Aide en Philo

L'unanimité peut-elle être un critère de la vérité ?

Extrait du document

« L'homme est en quête de vérité.

Mais comment savoir si la vérité est bien au rendez-vous ? Le fait que tout le monde soit d'accord garantit-il la vérité d'une proposition ? Et, à l'inverse, si un seul individu pense quelque chose (exemple de Galilée), cela signifie-t-il nécessairement qu'il a tort ? Doit-on admettre le relativisme de la vérité : "à chacun sa vérité" ? Il faut trouver un critère de vérité.

On a avancé celui de l'évidence.

Mais il y a de fausses évidences, et l'esprit particulier et subjectif que je suis peut s'y laisser prendre.

Ne faudrait-il pas alors prendre pour critère de vérité l'unanimité des esprits, qui garantirait davantage de l'erreur que la simple évidence de l'esprit individuel ? Est-ce que la conformité de toutes les opinions entre elles suffit à dire que celles-ci sont conformes avec le réel (puisque l'on peut définir la vérité comme adéquation de mon jugement avec ce qui est, avec le réel) ? L'unanimité, si elle est un critère nécessaire, n'est peut-être pas un critère suffisant : peut-elle fonder la vérité ? N'est-il pas dangereux de fonder la vérité sur l'unanimité ? [Seul l'accord entre tous les esprits permet à l'homme de distinguer avec certitude le vrai du faux.] L'unanimité fonde l'idée même de vérité Il suffit que j'identifie tel objet comme étant Un «chien», alors qu'autrui certifie qu'il ne voit aucun objet, ou bien encore que l'objet qu'il voit est un lapin, pour que ma raison se mette à vaciller.

La seule garantie que j'aie de porter un jugement vrai sur la réalité m'est fournie par autrui.

Si les autres s'accordent tous à dire que l'eau bout à 100 degrés ou que le ciel est bleu, je peux être assuré de la véracité de ma perception.

Celle-ci n'est pas trompeuse puisqu'elle est corroborée par tous.

En effet, que serait une vérité que je serais le seul à partager ? Si la vérité est en droit universelle, elle se doit d'être en fait partagée de tous. Les dangers du relativisme « L'homme est la mesure de toute choses » formule qu'Anatole France interprétait ainsi : « L'homme ne connaîtra de l'univers que ce qui s'humanisera pour entrer en lui, il ne connaîtra jamais que l'humanité des choses.

» Toute affirmation sur l'univers est relative à celui qui affirme.

Socrate résume la thèse de Protagoras : « N'arrive-t-il pas parfois qu'au souffle du même vent l'un de nous frissonne et non l'autre ? Or que dironsnous alors de ce souffle de vent envisagé tout seul et par rapport à lui-même ? Qu'il est froid ou qu'il n'est pas froid ? Ou bien en croirons-nous Protagoras : qu'il est froid pour qui frisonne et ne l'est pas pour qui ne frisonne pas ? » (« Théétète », 152b).

L'affirmation sur un même objet diffère non seulement d'un individu à un autre mais chez le même individu selon les moments (le monde ne m'apparaît pas de la même façon quand je suis gai ou triste) et même selon les perspectives d'observation (une tour vue carrée de près paraît ronde de loin). Pour les sceptiques il n'y a pas de vérités objectives mais seulement des opinions subjectives toutes différentes. Que faut-il penser du scepticisme ? A l'exemple de ceux qui « prouvaient le mouvement en marchant » nous pourrions alléguer le fait que la science moderne a réfuté le scepticisme en affirmant des « vérités » qui font aujourd'hui l'accord de tous les esprits compétents.

Mais plus fondamentalement on peut remarquer que le scepticisme se contredit en s'énonçant : car il se donne pour la vraie théorie de la connaissance.

Poser comme vérité que la vérité est inaccessible, c'est au moins reconnaître une vérité et par là démentir sa propre thèse. Toute pensée qui s'énonce vise une vérité, se reconnaît faite pour la Vérité, et tend à poser implicitement sa propre valeur. La vérité, en art et en science, fait l'unanimité Toute loi scientifique est tenue pour vraie à partir du moment où l'ensemble de la communauté scientifique en reconnaît la validité.

En art, ainsi que le dit Kant, «« Est beau ce qui plaît universellement sans concept » (Critique de la faculté de juger).

Le fait que la satisfaction esthétique soit universelle, valable pour tous découle de la première définition.

En effet être sensible à la beauté relève d'une sensibilité purifiée de la convoitise, de la crainte, du désir, du confort ...

bref de tous les intérêts particuliers.

Ce plaisir éprouvé n'est donc pas celui d'un sujet enfermé dans sa particularité et ce dernier peut à juste titre dire: « c'est beau », comme si la beauté était dans l'objet.

Il peut légitimement s'attendre à ce que tout autre éprouve la même satisfaction.

Même si je n'aime pas la musique de Mozart ou la peinture de Picasso, je dois reconnaître qu'elle est unanimement tenue pour belle. De même, en science, une idée ne peut être tenue pour vraie que si elle est partagée de toutes la communauté scientifique.

Par exemple, l'énoncé "l'eau bout à 100 degrés" peut être tenue pour certaine car les scientifiques du monde entier partagent cette assertion.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles