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LOCKE et l'état de nature de l'homme

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Si l'homme, dans l'état de nature, est aussi libre que j'ai dit, s'il est le seigneur absolu de sa personne et de ses possessions, égal au plus grand et sujet à personne; pourquoi se dépouille-t-il de sa liberté et de cet empire, pourquoi se soumet-il à la domination et à l'inspection de quelque autre pouvoir? Il est aisé de répondre, qu'encore que, dans l'état de nature, l'homme ait un droit, tel que nous avons posé, la jouissance de ce droit est pourtant fort incertaine et exposée sans cesse à l'invasion d'autrui. Car tous les hommes étant Rois, tous étant égaux et la plupart peu exacts observateurs de l'équité et de la justice, la jouissance d'un bien propre, dans cet état, est mal assurée, et ne peut guère être tranquille. C'est ce qui oblige les hommes de quitter cette condition, laquelle, quelque libre qu'elle soit, est pleine de crainte, et exposée à de continuels dangers, et cela fait voir que ce n'est pas sans raison qu'ils recherchent la société, et qu'ils souhaitent de se joindre avec d'autres qui sont déjà unis ou qui ont dessein de s'unir et de composer un corps, pour la conservation mutuelle de leurs vies, de leurs libertés et de leurs biens; choses que j'appelle, d'un nom général, propriétés. LOCKE

« Si l'homme, dans l'état de nature, est aussi libre que j'ai dit, s'il est le seigneur absolu de sa personne et de ses possessions, égal au plus grand et sujet à personne; pourquoi se dépouille-t-il de sa liberté et de cet empire, pourquoi se soumet-il à la domination et à l'inspection de quelque autre pouvoir? Il est aisé de répondre, qu'encore que, dans l'état de nature, l'homme ait un droit, tel que nous avons posé, la jouissance de ce droit est pourtant fort incertaine et exposée sans cesse à l'invasion d'autrui.

Car tous les hommes étant Rois, tous étant égaux et la plupart peu exacts observateurs de l'équité et de la justice, la jouissance d'un bien propre, dans cet état, est mal assurée, et ne peut guère être tranquille.

C'est ce qui oblige les hommes de quitter cette condition, laquelle, quelque libre qu'elle soit, est pleine de crainte, et exposée à de continuels dangers, et cela fait voir que ce n'est pas sans raison qu'ils recherchent la société, et qu'ils souhaitent de se joindre avec d'autres qui sont déjà unis ou qui ont dessein de s'unir et de composer un corps, pour la conservation mutuelle de leurs vies, de leurs libertés et de leurs biens; choses que j'appelle, d'un nom général, propriétés. Relever les procédés d'argumentation 1.

Comment qualifieriez-vous l'introduction de ce texte (première phrase)? Quel est l'objectif exact de Locke en commençant de cette manière? Quel statut accorde-t-on, en règle générale à cette thèse philosophique concernant l'état de nature? 2.

L'auteur développe, tout au long du texte, une analogie entre deux types de souveraineté (naturelle, politique). Relevez toutes les expressions du texte qui font référence à l'une ou à l'autre de ces formes de souveraineté. 3.

«Pourquoi se dépouille-t-il de sa liberté?»: identifiez la phrase qui énonce la thèse du texte et qui répond à cette question.

Reformulez-la et précisez-la, en vous fondant sur l'ensemble de l'argumentation qui suit. 4.

«Car tous les hommes étant Rois»; «c'est ce qui oblige»; «cela fait voir que ce n'est pas sans raison»: montrez comment ces expressions marquent les étapes de l'argumentation de J.

Locke.

Quelle est la logique qui sous-tend cette démonstration? Que veut prouver l'auteur (qui se fonde ici sur la psychologie hypothétique de l'homme à l'état de nature)? Trouver les enjeux philosophiques 5.

À l'état de nature, les hommes ne sont soumis à l'autorité de personne en particulier.

Mais, de cette liberté, ils ne peuvent pas véritablement profiter.

Pourquoi? S'agit-il d'une véritable liberté? Comment peut-on qualifier une telle liberté? 6.

Le passage de l'état de nature à l'état civil, c'est-à-dire à l'état de société, est présenté ici comme procédant d'une décision collective, raisonnable et rationnelle.

Quels sont les présupposés de cette thèse de J.

Locke, comme de tous les théoriciens du droit naturel? 7.

Pourquoi est-ce l'égalité des hommes en tant que telle qui constitue une menace à l'état de nature? Cela signifie-t-il que l'égalité pourrait également poser ce type de problèmes en société? Nuancez votre réponse. 8.

Quels sont les bénéfices attendus, selon J.

Locke, de ce passage de l'état de nature à l'état civil? En quel sens la liberté, instituée par le contrat social auquel l'auteur fait ici allusion (contrat par lequel les hommes ont «dessein de s'unir») passe-t-elle du statut de «bien propre» à l'état de nature (I.

7-8) à celui de «propriété» à l'état civil ? Vous rapprocherez la thèse de Locke de celle de Rousseau dans Du contrat social. On appelle état de nature cet état originel au sein duquel les individus n'aurait pas à subir une autorité politique, cet état de nature désigne un état antérieur à l'établissement de la société.

Dans cet état nous ne sommes obligés à rien si ce n'est de conserver notre existence.

Qu'est-ce qui alors motive les individus à se déprendre de cettte liberté première, vécue comme absence de contrainte, afin d'entrer en société et aller jusqu'à consentir à une autorité supérieure? Est-ce, comme le suggérait Hobbes, la crainte de la mort subite? Non pour Locke car à l'état de nature l'homme, n'est pas un « loup pour l'homme ».

Quelles sont donc les raisons qui poussent tout à chacun à entrer en société si pour Locke nous sommes libres à l'état de nature? Ce qui motive, selon cet auteur, les hommes à entrer en société c'est la volonté de conserver sa propriété, celle-ci étant rendue incertaine à mesure que les individus se multiplient et que la terre ne gagne pas en extension, alors qu'aucune instance extérieure n'est légitime pour statuer sur la limite de la liberté de chacun.

C'est donc la crainte de perdre sa propriété qui est le mobile principal à la constitution de la société.

C'est l'articulation entre l'état de nature et état de société que Locke explique justement dans ce texte. Nous verrons en premier lieu en quoi l'état de nature est un état de liberté, ou chacun jouit de sa personne et de ses biens.( de « Si l'homme, dans l'état de nature, est aussi libre que j'ai dit, »à « l'inspection de quelque autre pouvoir ». Dés lors l'établissement d'un autre pouvoir semble être un paradoxe. C'est pour cela qu'il faut préciser aussitôt que cette jouissance est rendue incertaine et précaire par le fait que la propriété de tous n'est garantie par aucune législation.

En cela donc l'institution de la société n'est pas ce qui signe l'arrêt de notre liberté, mais ce qui nous permet de jouir de nos biens sans crainte d'être subitement dépossédé.

( De : « Car tous les hommes étant Rois, tous étant égaux et la plupart peu exacts observateurs de l'équité et de la justice » à « choses que j'appelle, d'un nom général, propriétés ») .. »

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