L’inconscient est-il une réalité psychique positive ?
Publié le 19/10/2022
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L’Inconscient
Problématique : L’inconscient est-il une réalité psychique positive ?
Introduction :
Si la conscience est une façon de se diriger vers le monde, toute façon de se diriger n’est pas
consciente.
Ainsi le cycliste maintient son équilibre pas des mouvements inconscients, si nous
lui demandons comment il s’y prend, il perdra son équilibre dès qu’il essayera de porter son
attention sur sa conduite (le mille-pattes).
De même le comportement humain est ambigu …
L’acte peut être non seulement mécanique, automatique ou inconscient.
Mais plus fort encore
l’acte peut être conscient mais sa vraie portée peut rester inconsciente pour celui qui agit.
La
Rochefoucauld l’affirme en disant que souvent nous croyons nos actes purs, généreux
désintéressés alors qu’ils sont gouvernés à notre insu par notre amour-propre, par un mobile
donc caché et qui échappe à notre conscience claire.
(De même l’exemple de l’amoureux qui ne le
sait pas encore).
On est amené donc à poser l’inconscient comme une réalité tout aussi vraie et
positive que la conscience.
Mais celle-ci va-t-elle accepter cette rivale ? En réalité, nombreux
sont les philosophes qui réfutent l’idée de cette partie nocturne en nous, qui nous dérègle pour
ne rendre compte que de la conscience ; celle-ci étant régulatrice, elle seule, porte la marque
d’un moi libre et responsable.
Ι –L’inconscient n’est pas une réalité psychique: (Rappel)
1- Descartes : En effet, Descartes affirme que l’homme est double.
Il est âme donc
pensée consciente et corps donc fragment de l’étendue.
Pour lui, tout ce qui échappe à la pensée
consciente appartient au corps et s’explique par des mécanismes physiologiques.
Il y aurait donc
pour Descartes une métaphysique de l’âme d’une part et une physiologie des passions d’autre
part.
2- Sartre : Avec lui l’inconscient est ignoré, rejeté, il n’y a que l’être en situation qui est
d’ailleurs un être conscient qu’il existe.
L’inconscient ne serait qu’une mauvaise foi de la
conscience consciente de son mensonge.
L’homme chez Sartre est libre et tout ce qu’il fait et
pense est posé par lui selon un choix libre et conscient.
Il n’y a dit-il “pour une conscience qu’une
façon d’exister, c’est d’avoir conscience qu’elle existe.”
3- Husserl et Merleau-Ponty : Pour les phénoménologues, la conscience n’est pas un
état de conscience mais une conscience d’un état.
Par-là, elle est tjrs une conscience de quelque
chose, elle est donc toujours accompagnée du phénomène, de ce qui apparaît et tout ce qui
n’apparaît point et ne relève pas du domaine du phénomène n’existe pas, du moins pour eux.
II- L’inconscient est la vraie réalité psychique : (voir aussi Nietzsche)
1- Freud :
Dans “l’interprétation des rêves”, Freud dit : ”l’inconscient est la vraie réalité psychique en ce
qui concerne sa nature la plus profonde, il est aussi inconnu que la réalité du monde extérieur
et il se présente à nous d’une manière aussi incomplète par les données de la conscience que le
monde extérieur par nos organes de sens”.
Mais dire comme Freud que l’inconscient est la vraie
réalité psychique est une chose fort nouvelle et révolutionnaire.
Ceci contredit les anciennes
conceptions qui soit nient complètement l’existence de l’inconscient soit le réduisaient à des
phénomènes biologiques ou alors le renvoyaient à des états de défaillance de la conscience.
Cependant si l’inconscient est difficile à saisir, il n’en reste pas moins une réalité positive et
authentique.
En effet, il est tout à fait possible d’admettre l’existence des faits psychiques
inconscients si on ne pose pas l’identité absolue du fait psychique et du fait conscient.
Car si tout
fait conscient est par définition psychique, la réciproque n’est pas vraie et tout fait psychique
n’est pas nécessairement conscient, même s’il peut le devenir.
