Aide en Philo

MALEBRANCHE: vaincre nos passions

Extrait du document

Les hommes peuvent bien vaincre leurs passions par des passions contraires, ils peuvent vaincre la peur ou la douleur par vanité; je veux dire seulement qu'ils peuvent ne pas fuir ou ne pas se plaindre lorsque, se sentant en vue à bien du monde, le désir de la gloire les soutient et arrête dans leurs corps les mouvements qui les portent à la fuite. Ils peuvent vaincre de cette sorte ; mais ce n'est pas là vaincre, ce n'est pas là se délivrer de la servitude ; c'est peut-être changer de maître pour quelque temps, ou plutôt c'est étendre son esclavage ; c'est devenir sage, heureux et libre seulement en apparence, et souffrir en effet une dure et cruelle servitude. On peut résister à l'union naturelle que l'on a avec son corps par l'union que l'on a avec les hommes, parce qu'on peut résister à la nature par les forces de la nature... MALEBRANCHE

« MALEBRANCHE : CE N'EST QUE CHANGER DE MAÎTRE L'équilibre des passions peut-il constituer une vraie sagesse ?Non, selon Malebranche, car même si elles se font contrepoids, les passions n'en restent pas moins des passions, et l'âme leur reste soumise. « Les hommes peuvent bien vaincre leurs passions par des passions contraires, ils peuvent vaincre la peur ou la douleur par vanité; je veux dire seulement qu'ils peuvent ne pas fuir ou ne pas se plaindre lorsque, se sentant en vue à bien du monde, le désir de la gloire les soutient et arrête dans leurs corps les mouvements qui les portent à la fuite.

Ils peuvent vaincre de cette sorte ; mais ce n'est pas là vaincre, ce n'est pas là se délivrer de la servitude ; c'est peut-être changer de maître pour quelque temps, ou plutôt c'est étendre son esclavage ; c'est devenir sage, heureux et libre seulement en apparence, et souffrir en effet une dure et cruelle servitude.

On peut résister à l'union naturelle que l'on a avec son corps par l'union que l'on a avec les hommes, parce qu'on peut résister à la nature par les forces de la nature...

» MALEBRANCHE ordre des idées 1) A première vue on peut vaincre une passion par une passion contraire. - Exemple : les effets de la peur (la fuite) peuvent être empêchés par la vanité et l'orgueil (désir de gloire). 2) En réalité on ne vainc pas ainsi réellement les passions, on ne se délivre pas de leur esclavage, puisque a) on ne supprime pas la passion dont on empêche l'effet (la peur n'a pas disparue) ; b) on additionne les passions (à la peur s'ajoute la vanité). 3) En conséquence une telle maîtrise des passions n'est qu'apparente, et n'est donc qu'une fausse sagesse. Introduction : Dans ce texte, Malebranche s’interroge sur l’équilibre des passions.

Les passions désignent les actions que le corps effectue sur l’âme; ou plus généralement tout objet extérieur qui l’influence ; l’âme reçoit passivement ses actions du corps et de l’extériorité qui l’influencent.

La sagesse peut-elle alors se constituer de manière immanente à l’ordre des passions ? Autrement dit, l’équilibre des passions peut-il constituer une vraie sagesse ? Malebranche réfute la thèse selon laquelle un acte serait moral par résultat : celui qui accepte le combat ferait nécessairement faire preuve de vertu.

Pour ce faire, il donne un contrexemple : on peut ne pas fuir le combat parce qu’il cherche la gloire.

Alors le fait de ne pas fuir le combat ne relève pas la moralité.

Par conséquent la moralité réside dans la manière dont on agit et non pas dans le résultat de l’acte.

Si l’on ne fuit pas, mais si l’acte est motivé par les passions, l’acceptation du combat est tout aussi immorale que la fuite.

Ainsi se libérer de la servitude, c’est s’arracher à la détermination passionnelle pour règlementer par nous-même notre propre conduite.

Dans une première partie, Malebranche affirme la capacité réelle des hommes à contrebalancer une passion par une autre et à régler leur comportement par un jeu passionnel.

Dans une seconde partie, Malebranche annonce sa thèse : ce n’est pas là se délivrer de la servitude : on n’accède pas par le jeu passionnel à la sagesse.

Enfin, dans une troisième partie, Malebranche explique ce jugement négatif en soutenant que le passage à la sagesse s’effectue nécessairement par un changement d’ordre et non par le jeu passionnel. I On peut se comporter sagement par le jeu des passions _ « Les hommes peuvent bien vaincre leur passion par des passions contraires.

» L’idéal à atteindre qui est présupposé, c’est l’idéal du sage dont la volonté n’est pas influencée par les passions, mais est capable de déterminer sa volonté au meilleur.

Celui qui pense qu’il est meilleur de fuir le combat, mais qui est poussé par la peur à fuir tout de même, n’est pas considéré comme un sage.

En revanche est sage celui pour qui la peur ne déterminera pas le comportement final, mais sa fidélité à ce qu’il pense juste.

En ce sens, on appelle passion tout sentiment causé par de objets extérieurs et capable d’influencer la volonté : la peur, la gloire, mais aussi l’avidité ou la vanité …Or ce que nous dit Malebranche dans cette première proposition concessive, c’est que l’homme peut vaincre une passion par une passion contraire.

Ainsi les passions sont considérées sur le modèle de forces qui nous pousseraient d’un côté ou de l’autre.

Conformément à un modèle physique, deux forces opposées seraient capables de ses compenser entre elles. _ Pour illustrer cette dynamique des passions, Malebranche donne un exemple précis où la passion de la peur peut être dominée par la passion de la vanité.

En effet la peur pousse l’individu à fuir.

Or comme nous l’avons vu, cela n’est pas. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles