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L'obéissance à la loi doit-elle être absolue ?

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Devrait-on alors toujours obéir à la loi morale ? Comme le pose Kant : « Agis toujours de telle manière que la maxime de ton action pusse être érigée en loi universelle de la nature. » L'universalité ne souffre aucune exception, néanmoins la complexité des situations concrètes nous amènent à devoir choisir en conscience pour trancher les conflits de devoirs. S par exemple la gestapo interrogeait un homme dont l'ami est juif : devait-il dire la vérité ou bien sauver un homme d'une mort injuste ? La loi morale à elle seule ne suffit pas pour trancher et donc ici aussi l'obéissance doit être éclairée et responsable. Nous nous trouvons donc face à un dilemme : II faut obéir parce que l'on doit suivre des règles politico-juridiques ou morales mais il faut aussi pouvoir désobéir à ce qui est au nom de ce qui doit être. Comment dès lors concilier nécessaire obéissance et devoir de désobéissance ?

« Demande d'échange de corrigé de Moha Tarek ([email protected]). Sujet déposé : L'obéissance à la loi doit-elle être absolue ? Toute transgression de la loi entraîne systématiquement la réprobation de la plupart des citoyens, l'action de la police qui arrête les coupables et de la justice qui les juge et les sanctionne.

Toute société suppose un ordre dont le cadre est posé par les lois et dont la permanence est assurée par une force qui contraint chacun au respect de ces lois.

Dans cette perspective la loi implique nécessairement l'obéissance.

Ne pas s'y soumettre annulerait de fait la loi et par là l’ordre indispensable qui seul peut garantir la coexistence des individus.

Cependant une pure obéissance aux lois et donc à l'ordre établi ramènerait la vie en société aux conditions d'une vie naturelle où les lois immuables garantissent la permanence dans la répétition du même.

Or, de fait les hommes contrairement aux animaux sont pris dans le mouvement d'une histoire qui implique l'apparition de la nouveauté.

Comment dès lors concilier permanence et changement ? Il s'agira donc de se demander comment penser en même temps la nécessaire obéissance aux lois et la possibilité de la transgression comme condition du mouvement ? La loi est, de façon générale, une règle qui s'applique à un ensemble de phénomènes et qui en détermine le comportement.

Cette notion appartient principalement au champ politique où la loi est une règle (ou ensemble de règles) édictées par l'autorité souveraine qui exerce le pouvoir et qui s'applique à tous les membres d'une communauté.

Par extension la notion a pris le sens, dans le champ scientifique, d'un rapport réglé entre les phénomènes d'un même ordre de réalité.

Elles seraient la traduction mathématique de lois de la nature.

De telles lois excluent par définition le problème de l'obéissance car étant nécessaires on ne peut pas y désobéir.

Ainsi, en tant que l'homme est une partie de la nature il est nécessairement soumis à de telles lois.

Comme toutes choses physiques il est nécessairement soumis à la pesanteur et tombe quand rien ne le soutien.

De même-, comme tout être vivant c'est un être mortel soumis au besoin et il serait vain de vouloir y déroger.

Néanmoins il n'y est pas soumis tout à fait de la même façon que l'animal car du fait de la pensée, en connaissant les lois de la pesanteur il peut créer des moyens de voler, en se sachant mortel il peut s'interroger sur comment vivre.

Autrement dit l'homme manifeste une capacité d'initiative lui permettant d'utiliser à son avantage les nécessités, qui pèsent sur lui c'est-àdire transformer l'obéissance en commandement sans pour autant quitter l'ordre des nécessités.

S'il en est ainsi c'est parce que l'homme est un être naturellement inachevé chez qui la pensée et la conscience se substituent à l'instinct.

A la naissance l'animal n'est pas encore achevé mais il n'a que besoin de temps pour arriver à maturation, il est déjà tout ce qu'il pourra être, alors que l'homme naît inachevé et a besoin d'éducation pour devenir un homme. L'animal est réglé par la nature sous la forme de l'instinct alors que l'homme est naturellement indéterminé.

La nature ne règle pas à l'avance son comportement c'est donc l'homme qui doit lui-même se régler.

Du coup si aucune loi naturelle ne règle le comportement humain elles devront être instituées.

De fait, une des caractéristiques essentielles des sociétés humaines c'est que toutes sont réglées mais le contenu des règles changent d'une société à l'autre.

Cette variation du contenu des lois, c'est-à-dire ce qu'elle permet ou ce qu'elle interdit, est le signe le plus incontestable que l'on n'est plus dans l'ordre de la nature mais dans celui de la culture, c'est-à-dire de l'institution humaine.

En effet comme le montre Lévi Strauss dans les structures élémentaires de la parenté le naturel est universel, c'est-à-dire se retrouve toujours et partout de la même manière alors que le culturel est particulier, variable d'une société à l'autre.

De ce point de vue la nécessité d'une culture étant universelle elle apparaît naturelle pour l'homme.

De par sa condition l'homme ne peut pas vivre comme l'animal, immergé dans la nature mais il ne peut devenir humain qu'à l'abri d'im monde humain dans le milieu d'une langue et de règles.

Si le contenu des règles change d'une société à l'autre ce qui ne change pas c'est la nécessité de règles.

Ainsi il n'y aurait pas pour l'humanité, un passage progressif de la nature à la culture mais une rupture instaurée par l'interdit.

Devenir humain serait ainsi intégrer l'ordre de la loi c'est-à-dire de l'interdit.

Sur la base d'un tel cadre le contenu des lois change d'une culture à l'autre ce qui veut dire qu'il n'est pas nécessaire et qu'il est possible de lui désobéir.

De fait une loi humaine n'interdit que ce que les hommes sont susceptibles de faire.

Aucune loi n'interdit ce que personne ne fait jamais.

Si la loi commande de ne pas tuer c'est parce que de fait les hommes tuent et qu'un tel acte menace la permanence du monde humain et par là, la condition de possibilité d'une vie humaine. Ainsi chaque société instaure ses propres règles et ses propres exigences, un droit positif (ensemble des règles écrites ou non, lois, coutumes) et un droit idéal définit par- des exigences morales.

Les deux pouvant coïncider et caractériser des sociétés dites froides, satisfaites de ce qu'elles sont et luttant contre les changements, ou bien ne pas coïncider comme les sociétés modernes ouvertes sur un avenir pensé comme le lieu d'un progrès.

Néanmoins dans tous les cas la loi exige son respect.

Chaque transgression, comme le vol par exemple, porte avec elle le risque potentiel de l'éclatement de la société s'il ne rencontrait pas une force suffisante pour le contenir.

A défaut d'une autorité commune chacun défendrait son propre droit engendrant un cycle indéfini de vengeance.

Cet éclatement potentiel de la société n'est pas une simple vue de l'esprit mais un risque permanent comme le montre les guerres civiles.

C'est face à une telle réalité dans l'Angleterre du 17°S qu'Hobbes dans le Léviathan pense le fondement du vivre ensemble en terme de contrat social où chacun s'engage en même temps que tous les autres à renoncer à une partie de son droit naturel au profit du souverain qui, concentrant entre ses mains l'usage d'une violence légitime peut faire respecter les lois qu'il édicté.

Eu l'absence de lois et d'une force suffisante pour les faire respecter par tous c'est l'état de guerre civile ou Etat de nature.

Ici règne une guerre de tous contre tous, dans la mesure où,. »

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