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L'unanimité est-elle un critère de vérité ?

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« Définition des termes du sujet: VÉRITÉ La vérité concerne l'ordre du discours, et il faut en cela la distinguer de la réalité.

Elle se définit traditionnellement comme l'adéquation entre le réel et le discours. Qualité d'une proposition en accord avec son objet.

La vérité formelle, en logique, en mathématiques c'est l'accord de l'esprit avec ses propres conventions.

La vérité expérimentale c'est la non-contradiction de mes jugements, l'accord et l'identification de mes énoncés à propos d'un donné matériel.

On distinguera soigneusement la réalité qui concerne un objet (ce cahier, cette lampe sont réels) et la vérité qui est une valeur qui concerne un jugement.

Ainsi le jugement : « ce cahier est vert » est un jugement vrai ou bien un jugement faux.

La vérité ou la fausseté qualifient donc non l'objet lui-même mais la valeur de mon assertion. La philosophie, parce qu'elle recherche la vérité, pose le problème de ses conditions d'accès et des critères du jugement vrai. Le fait que tout le monde soit d'accord garantit-il la vérité d'une proposition ? Et, à l'inverse, si un seul individu pense quelque chose (exemple de Galilée), cela signifie-t-il nécessairement qu'il a tort ? Doit-on admettre le relativisme de la vérité : "à chacun sa vérité" ? Le sujet ne dit pas : l'unanimité est-elle le critère de vérité ? mais un "critère" de vérité.

Cette nuance est importante : ceci signifie qu'elle peut constituer une garantie parmi d'autres dans la recherche de la vérité.

Il semble juste de penser que si tous les membres d'un groupe (et l'on peut penser en particulier aux communautés scientifiques) admettent pour vraie une théorie, il y a plus de chance pour qu'elle soit vraie que si un seul individu le pense.

Est-ce que la conformité de toutes les opinions entre elles suffit à dire que celles-ci sont conformes avec le réel (puisque l'on peut définir la vérité comme adéquation de mon jugement avec ce qui est, avec le réel) ? L'unanimité, si elle est un critère nécessaire, n'est peut-être pas un critère suffisant : peut-elle fonder la vérité ? N'est-il pas dangereux de fonder la vérité sur l'unanimité ? [Seul l'accord entre tous les esprits permet à l'homme de distinguer avec certitude le vrai du faux.] L'unanimité fonde l'idée même de vérité Il suffit que j'identifie tel objet comme étant Un «chien», alors qu'autrui certifie qu'il ne voit aucun objet, ou bien encore que l'objet qu'il voit est un lapin, pour que ma raison se mette à vaciller.

La seule garantie que j'aie de porter un jugement vrai sur la réalité m'est fournie par autrui.

Si les autres s'accordent tous à dire que l'eau bout à 100 degrés ou que le ciel est bleu, je peux être assuré de la véracité de ma perception.

Celle-ci n'est pas trompeuse puisqu'elle est corroborée par tous.

En effet, que serait une vérité que je serais le seul à partager ? Si la vérité est en droit universelle, elle se doit d'être en fait partagée de tous. Les dangers du relativisme « L'homme est la mesure de toute choses » formule qu'Anatole France interprétait ainsi : « L'homme ne connaîtra de l'univers que ce qui s'humanisera pour entrer en lui, il ne connaîtra jamais que l'humanité des choses.

» Toute affirmation sur l'univers est relative à celui qui affirme.

Socrate résume la thèse de Protagoras : « N'arrive-t-il pas parfois qu'au souffle du même vent l'un de nous frissonne et non l'autre ? Or que dirons-nous alors de ce souffle de vent envisagé tout seul et par rapport à lui-même ? Qu'il est froid ou qu'il n'est pas froid ? Ou bien en croirons-nous Protagoras : qu'il est froid pour qui frisonne et ne l'est pas pour qui ne frisonne pas ? » (« Théétète », 152b).

L'affirmation sur un même objet diffère non seulement d'un individu à un autre mais chez le même individu selon les moments (le monde ne m'apparaît pas de la même façon quand je suis gai ou triste) et même selon les perspectives d'observation (une tour vue carrée de près paraît ronde de loin).

Pour les sceptiques il n'y a pas de vérités objectives mais seulement des opinions subjectives toutes différentes. Que faut-il penser du scepticisme ? A l'exemple de ceux qui « prouvaient le mouvement en marchant » nous pourrions alléguer le fait que la science moderne a réfuté le scepticisme en affirmant des « vérités » qui font aujourd'hui l'accord de tous les esprits compétents.

Mais plus fondamentalement on peut remarquer que le scepticisme se contredit en s'énonçant : car il se donne pour la vraie théorie de la connaissance.

Poser comme vérité que la vérité est inaccessible, c'est au moins reconnaître une vérité et par là démentir sa propre thèse.

Toute pensée qui s'énonce vise une vérité, se reconnaît faite pour la Vérité, et tend à poser implicitement sa propre valeur.. »

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