Aide en Philo

L'oeuvre d'art est-elle le fruit de l'imagination ?

Extrait du document

« PREMIERE CORRECTION Définition des termes du sujet L'oeuvre d'art est l'objet que crée l'art ; elle est en quelque sorte une manifestation physique de l'art.

Cela implique que définir l'oeuvre d'art demande de définir l'art lui-même.

Cette définition devra ici se faire sous l'angle particulier de l'imagination. L'imagination se définit généralement en philosophie comme une faculté qu'a l'esprit de créer des images, des représentations.

Elle est souvent dénoncée comme trompeuse (Pascal parle d'elle comme d'une « maîtresse de fausseté et d'erreur »), comme illusoire et vaine.

Or l'art, en philosophie, a été l'objet d'appréciations et de définitions très diverses, qui ont pu faire de l'art une pratique de vaine création et de tromperie comme une voie d'accès vers la vérité. Alors, la définition que l'on choisira de donner ici de l'oeuvre d'art en rapport avec la question de l'imagination mettra en jeu la définition de l'art lui-même.

Et, de même, la définition que l'on donnera de l'imagination permettra de définit l'art : si l'on pose que l'imagination est créatrice, l'art sera créateur ; si l'on pose qu'elle n'est qu'une manière de jouer sans création avec des représentations déjà possédées, l'art ne sera qu'une discipline d'imitation, et les oeuvres d'art ne seront que des copies ; en un mot, les définitions de l'oeuvre d'art, de l'art et de l'imagination s'impliquent ici les unes les autres. Comment une oeuvre d'art est-elle produite ? Les arts sont divers, et peuvent obéir à des règles tout à fait contingentes, suivant les époques où l'on se place.

Pourtant, si l'on observe l'histoire des arts, on remarque que ceux qui ont marqué cette histoire sont justement ceux qui ont innové, qui ont apporté dans l'art quelque chose qui ne s'y trouvait pas auparavant ; cela amène à relativiser la place des conventions dans l'art.

La question est alors : d'où vient cette innovation ? Que faire, par exemple, de l'idée d'inspiration artistique ? Quelles sont les facultés particulières de l'artiste ? Ce qu'il crée, est-ce son imagination qui lui permet de le créer ? Ou faut-il considérer que sa création lui vient de l'extérieur (d'un ensemble de paramètres sociaux, spirituels, etc., qu'il ne fait que reproduire ; ou, d'un point de vue situé à un autre extrême, d'une inspiration divine qui dépasse les facultés de son individu ?) Il faudra envisager différents types d'art (les arts officiels des régimes totalitaires n'ont pas grand-chose de commun avec des arts qui se développeraient en dehors de tout cadre), sans perdre de vue la question centrale ici du rôle de l'imagination. Références utiles Kant, Critique de la faculté de juger Aristote, Poétique Plotin, Ennéades, Traité sur le Beau. Textes à utiliser Hegel « Il y a des portraits dont on a dit assez spirituellement qu'ils sont ressemblants jusqu'à la nausée.

D'une façon générale, la joie que procure une imitation réussie ne peut être qu'une joie toute relative, car dans l'imitation de la nature, le contenu, la matière sont des données qu'on n'a que la peine d'utiliser.

L'homme devrait éprouver une joie plus grande en produisant quelque chose qui soit bien de lui, quelque chose qui lui soit particulier et dont il puisse dire qu'il est sien.

Tout outil technique, un navire par exemple ou, plus particulièrement, un instrument scientifique doit lui procurer plus de joie, parce que c'est sa propre oeuvre, et non une imitation.

Le plus mauvais outil technique a plus de valeur ses yeux ; il peut être fier d'avoir inventé le marteau, le clou, parce que ce sont des inventions originales, et non imitées.

L'homme montre mieux son habileté dans des productions surgissant de l'esprit qu'en imitant la nature.

» Bergson, La Pensée et le Mouvant « A quoi vise l'art, sinon à nous montrer, dans la nature et dans l'esprit, hors de nous et en nous, des choses qui ne frappaient pas explicitement nos sens et notre conscience ? Le poète et le romancier qui expriment un état d'âme ne le créent certes pas de toutes pièces ; ils ne seraient pas compris de nous si nous n'observions pas en nous, jusqu'à un certain point, ce qu'ils nous disent d'autrui.

Au fur et à mesure qu'ils nous parlent, des nuances d'émotion et de pensée nous apparaissent qui pouvaient être représentées en nous depuis longtemps, mais qui demeuraient invisibles : telle, l'image photographique qui n'a pas encore été plongée dans le bain où elle se révélera.

Le poète est ce révélateur.

Mais nulle part la fonction de l'artiste ne se montre aussi clairement que dans celui des arts qui fait la plus large place à l'imitation, je veux dire la peinture.

Les grands peintres sont des hommes auxquels remonte une certaine vision des choses qui est devenue ou qui deviendra la vision de tous les hommes.

Un Corot, un Turner, pour ne citer que ceux-là, ont aperçu dans la nature bien des aspects que nous ne remarquions pas.

Dira-t-on qu'ils n'ont pas vu, mais crée, qu'ils nous ont livré les produits de leur imagination, que nous adoptons leurs inventions. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles