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L'oeuvre d'art est-elle manifestation sensible de la beauté ?

Extrait du document

« L'œuvre d'art est une production artificielle, c'est-à-dire faite de toute pièce par l'homme selon sa volonté.

Elle s'oppose donc à la nature, en ce sens que la nature n'est pas façonnée par l'homme, mais se façonne elle-même.

L'œuvre d'art a deux possibilités dans sa production : soit elle imite la nature, soit elle crée de toute pièce une représentation.

Une manifestation sensible, est l'apparition dans la nature, c'est-à-dire dans l'ordre des choses matérielles d'une idée ou d'un concept, c'est-à-dire d'une abstraction.

La manifestation sensible est donc le rendu matériel de pensées abstraites.

Mais alors qu'est-ce que la beauté, c'est-à-dire qu'est ce que l'idée ou le concept du beau ? En effet, pour savoir si l'œuvre d'art est la manifestation sensible du beau, il nous faut nous interroger sur l'idée dont elle est la manifestation.

Il faut, pour comprendre le mode de l'apparaître comprendre le mode du vrai.

Le Beau, ce n'est pas une belle table ou une belle marmite, mais c'est le plaisir de la forme : ce plaisir est désintéressé.

Kant dira qu'est beau ce qui plaît universellement sans concept.

Mais alors comment rencontre-t-on le beau dans le monde ? Est-ce que l'œuvre d'art en est la manifestation sensible, ou bien est-ce la nature qui premièrement nous montre le Beau ? Nous comprenons que la beauté nous conduit à nous interroger sur le statut de l'œuvre d'art. I. L'œuvre d'art n'est qu'imitation. Pour savoir si l'œuvre d'art peut nous transmettre le Beau, Socrate s'interroge sur le statut de l'œuvre d'art.

Il part du principe que le concept du Beau est articulé au concept de Bien ou de Vrai.

Ainsi, si l'œuvre d'art manifeste matériellement le Beau, alors cela veut dire qu'elle a aussi un lien avec le Vrai et le Bien.

Il faut donc se demander si l'œuvre d'art est créatrice de réalité. Lorsque je vois sur un tableau un lit, puis-je dire que le peintre a créé le lit ? Il semble que non, car il y a d'abord une ‘main divine' qui créée les choses telles qu'elles sont conceptuellement, puis le menuisier selon ce concept fabrique un lit véritable sensiblement, c'est-à-dire dans le réel. En fin le peintre ne fait que représenter ce lit, en faire une copie.

Cependant cette copie est une seconde copie, car la première copie est celle du menuisier.

Ainsi comme le dit Glaucon, les peintres ne sont que des imitateurs.

L'œuvre d'art ne peut donc pas manifester le concept de beau dans le sensible, car elle n'en est qu'une copie, autrement dit, la manifestation sensible du beau a eu lieu avant ; le peintre n'en fait qu'une copie.

La véritable manifestation sensible du beau semble donc être faite par la nature.

Ainsi la beauté sensible qui n'est que le reflet de la beauté intelligible se trouve d'abord dans la nature puis dans la peinture.

Mais comment se fait-il que l'œuvre d'art nous semble aussi belle ? II. Le Beau connaît-il des règles ? Kant répond par la négative.

Le beau ne connaît aucune règle, car est Beau ce qui plaît universellement et sans concept.

Ainsi, s'il n'y a pas de règles qui contraignent le beau à n'être que dans la nature et à n'être dans l'œuvre d'art que sous forme de copie, alors l'œuvre d'art peut manifester la beauté.

En effet, nous sommes capables de rester des heures devant un tableau, or nous ne le faisons pas devant une rose : nous la trouvons belle, mais nous ne l'admirons pas.

Le tableau manifeste bien dans le sensible la beauté.

Mais cette beauté n'est pas comprise comme telle parce qu'elle imite la nature.

En effet, un art qui ne s'assume pas comme artificiel n'est pas beau.

Par exemple si j'entends le sifflement d'un oiseau dans les branches je vais trouver cela beau, cependant, si je m'aperçois que cet oiseau est mécanique, alors je vais être déçu.

Si l'œuvre d'art peut manifester le beau, c'est parce qu'elle se présente comme artificielle et représentante du beau.

L'œuvre d'art est donc bien la manifestation sensible du Beau, mais elle n'est pas la seule : il y a aussi la nature. III. L'œuvre d'art et sa puissance expressive. L'œuvre d'art manifeste donc sensiblement le beau.

Mais n'est-elle pas plus à même de le manifester que la nature ? En effet la question se pose, car lors de la production d'une œuvre d'art, le peintre choisit ce qu'il va mettre sur sa toile : il peut donc rendre Beau quelque chose qui ne l'ait pas, ou encore ôter de la nature ce qui est laid, afin de ne garder que le beau.

C'est ce que montre Fernand Léger, quand il explique que l'œuvre d'art bien loin d'imiter la nature montre ce que voit l'artiste dans la nature et comment il le voit.

Ainsi la manifestation sensible de la beauté dans l'œuvre d'art se fait grâce à sa puissance expressive.

C'est en tant que l'œuvre d'art exprime quelque chose, qu'elle est un parti prit, une vision du réel, qu'elle manifeste le Beau.

Le beau ici, n'est donc plus au sens de Kant universel, mais subjectif : car l'œuvre d'art représente ce que le peintre trouve beau : ce qu'il voit beau par ses yeux.

Ici l'œuvre d'art est la seule à pouvoir manifester cette beauté, car la nature en est incapable : elle se donne pour elle-même et ne propose pas une interprétation.

L'œuvre d'art manifeste donc sensiblement le beau en ce sens où elle nous montre ce qui pour elle est la plus belle facette du réel (de la nature). Conclusion : - L'œuvre d'art ne manifeste sensiblement pas le beau, car elle n'est qu'une copie, d'une copie de l'idée de beau.

Elle n'est pas manifestation, mais imitation. Cependant le beau est sans règle : il plaît universellement sans concept, l'œuvre d'art n'est pas exclue et peut donc manifester le beau. Enfin, il semble même que, l'œuvre d'art qui peut choisir et piocher dans le réel ce qu'elle veut représenter, puisse mieux manifester le beau que la nature.. »

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