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l'intérêt des machines. ?

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« Le terme machine vient du grec mêchanê qui signifie aussi bien "machine" que "ruse".

C'est qu'initialement, pour les Grecs, la machine est conçue comme une ruse de l'homme contre la nature.

La machine désigne dans son sens ordinaire la forme développée de l'outil, un ensemble de mécanismes combinés, destiné à produire un effet approprié à partir d'une impulsion.

La machine donc fait partie de la technique et semble à l'origine être naît pour permettre à l'homme de maîtriser la nature en vue de sa survie.

« Une machine est faite par l'homme et pour l'homme, en vue de quelques fins à obtenir, sous forme d'effets à produire » (Canguilhem, La connaissance de la vie).

Le développement du machinisme est considéré comme un progrès de la civilisation, permettant à l'homme de se libérer des travaux les plus pénibles.

Mais la machine n'a-telle pas des effets pervers sur l'homme et sur la nature? N'aliène-t-elle pas le comportement humain? Lui faisant oublier l'essentiel et la création? Faut-il se passer de machines ? Ne sont-elles pas des inventions de l'homme ? N'est-ce pas à lui de fixer leurs limites et leurs but ? La machine a pour but d'améliorer les conditions de vie de l'homme C'est parce que l'homme est au départ le plus démuni des vivants qu'il est amené à utiliser son corps ou des parties de ce dernier pour travailler.

Dans le Protagoras de Platon, l'homme est qualifié de "nu, sans chaussures, ni couvertures, ni armes" et c'est pour remédier à ce dénuement que Prométhée lui offre la connaissance et l'intelligence technique.

C'est de la technique que naît la machine. La machine, en tant qu'outil perfectionné, est ce qui permet à l'homme de vaincre la nature qui lui est hostile.

Hegel dit ainsi "L'outil est la ruse de la Raison par laquelle la nature est tournée contre la nature, si bien que l'homme n'est subjugué par l'extériorité inerte." (Leçons sur la philosophie) C'est parce qu'ils se heurtent à une nature qui ne leur offre pas tous ce dont ils ont besoin, que les hommes ont inventé les machines Pour Descartes, l'homme doit se rendre "comme maître et possesseur de la nature". Dans la sixième partie du « Discours de la méthode » (1637), Descartes met au jour un projet dont nous sommes les héritiers.

Il s'agit de promouvoir une nouvelle conception de la science, de la technique et de leurs rapports, apte à nous rendre « comme maître et possesseurs de la nature ».

Descartes n'inaugure pas seulement l'ère du mécanisme, mais aussi celle du machinisme, de la domination technicienne du monde. Si Descartes marque une étape essentielle dans l'histoire de la philosophie, c'est qu'il rompt de façon radicale et essentielle avec sa compréhension antérieure.

Dans le « Discours de la méthode », Descartes polémique avec la philosophie de son temps et des siècles passés : la scolastique, que l'on peut définir comme une réappropriation chrétienne de la doctrine d'Aristote. Plus précisément, il s'agit dans notre passage de substituer « à la philosophie spéculative qu'on enseigne dans les écoles » une « philosophie pratique ».

La philosophie spéculative désigne la scolastique, qui fait prédominer la contemplation sur l'action, le voir sur l'agir.

Aristote et la tradition grecque faisaient de la science une activité libre et désintéressée, n'ayant d'autre but que de comprendre le monde, d'en admirer la beauté.

La vie active est conçue comme coupée de la vie spéculative, seule digne non seulement des hommes, mais des dieux. Descartes subvertit la tradition.

D'une part, il cherche des « connaissances qui soient fort utiles à la vie », d'autre part la science cartésienne ne contemple plus les choses de la nature, mais construit des objets de connaissance.

Avec le cartésianisme, un idéal d'action, de maîtrise s'introduit au cœur même de l'activité de connaître. La science antique & la philosophie chrétienne étaient désintéressées ; Descartes veut, lui, une « philosophie pratique ».

« Ce qui n'est pas seulement à désirer pour l'invention d'une infinité d'artifices qui feraient qu'on jouirait sans aucune peine des fruits de la terre et de toutes les commodités qui s'y trouvent, mais principalement aussi pour la conservation de la santé […] » La nature ne se contemple plus, elle se domine.

Elle ne chante plus les louanges de Dieu, elle est offerte à l'homme pour qu'il l'exploite et s'en rende « comme maître & possesseur ». Or, non seulement la compréhension de la science se voit transformée, mais dans un même mouvement, celle de la technique.

Si la science peut devenir pratique (et non plus seulement spéculative), c'est qu'elle peut s'appliquer dans une technique.

La technique n'est plus un art, un savoir-faire, une routine, elle devient une science appliquée. D'une part, il s'agit de connaître les éléments « aussi distinctement que nous connaissons les métiers de nos artisans ».

Puis « de les employer de même façon à tous les usages auxquels ils sont propres ».

Il n'est pas indifférent que l'activité artisanale devienne le modèle de la connaissance.

On connaît comme on agit ou on transforme, et dans un même but.

La nature désenchantée n'est plus qu'un matériau offert à l'action de l'homme, dans son propre intérêt.

Connaître et fabriquer vont de pair. D'autre part, il s'agit « d'inventer une infinité d'artifices » pour jouir sans aucune peine de ce que fournit la nature.

La salut de l'homme provient de sa capacité à maîtriser et même dominer techniquement, artificiellement la nature. Ce projet d'une science intéressée, qui doive nous rendre apte à dominer et exploiter techniquement une nature désenchantée est encore le nôtre. Or la formule de Descartes est aussi précise que glacée ; il faut nous rendre « comme maître et possesseur de la nature ».

« Comme », car Dieu seul est véritablement maître & possesseur.

Cependant, l'homme est ici décrit comme un sujet qui a tous les droits sur une nature qui lui appartient (« possesseur »), et qui peut en faire ce que bon lui semble dans son propre intérêt (« maître »). Pour qu'un tel projet soit possible, il faut avoir vidé la nature de toute forme de vie qui pourrait limiter l'action de l'homme , et poser des bornes à ses désirs de domination & d'exploitation.

C'est ce qu'a fait la métaphysique cartésienne, en établissant une différence radicale de nature entre corps & esprit.

Ce qui relève du corps n'est qu'une matière inerte, régie par les lois de la mécanique.

De même en assimilant les animaux à des machines, Descartes vide la notion de vie de tout contenu.

Précisons enfin que l'époque de Descartes est celle où Harvey découvre la circulation sanguine, où le corps commence à être désacralisé, et les tabous touchant la dissection, à tomber. Car ce qu'il y a de tout à fait remarquable dans le texte, c'est que le projet de domination technicienne de la nature ne concerne pas que la. »

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