auguste Comte, Herbert Spencer nous offrent de beaux exemples de cette union féconde de l'esprit scientifique et de l'esprit philosophique. La philosophie, que dédaignent à tort certains savants à courte vue, a cet avantage qu'Auguste Comte a très bien aperçu : c'est qu'elle est le moyen de remédier au danger de la spécialisation scientifique.

La science tend vers la diversité, la philosophie tend vers l'unité.

Ces deux tendances en s'équilibrant sont de nature à favoriser le progrès de l'esprit humain. Cette revue rapide, cette esquisse faite à grands traits, nous a montré que les recherches philosophiques ont inspiré à la science, dans les temps modernes, un certain nombre d'idées directrices qui ont contribué à son développement.

Nul doute qu'une étude plus approfondie n'arriverait à multiplier les points de contact entre la science et la philosophie modernes.

Dans le programme que se propose de réaliser la Bibliothèque de philosophie scientifique, fondée par le docteur Gustave Lebon, nous lisons la déclaration suivante : «L'évolution profonde subie par les sciences physiques et naturelles depuis 50 ans est la conséquence du changement des principes philosophiques qui leur servaient de soutien et dirigeaient les travaux des chercheurs ».

Ce sont ces principes qui sont véritablement l'âme des sciences.. »

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