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L'instant et la durée ?

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« VOCABULAIRE: Durée • A lors que le temps, comme grandeur physique homogène et mesurable, se réduit à une suite discontinue d'instants ponctuels, la durée est le temps subjectif, tel que nous le vivons, qui transcende toujours l'instant ponctuel en empiétant sur le passé et sur l'avenir. • Bergson montre ainsi que la durée, ou temps vécu, est hétérogène, continue et qualitative, contrairement au temps physique, qui n'en est que la spatialisation abstraite pour les besoins de l'action. Instant: Du latin instans, participe présent de instare, « presser ».

Infime portion du temps, dépourvue d'épaisseur et de durée. • L'instant est au temps ce que le point est à l'espace : indivisible et sans durée, il est pourtant le constituant ultime du temps. Bergson : le philosophe de la «durée» • Selon Bergson, nous appréhendons le temps au travers de la durée.

L'exemple de la musique résume la thèse de Bergson. La musique n'est pas qu'une simple succession de notes, une simple succession d'instants.

Elle constitue un ensemble qui dure : quand j'écoute la troisième mesure de la Ve symphonie de Beethoven, je ne l'isole pas de la première.

Les premières notes «durent» bien qu'elles soient passées.

Ce qui fait dire à Bergson que le temps, saisi dans la durée « nous fait l'effet d'une phrase musicale qui serait toujours sur le point de finir et sans cesse se modifierait dans sa totalité par l'addition de quelque note nouvelle » (Essai sur les données immédiates de la conscience). • Identiquement, le temps de la vie qui se « déroule » en moi, le temps que je mesure à partir de mes souvenirs, est un temps qui constitue une sorte de fil ininterrompu.

Le temps vécu est une durée et non une succession d'instants séparés. Selon Bergson, la durée est la réalité même : c'est-à-dire la durée pensée et concrètement vécue, le temps de la conscience intime, et non la durée mesurée comme une distance d'un point à un autre.

Afin de saisir cette durée, le philosophe doit se réconcilier avec ce qu'il vit concrètement et faire prévaloir la perception des choses sur leur conceptualisation. Comment appréhender cette durée qui semble toute intime ? Il convient d'opérer une conversion, de nous défaire des habitudes de pensées qui réduisent le réel à une ombre de lui-même, en ne faisant que le mesurer et le diviser par pur intérêt.

Si nous n'avons de la durée que cette perception réduite, cela signifie que, pour nous, la durée est d'abord ce qui nous sépare de quelque chose ou, si l'on veut, un moyen terme entre un début et une fin.

Ce moyen terme n'est donc pas perçu pour lui-même, mais en vue d'autre chose, et la réduction de la durée à de l'espace signale d'abord une conception utilitaire du monde, bien loin du désintéressement qui devrait être celui du philosophe.

Si nous voulons saisir ou contempler la durée en son absoluité, ou du moins nous en rapprocher, il nous faut nous défaire de notre obsession pour l'action. Bachelard : le philosophe de l'« instant» • S'opposant aux thèses de Bergson, Bachelard dans L'intuition de l'instant, dira que l'« esprit, dans son oeuvre de connaissance, se présente comme une file d'instants nettement séparés ».

En effet, n'est-ce pas dans l'instant que l'on comprend? Le célèbre Eurêka d'A rchimède est une « interruption » de la durée.

Il constitue une fracture qui marque l'avant (quand j'ignorais) et le présent (désormais, je sais). La vie ne peut se définir comme la contemplation passive d'un flux qui s'écoulerait le long d'un canal, celui-ci représentant le temps objectif avec ses trois dimensions immuables et successives : le passé, le présent et le futur.

La vie ne s'écoule pas suivant l'axe du temps, elle s'impose à lui en lui donnant forme, et c'est toujours dans l'instant présent qu'elle prend conscience d'elle-même.

L'expérience immédiate du temps n'est pas celle de la durée (qui requiert, pour être perçue, une certaine intériorité mystique), mais celle du maintenant.

Nos souvenirs sont ceux d'instants, et non d'une durée continue et indécomposable.

La conscience de la durée est une conscience de l'attente, mais pas l'attention elle-même, volonté de l'intelligence où toute l'intensité se donne dans l'instant.

L'attention est une reprise de l'intelligence sur elle-même qui ne se répand pas dans la durée.

Elle est un pouvoir de commencement absolu où l'es-prit vit une renaissance, alors qu'il tend à s'assoupir dans la durée.

Si la paresse est durable, l'acte de l'esprit est instantané.

L'essence de l'esprit n'est pas la durée, mais l'attention et la volonté de l'instant.

Le temps se dévoile à nous dans l'instant immobile 'et brillant, où la vie apparaît dans l'intégralité de ses forces concentrées sur le moment même.

Nous saisissons la durée comme une série d'instants qui marquent les progrès de notre vie intime.

On peut reprocher à Bergson, dans sa tentative de distinguer la spécificité du temps, de l'avoir du même coup déréalisé ou désubstantialisé, en refusant à l'instant une quelconque consistance pour n'en faire qu'un simple passage transitoire qui ne connaît jamais d'arrêt. • Pour Bachelard, la reconstruction du passé s'opère toujours « après-coup », en « y mettant le lien de la durée ». CITATIONS: « La durée vécue par notre conscience est une durée au rythme déterminé, bien différente de ce temps dont parle le physicien et qui peut emmagasiner, dans un intervalle donné, un nombre aussi grand qu'on voudra de phénomènes.

» Bergson, Matière et Mémoire, 1896. La durée, telle que l'expérimente notre conscience, s'oppose au temps des physiciens. « La pure durée pourrait bien n'être qu'une succession de changements qualitatifs qui se fondent, qui se pénètrent, sans contours précis, sans aucune tendance à s'extérioriser les uns par rapport aux autres, sans aucune parenté avec le nombre : ce serait l'hétérogénéité pure.

» Bergson, Sur les données immédiates de la conscience, 1889. « La durée toute pure est la forme que prend la succession de nos états de conscience quand notre moi se laisse vivre, quand il s'abstient d'établir une séparation entre l'état présent et les états antérieurs.

» Bergson, Sur les données immédiates de la conscience, 1889.. »

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