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L'intelligence humaine et l'intelligence animale. ?

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INTRODUCTION. — Parmi les faits divers, les journaux relatent de temps en temps des historiettes du genre de la suivante que nous prames lire il y a quelques mois: un garçon était tombé dans un puits et risquait fort de s'y noyer avant d'être retrouvé par sa famille; mais l'accident avait en un témoin, le chien de la maison qui, incapable d'opérer lui-même le sauvetage, courut à la recherche des parents de l'accidenté, puis fit tant et si bien par ses démonstrations qu'il parvint à les amener auprès du puits. Des récits comme celui-là vous donnent à penser que les bêtes sont vraiment intelligentes. Nous ne leur refuserons pas cette qualité. Nous nous demanderons seulement s'il n'y a pas de différence entre l'intelligence des animaux et l'intelligence humaine.


« INTRODUCTION.

— Parmi les faits divers, les journaux relatent de temps en temps des historiettes du genre de la suivante que nous prames lire il y a quelques mois: un garçon était tombé dans un puits et risquait fort de s'y noyer avant d'être retrouvé par sa famille; mais l'accident avait en un témoin, le chien de la maison qui, incapable d'opérer lui-même le sauvetage, courut à la recherche des parents de l'accidenté, puis fit tant et si bien par ses démonstrations qu'il parvint à les amener auprès du puits.

Des récits comme celui-là vous donnent à penser que les bêtes sont vraiment intelligentes. Nous ne leur refuserons pas cette qualité.

Nous nous demanderons seulement s'il n'y a pas de différence entre l'intelligence des animaux et l'intelligence humaine. I.

— PRECISONS UN PEU LA QUESTION. 1.

Il s'agit de l'intelligence.

Ce mot, qui fait partie de la langue commune, semble ne pas avoir besoin d'explication, car ton le monde sait bien ce qu'on entend par là.

Mais il est plus juste de dire qu'on croit le savoir.

En effet, beaucoup ne seraient-ils pas embarrassés si on leur demandait une définition Rappelons donc qu'on entend par intelligence la faculté de comprendre, c'est-à-dire, comme le suggère l'étymologie du mot, de saisir ensemble avec les rapports qui les unissent les éléments d'un donné complexe : la partie intégrée dans le tout, la cause avec l'effet, le moyen avec la fin...

Il est vrai que si nous pouvons avoir conscience de comprendre et par là même de faire acte d'intelligence, il nous est impossible de pénétrer dans l'esprit des autres pour procéder à la même constatation, du moins pouvons-nous, d'après leur comportement et en particulier d'après leur comportement verbal, nous assurer qu'ils ont compris : l'individu intelligent s'adapte aux situations qui se présentent, il répond à la question qui lui est posée et non comme la machine parlante, par les mots que prédétermine un déroulement mécanique. L'adaptation, il est vrai, est grandement servie par le savoir qui permet, sans grande intelligence et par des procédés plus ou moins analogues à ceux de la machine, de réagir comme il convient, de fournir la réponse attendue : que l'on songe à l'écolier qui a appris par coeur sa leçon et chez qui la question déclenche le débit d'un paragraphe du manuel.

Aussi écartons-nous ces cas, qui constituent la règle commune dans notre monde scolarisé, pour ne retenir que l'intelligence pure consistant dans la compréhension personnelle d'une situation originale. Il convient aussi d'écarter du côté animal l'analogue du savoir de l'homme : d'une part, le savoir-faire créé par le dressage qui aboutit aux performances extraordinaires qu'on applaudit dans les cirques; d'autre part, le savoir-faire inné des instincts, particulièrement remarquables chez les insectes.

Merveilleuses tant que l'on voudra, ces prouesses ne sont pas intelligentes.

Dans les cirques, l'intelligence est le fait du dompteur qui a su obtenir de ses bêtes de tels résultats et sait diriger leurs évolutions par des signes qui souvent échappent aux spectateurs.

En ce qui concerne l'activité instinctive, le problème de son origine nous laisse devant le mystère; du moins sommes-nous assurés, dans la mesure même où elle est instinctive, qu'elle n'est pas intelligente; FABRE, qui fut cependant un grand admirateur des insectes, l'a suffisamment montré : bien qu'éclairé çà et là par des lueurs d'intelligence, le processus instinctif lui-même se déroule suivant un scénario uniforme, sans possibilité de faire face à l'imprévu, de s'adapter à une situation nouvelle, sans intelligence. 2.

Nous avons à effectuer une comparaison entre l'intelligence humaine et l'intelligence animale. Du côté humain nous écartons, ainsi que nous l'avons dit, ce que l'individu doit à sa culture.

Il serait même préférable de se référer au primitif ou à l'enfant chez qui les solutions aux problèmes qui se posent viennent plus uniquement de la seule intelligence.

De là l'intérêt des comparaisons instaurées entre le singe et l'enfant. Mais, cet exemple lui-même nous le montre, en ce qui concerne les animaux : nous ne prenons pas nos termes de comparaison au bas de l'échelle.

Quand nous parlons de l'intelligence animale, c'est, au contraire, aux animaux supérieurs que nous, songeons : parfois aux oiseaux, le plus souvent aux mammifères, surtout au singe et au chien. Ce n'est donc pas l'intelligence animale en général que nous comparons à l'intelligence humaine, mais cette intelligence sous sa forme la plus évoluée. Ces précisions suggèrent, elles-mêmes, le sens de la question que nous avons posée.

Il ne s'agit pas de savoir qui, de l'homme et de l'animal, est le plus intelligent — la réponse à cette question va de soi — mais de se demander si l'intelligence animale et l'intelligence humaine sont de même nature.

C'est pour cela que nous comparons à l'homme, non pas des animaux considérés comme moyennement intelligents, mais au contraire ceux qui paraissent l'emporter sur leurs congénères et se rapprocher de lui. II.

— RÉPONSE A LA QUESTION. Bien que notre propos soit, non d'établir que l'animal est intelligent, mais de voir si, entre lui et l'homme, il y a, de ce point de vue, une différence de nature ou seulement de degré, nous devons d'abord rappeler quelques faits qui nous font attribuer l'intelligence aux animaux. A.

— L'intelligence animale. 1.

Des expériences scientifiques l'ont montré bien des fois : l'animal est capable, dans un donné expérimental complexe, de saisir ensemble divers éléments dont la conjonction prend un sens bien déterminé.

L'expérimentateur est donc autorisé à conclure qu'il est intelligent. Ainsi, l'animal n'est pas comme la parcelle de fer qui se dirige en droite ligne vers l'aimant qui l'attire, quitte à se coller contre l'écran qui la, sépare de lui.

Sans doute, il est des animaux qui ne se montrent guère plus intelligents; niais ce n'est pas le cas du chien : qu'il aperçoive derrière un grillage un morceau appétissant, il ne restera pas à l'arrêt devant cette barrière, mais en fera le tour pour voir s'il n'y a pas d'accès possible ou même l'apercevra dès la. »

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