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L'unanimité est-elle la base de l'ordre social ?

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« Analyse du sujet : Unanimité : Le mot « unanimité » vient du latin unanimus, « qui a une même âme ».

L'unanimité exprime le fait que toutes les opinions s'accordent, que tous les individus expriment le même avis.

Socialement, il semble que l'unanimité soit le principe parfait de toute société, celui qui renvoie la multiplicité des individus qui la compose à une unité.

Si l'on compare le corps social au corps humain, on peut penser que l'unité est essentielle à sa survie, mais aussi au bien-vivre de la société : de même que le corps humain a besoin de constituer une unité pour se porter bien, de même la société se porterait-elle mieux s'il n'existait aucun désaccord en son sein.

En effet, comment pourrait survivre un corps dont les mains, la tête et le cœur refusent de coopérer ? L'accord parfait qui régnerait dans un corps social unanime cimenterait la cohésion du groupe.

D'autre part, les dissensions, sources de discorde, semblent apparaître lorsque l'unité fait défaut, lorsque la volonté générale ne s'exprime plus d'une unique voix et que résonnent dans un brouhaha disharmonieux les opinions contraires par lesquelles on en vient aux mains.

Pour autant, l'idée de l'unanimité peut faire peur : elle semble relever d'une utopie dangereuse et les sociétés qui se sont fixées cette unanimité pour but n'ont généralement trouvé que la violence pour essayer de l'instaurer.

Qui plus est, passé un certain nombre d'individus – nombre par ailleurs vite atteint lorsqu'on considère le corps social en son entier – cette unanimité devient strictement impossible et n'incarne plus qu'un vœu pieu. Base : Base vient du latin basis, « marche, point d'appui.

» La base est la partie inférieure de quelque chose, mais c'est surtout la partie sur laquelle cet objet se repose, ce qui lui sert de fondation.

La base, c'est ainsi la condition nécessaire, ce dont l'absence empêche l'élévation du reste. Ordre : Ordre vient du latin ordo, « disposition régulière.

» L'ordre exprime l'idée d'une organisation régulière et harmonieuse. Société : La société renvoie habituellement à l'idée d'un regroupement d'individualités, structuré par des liens de dépendance réciproque, et évoluant selon des schémas réglés. Ordre social : L'ordre social est l'expression par laquelle on désigne l'existence d'une certaine harmonie entre les membres de la société.

Le problème qui est alors posé est celui de savoir ce que sous-entend cette idée d'harmonie. En effet, on peut considérer qu'il y a harmonie lorsqu'il y a identité entre les différents individus qui composent la société, mais on peut également interpréter l'harmonie telle qu'on le fait en musique, comme une superposition de voix différentes produisant une mélodie agréable. Problématisation : Fonder la société sur l'unanimité impliquerait que l'on puisse trouver dans le concept d'unité le ciment assurant la cohésion sociale.

Mais cela apparaît presque comme contradictoire, car l'objectif de la société semble résider dans la division du travail, or, tout corps de métier ayant son propre « esprit de corps », il semble difficile que tous expriment la même opinion : ne considère-t-on pas en effet que la société existe pour lier entre eux des individus qui diffèrent et se complètent ? Par ailleurs, ces divergences d'intérêt ne peuvent légitimement mettre en péril cette société qui les fonde : des dissensions trop marquées charrieraient avec elles l'anomie sociale, mettant ainsi en péril la société.

Or, que deviendrait chacune de ces opinions isolées sans la société qui leur permettrait d'exister ? Le problème qu'il nous faudra résoudre consistera à savoir dans quelle mesure il est possible d'assurer la cohésion sociale sans faire perdre tout sens à la société. Proposition de plan : 1.

Les conventions entendues comme « unanimité artificielle.

» a) « Que tous les citoyens s'imaginent qu'ils voient, qu'ils entendent, qu'ils agissent en commun, qu'ils soient, autant qu'il se peut, unanimes à louer ou blâmer les mêmes choses, qu'ils se réjouissent ou s'affligent pour les mêmes motifs, enfin que les lois établissent dans l'État la plus parfaite unité qui se puisse réaliser, jamais personne ne posera de règle plus juste et meilleure que celle-là pour atteindre le plus haut degré de vertu » affirme Platon.

(Les Lois, Livre V, 10) D'après ce philosophe, la cité, afin de mener une vie heureuse, doit réaliser une unité et ainsi la justice consiste-t-elle à unifier une multiplicité.

L'unanimité serait alors la perfection sociale. b) Malheureusement pour l'homme, une telle perfection est inaccessible.

En effet, l'être humain est toujours trop soumis aux passions pour pouvoir s'élever à la vertu, cette vertu par laquelle l'homme comprendrait la nécessité de l'harmonie, et le bonheur que l'on pourrait tirer à s'inscrire dans cette harmonie. c) C'est pourquoi il apparaît qu'il ne faut pas se baser purement sur cette hypothétique unanimité pour fonder la société, mais essayer de pallier l'absence de celle-ci en la réinscrivant artificiellement.

Ainsi faut-il fonder la société sur les conventions - ces artifices utiles - pour faire croire à l'unité de la société, et par voie de conséquence, instaurer autant que faire se peut cette unité.

Autrement, les guerres civiles « sont sûres si on veut récompenser les mérites, car tous diront qu'ils méritent » (Pascal, Pensées, 94).

Or, puisque « le plus grand des maux est les guerres civiles » ainsi que l'affirme Pascal (Pensées, 94), il faut s'en remettre à la coutume (les conventions), qui garantit l'unité de la société. Transition : Mais cette perception des choses n'implique-t-elle pas une sorte de déni de réalité qui risque de coûter plus que de rapporter ? 2.

L'ordre social dans le partage des différences. a) Contre cette conception unitaire du sociale, on peut affirmer avec Aristote que « l'art politique ne fabrique pas. »

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