Ainsi l’inconscient est devenu avec Freud un système de forces et de tendances dynamiques
positives et actives qui jaillissent et surgissent au niveau de la conscience à travers les voies
d’accès de l’inconscient tels le rêve, les névroses… Ses manifestations causent toutefois le plus
souvent une perturbation au niveau de la vie psychique.
D’où l’importance de comprendre le
mécanisme inconscient afin de rendre conscient tout ce qui est inconscient et restaurer
l’équilibre psychique perdu.
Tel est, en un mot, la méthode de la psychanalyse et son but.
A-Les théories de l’appareil psychique :
1- La 1ère topique :
Dans “l’interprétation des rêves” Freud expose sa première topique de la vie psychique.
Le mot
“topos” en grec veut dire “terrain”.
C’est donc l’étude de la structure du psychisme que Freud
divise en 3 instances qui coexistent ensemble dans un dynamisme psychique : le conscient, le
préconscient et l’inconscient.
-l’inconscient : Ce n’est plus l’inconscient primitif défini par l’ensemble des actes réflexes et
des instincts, c’est désormais l’ensemble des faits psychiques refoulés qui n’ont pas pu accéder
au système du préconscient et du conscient.
Il est lié au principe de plaisir (désir-satisfaction
immédiate-plaisir).
-le préconscient : C’est l’aspect actualisable de l’inconscient, des faits psychiques latents.
Il se
rapproche du conscient et constitue avec lui une association, une unité de perception.
-la conscience : C’est ce par quoi se fait le contact avec la réalité, c’est le lieu privilégié de
l’adaptation.
C’est la catégorie du présent et le lieu de la pensée.
Préconscient et conscient sont
liés au principe de réalité (désir-attente-satisfaction-plaisir)
Avant d’aller plus loin, qu’est-ce que le refoulement ?
C’est un mécanisme de base, l’un des mécanismes de défense.
Le concept de refoulement est le
centre même de la théorie psychanalytique, il est aussi le centre de la vie psychique.
Freud dit :
“c’est l’opération qui repousse ou qui maintient dans l’inconscient les représentations liées à des
pulsions inaccessibles à la conscience en général à l’intérieur de l’inconscient lui-même.
Par
conséquent le refoulement a lieu dans le cas où la satisfaction d’une pulsion qui est susceptible
de donner par elle-même du plaisir risquerait en même temps de donner du déplaisir à l’égard
d’autres exigences.
Ce mécanisme est donc en partie ou totalement inconscient.
Son but est de
sauvegarder l’intégrité du moi, c’est un processus en général mis en place soit pour éviter une
névrose soit pour conduire à une névrose en ultime instance.
2.
la deuxième topique :
Cette première topique parut bientôt insuffisante parce qu’elle opposait, à des pulsions
inconscientes, une force de refoulement consciente.
Or l’analyse devait lui révéler que le
refoulement était également inconscient, et Freud dans la 2ème topique exposée dans “le Moi et
le Ça” va utiliser le terme inconscient pour qualifier le “ça”, mais aussi le sur-moi et une part du
moi.
Le Ça : C’est la partie la plus proche du biologique et des pulsions.
Il fonctionne selon le
principe de plaisir ou selon la loi de l’Eros, la pulsion de vie, de conservation et de sexualité.
Mais il comprend aussi la pulsion de mort et de la suppression, Thanatos.
Il est du registre de la
mère car il est consubstantiel à la vie.
Le ça ignore le jugement de valeur, le bien, le mal, la
morale.
Une personne régie par le ça est érotique, amorale.
Le Moi : c’est une instance centrale régie par le principe de réalité.
C’est le lieu où se joue les
conflits et où s’opère les régulations.
Il se trouve en permanence tiraillé entre les exigences
absolues du ça et les interdictions du sur-moi.
Si la régulation échoue, apparaît alors la névrose.
C’est aussi la somme des identifications d’où une grande partie d’inconscient.
Il assure aussi la
fonction synthétique de la personnalité et il est le point de départ des relations, il établit par là
un pont entre la limite corporelle et le monde extérieur.
C’est le Moi-Peau dont parle Didier
Anzieu.
Le moi incarne aussi le sujet percevant qui se met en relation avec le monde, pour cela il
est du registre de la culture et de la civilisation.
Une personne régie par le Moi est narcissique.
Le Sur-Moi : c’est le produit des interdictions provenant du milieu familial socio-culturel.
Malgré sa place apparemment élevée dans la hiérarchie, le sur-moi est en partie inconscient.
Il
est plus proche du ça que du moi pour lequel il est le plus souvent un juge sévère et rigide.
Il
échappe aux conflits car il est à l’origine des conflits.
Il représente l’ordre et la loi, il est du
registre du Père.
Une personne régie par le sur-moi est obsessionnelle.
B- Les voies d’accès à l’Inconscient :
L’inconscient se manifeste dans certains cas psychiques par des voies directes ou indirectes qui
ont constitué historiquement les premiers éléments par lesquels le mystère de l’inconscient a été
dévoilé.
L’essentiel est de comprendre que l’inconscient agit toujours par déplacement,
transformation, défiguration et qu’il s’agit d’interpréter les faits afin de les dépouiller de leur
maquillage pour les retrouver à l’état originel.
1.
Le Rêve
a.
Sa nature : c’est la voie royale de la psychanalyse dit Freud, il est aussi le modèle,
fondamental de l’activité de l’inconscient.
Il représente la totalité de l’activité psychique
nocturne et il est la continuation de l’activité diurne.
Dans le sommeil, la censure est
partiellement levée, ce qui empêche d’ailleurs le rêve d’être totalement restitué à la conscience.
Le sujet réveillé oublie ainsi totalement ou partiellement son rêve.
Freud affirme que la finalité
du rêve est tjrs égoïste et qu’on ne rêve que de soi-même mais cela reste caché au sujet rêveur à
cause des symboles du rêve et à cause de ses deux contenus ; manifeste et latent, qui sont deux
faces d’une même réalité.
Le contenu manifeste est le rêve tel que le perçoit le sujet et tel qu’il le
raconte et le complète car son récit est tjrs incomplet.
Le contenu latent est celui qui n’accède
jamais à la conscience à cause de la censure.
Pour cela, il est l’ensemble des données primitives
refoulées qui ont une signification propre et qui sont tjrs exprimées par une voie détournée.
D’où la nécessité d’une interprétation psychologique du rêve.
Auparavant un exposé des
différents mécanismes du rêve est nécessaire.
-Le déplacement : c’est le mécanisme qui se rapporte au fonctionnement général de l’inconscient
car une réalité et un contenu psychique ne peuvent pas être transmis tels qu’ils sont à cause de
l’interdit qui pèse sur tout contenu en % avec les pulsions.
Un détour s’accomplit alors dans le
rêve et remplace une image trop franche jugée inconvenante par une autre qui lui est liée mais
qui la masque.
Ex : le rêve de la dame qui a étranglé un jeune chien blanc.
-La condensation : c’est le mécanisme de regroupement d’images multiples en une seule.
Une
même image possède de multiples significations : le contenu manifeste condense le contenu
latent.
Ex : le chapeau noir très cher.
-La symbolisation : c’est la conversion d’une réalité invisible à une réalité visible.
La
symbolisation met en rapport un objet latent avec un autre qui n’a aucune relation directe avec
le premier.
Le désir se manifeste alors par le biais d’images qui en sont les représentations
indirectes.
Ex : le départ de quelqu’un peut symboliser sa mort.
Symbole# signe linguistique : signifié et le signifiant ( signe arbitraire et conventionnel)
-La dramatisation : c’est la traduction d’un contenu déjà symbolisé dans un contexte théâtral.
C’est la mise en scène du rêve.
C’est une succession séquentielle qui donne une impression de
mouvement, de continuité et un sentiment d’inachèvement au réveil.
-L’élaboration secondaire : les trous, les blancs, les absents dans le rêve sont comblés par le sujet
rêveur à son réveil lequel forme ainsi un récit complet.
