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L'obéissance n'exclut-elle nécessairement la liberté ?

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« Introduction -La liberté constitue la faculté de déterminer sa volonté indépendamment de toute influence extérieure, notamment celle venant des sens. -L'obéissance constitue la soumission à une règle donnée, à partir de laquelle seulement notre action doit trouver sa norme. -Il y a ainsi toutes les apparences qu'obéir revient à renoncer à sa liberté, puisqu'ils s'agit alors de soumettre son action à une règle qui lui est extérieure. -Or, n'y a-t-il pas certaines modalités de l'obéissance qui, non seulement ne nous font pas renoncer à notre liberté, mais au contraire la conditionnent ? Et, plus profondément encore, toute obéissance ne s'inscrit-elle pas elle-même sur un horizon irréductible de la condition libre de l'homme ? I.

L'obéissance constitue le moyen essentiel d'atteindre à l'autonomie, tant à l'échelle de l'individu qu'à celle de la cité (Platon). -Théorie de l'âme, livre IV de la République : le tout de l'âme peut atteindre son autonomie si les parties inférieures qui la constituent acceptent de se soumettre à la partie supérieure, à savoir à la partie intellective ou rationnelle. Par exemple, la partie appétitive doit se soumettre à la partie intellective de l'âme, pour que soit possible une action harmonieuse de l'individu. -Livre IX des Lois : les lois de la cité instaurent une hiérarchie entre ce qui est favorable à l'intérêt commun, et ce qui est favorable aux intérêts personnels.

Ces derniers constituent un élément de désunion sociale (c'est la le danger interne de toute démocratie), tandis que la loi, qui vise l'intérêt commun, en constitue l'élément unificateur. Obéir aux lois, c'est donc obéir à ce qui est favorable à la communauté, c'est donc contribuer à faire de la cité un organisme politique autonome, donc libre. II.

L'obéissance est liberté, s'il s'agit d'obéir à sa propre loi morale (Kant). -L'homme est un être libre en ce qu'il obéit à ses propres lois : c'est l'autonomie.

La liberté, c'est ainsi la détermination de la volonté par la forme de la loi morale, celle de l'impératif catégorique, qui constitue la forme pure du devoir.

Etre libre, c'est obéir à la loi donnée par la forme de la raison pure (en tant que non dérivée de l'expérience) pratique (en tant qu'elle sert ici à un usage moral, et non théorique).

Etre libre, c'est obéir à la forme légale de sa raison pure pratique. -Obéir à une loi civile est nécessaire, car l'homme est incapable de suivre sa propre loi morale rationnelle tout au long de sa vie ; il lui faut donc évoluer dans un cadre légal qui exprime dans ses principes les éléments de la loi morale : l'hétéronomie ne constitue alors qu'une forme extérieure de l'autonomie morale. Le principe de la moralité réside dans l'autonomie, soit la faculté de se déterminer soi-même de par une législation rationnelle.

L'homme est lié à son devoir par une loi qui ne lui est pas extérieure.

Aucun intérêt ne vient le forcer à faire son devoir, aucune force étrangère à sa propre volonté ne vient le contraindre. Si le devoir procédait d'une contrainte, l'homme ne serait pas libre mais hétéronome, c'est-à-dire sous la dépendance d'une loi qui ne procède pas de lui-même.

Le devoir ne se définit que par l'autonomie de la volonté.

Être libre et moral, c'est agir conformément à sa propre volonté législatrice universelle. Cette loi du devoir, bien qu'en nous, vise l'universalité.

Le principe suprême du devoir est inconditionné et absolu.

La volonté n'y est pas intéressée, et elle n'est pas non plus motivée par la crainte d'un châtiment ou d'une sanction s'il y a désobéissance.

Dans l'accomplissement du devoir, la volonté est fondée sur un principe d'autonomie : "L'autonomie de la volonté est cette propriété qu'a la volonté d'être à elle-même sa loi (indépendamment de toute propriété des objets du vouloir).

Le principe de l'autonomie est donc : de choisir de telle sorte que les maximes de notre choix soient comprises en même temps comme lois universelles dans ce même acte de vouloir." III.

L'obéissance, sous la forme de la contrainte, ne s'inscrit jamais que sur un choix libre préalable. »

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