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Merleau-Ponty

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Le problème de la perception consiste en ce qu'elle est une connaissance originaire. Il y a une perception empirique ou seconde, celle que nous exerçons à chaque instant, qui nous masque ce phénomène fondamental, parce qu'elle est toute pleine d'acquisitions anciennes et se joue pour ainsi dire à la surface de l'être. Quand je regarde rapidement les objets qui m'entourent pour me repérer et m'orienter parmi eux, c'est à peine si j'accède à l'aspect instantané du monde, j'identifie ici la porte, ailleurs la fenêtre, ailleurs ma table, qui ne sont que les supports, les guides d'une intention pratique orientée ailleurs et ne me sont alors données que comme des significations. Mais, quand je contemple un objet avec le seul souci de le voir exister et déployer devant moi ses richesses, alors il cesse d'être une allusion à un type général, et je m'aperçois que chaque perception, et non pas seulement celle des spectacles que je découvre pour la première fois, recommence pour son compte la naissance de l'intelligence et a quelque chose d'une invention géniale : pour que je reconnaisse l'arbre comme un arbre, il faut que, par-dessous cette signification acquise, l'arrangement momentané du spectacle sensible recommence, comme au premier jour du monde végétal, à dessiner l'idée individuelle de cet arbre. Merleau-Ponty

« PRESENTATION DE LA "PHENOMENOLOGIE DE LA PERCEPTION" DE MERLEAU-PONTY Maurice Merleau-Ponty (1908-1961) est le représentant, avec Sartre et Levinas, d'une phénoménologie française qui a su s'approprier de manière originale la volonté de Husserl de décrire les expériences et les opérations fondamentales de la conscience.

Intégrant à l'inspiration phénoménologique les résultats des sciences de son temps, Merleau-Ponty construit son discours en réfutant les thèses qui lui semblent désormais factices.

Concernant l'action humaine, il critique dans la Structure du comportement (1942) deux positions opposées : le naturalisme, qui la réduit à un mécanisme réflexe et l'intellectualisme cartésien ou kantien, qui la font émaner mystérieusement de l'esprit.

La Phénoménologie de la perception poursuit ce chantier en tentant de montrer que l'ouverture de notre conscience au monde est toujours déjà tissée par les rapports de notre corps propre' et de son environnement. « Le problème de la perception consiste en ce qu'elle est une connaissance originaire.

Il y a une perception empirique ou seconde, celle que nous exerçons à chaque instant, qui nous masque ce phénomène fondamental, parce qu'elle est toute pleine d'acquisitions anciennes et se joue pour ainsi dire à la surface de l'être.

Quand je regarde rapidement les objets qui m'entourent pour me repérer et m'orienter parmi eux, c'est à peine si j'accède à l'aspect instantané du monde, j'identifie ici la porte, ailleurs la fenêtre, ailleurs ma table, qui ne sont que les supports, les guides d'une intention pratique orientée ailleurs et ne me sont alors données que comme des significations.

Mais, quand je contemple un objet avec le seul souci de le voir exister et déployer devant moi ses richesses, alors il cesse d'être une allusion à un type général, et je m'aperçois que chaque perception, et non pas seulement celle des spectacles que je découvre pour la première fois, recommence pour son compte la naissance de l'intelligence et a quelque chose d'une invention géniale : pour que je reconnaisse l'arbre comme un arbre, il faut que, par-dessous cette signification acquise, l'arrangement momentané du spectacle sensible recommence, comme au premier jour du monde végétal, à dessiner l'idée individuelle de cet arbre.

» Merleau-Ponty (Phénoménologie de la perception, chap.

II, 1945) Commentaire : Introduction : Contrairement à Husserl, le fondateur de la phénoménologie, Merleau-Ponty ne postule pas que « toute conscience est conscience de quelque chose » mais développe plutôt la thèse selon laquelle « toute conscience est conscience perceptive ».

Il instaure ainsi un tournant significatif[] dans le développement de la phénoménologie, indiquant que les conceptualisations doivent être réexaminées à l’aune du primat de la perception, qui revêt une dimension active et constitutive.

La phénoménologie pour Merleau-Ponty doit mettre en suspens l’attitude naturelle qui consiste a affirmer l’existence du monde, mais cependant elle considère que le monde est « toujours déjà là », avant la réflexion.

Tout l’effort de la phénoménologie est de « retrouver ce contact naïf avec le monde ».

C’est dans cette intention que s’inscrit le texte étudié ici, extrait du chapitre II de Phénoménologie de la perception.

En effet, l’auteur cherche dans ce passage à retrouver l’essence première de la perception, avant toute pensée et intention sur les objets de la perception.

Il soutient ainsi la thèse d’une double expression de la perception, la perception première ou originaire, et la perception seconde, ou empirique.

La difficulté réside dans la connaissance de la perception première.

L’auteur commence par définir la perception seconde, la plus accessible à la connaissance, pour la distinguer ensuite de la perception première, et dans un troisième temps développer ce qui fait la particularité de cette perception première. 1ère partie : Définition de la perception empirique ou seconde. - Merleau-Ponty pose sa thèse à la première phrase du texte, en postulant que la perception est une connaissance originaire.

Pourtant, il commence par admettre la réalité d’une perception postérieure à la connaissance, celle que nous expérimentons le plus souvent, dans notre vie de tous les jours. - L’auteur commence ainsi par définir la perception la plus aisée à connaître, car elle est celle « que nous exerçons à chaque instants ». Cette perception, qu’il nomme « empirique ou seconde », est une perception orientée, car mêlée d’un ensemble d’influences préalables qui font que nous interprétons l’objet visé dans le processus même de perception.

L’empiricité évoquée par Merleau-Ponty à propos de la perception renvoie à notre bagage langagier, à l’héritage culturel que nous avons acquis, ainsi qu’à la masse brute de rapport de signes et de significations qui s’instaure dans la relation perceptive que nous avons des objets.

Il explique ainsi que notre perception est « toute pleine d'acquisitions. »

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