Or ces ajouts sont en % avec les
fantasmes anciens ou actuels.
C’est une association libre à partir des images du rêve qui se
traduit dans la conversation et dans la parole spontanée.
Le texte ainsi reproduit change certains
éléments et produit une élaboration secondaire.
b.
La fonction du rêve : désormais le rêve n’a plus avec la psychanalyse une interprétation
métaphysique ; il ne représente plus l’intermédiaire du profane et du sacré, les dieux
n’interviennent pas et l’homme n’est plus ce messager passif de la parole divine.
De même le
rêve a perdu son interprétation vulgaire physiologique.
On n’explique plus le rêve par un %
biologique ou par un relâchement de l’activité des cellules cervicales.
Avec la psychanalyse, le
rêve acquiert sa pleine signification et dévoile son vrai rôle.
-Le gardien du sommeil : le rêve exprime le désir de continuer à dormir.
Ex: un homme rêve
qu’il boit parce qu’il a soif.
Cette satisfaction fictive est une façon de prolonger le sommeil.
-La réalisation d’un désir refoulé : ce qui est jugé inacceptable dans la vie diurne à cause des
interdits sociaux et moraux est réalisé d’une manière indirecte dans le rêve.
Ex: les rêves
érotiques chez les adolescents.
Mais ces rêves sont souvent accompagnés d’un sentiment
d’insatisfaction et de manqué car tout comme dans la réalité, le rêve n’épuise pas la totalité du
contenu psychique.
-La fonction cathartique : c’est le mot employé pour désigner l’effet purificateur d’un certain
nombre de pulsions traumatisantes qui encombrent l’inconscient.
Ainsi certaines énergies
pulsionnelles ne peuvent s’écouler que dans le rêve car tout autre possibilité d’écoulement est
interdite ou impossible.
Ex : l’amputé rêve qu’il court.
-La restauration pulsionnelle : cette fonction fut découverte par l’équipe du P.
Janet en France
qui a ainsi saisi que le rêve chez les hommes et chez les animaux porte tjrs sur des contenus
pulsionnels.
Le rêve chez l’homme est en % avec la sexualité et les liens affectifs ou
l’alimentation alors que chez l’animal il est en rapport avec la sexualité et surtout avec la
capitulation.
Cette fonction en % avec les pulsions restaure les énergies profondes entamées
pendant la vie diurne.
L’insomnie épuise la personne.
Pour finir
Le rêve permet la communication avec l’inconscient.
Le rêveur renouvelle son potentiel
instinctuel et complète avantageusement son activité psychique diurne par une autre, nocturne.
Le rêve exerce ainsi une sorte de contrôle sur la totalité de la vie psychique.
Gérard de Nerval dit
à juste titre : “Le rêve est une 2ème vie”.
2.
Les symptômes névrotiques substituts : psycho-somatiques et psychiques
Les névroses marquent un trouble psychique ne relevant d’aucune lésion organique ni d’aucune
cause reconnue par le sujet et ne peuvent s’expliquer que par une situation conflictuelle entre
des mécanismes de défense du moi et des désirs inconscients.
La pulsion instinctuelle se voit
interdire l’accès de la conscience.
Elle substitue alors sous forme symbolique un objet illusoire à
l’objet réel.
Mais même sous ce masque le poids de l’interdit pèse encore sur le sujet.
Ex: Un
délinquant inconscient angoissé par la peur d’être mis en prison peut présenter les signes de la
névrose de claustrophobie (peur des espaces clos), Conflit intérieur entre le moi et le ça ou
le sur-moi ( le moi qui n’arrive plus à faire le compromis ! ) La névrose se traduit :
Sentiment de mal-être (psychique) accompagné de : soit angoisse, anxiété, dépression,
sentiment de persécution ou de culpabilité etc….
Souvent avec des symptômes psychosomatiques : tremblements, paralysies, cécité,
tremblements, évanouissement, etc….
2 familles de névroses :
Les manies : Ex : la kleptomanie (le fait de voler des objets précieux)
La manie de se....
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