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L'inconscient est-il une fatalité ?

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« Introduction L'homme conscient est considéré comme celui qui agit tout en le sachant.

Ainsi la conscience installe l'individu dans le monde, et lui permet de prendre position.

L'homme, toujours devant le monde, doit s'efforcer de le connaître, de le juger ou de le transformer.

Il paraît donc avoir une place insigne dans le monde, et pense alors que ses actes, ce qu'il fait, ne sont que les produits de sa liberté.

Mais de nombreux penseurs ont présenté le caractère inconscient des actions produites par l'individu.

Par conséquent, l'homme subit de nombreuses déterminations dont il n'a pas conscience, déterminations qui s'éclairent à travers l'ignorance, la passion, le social et l'inconscient.

C'est au regard de ces origines mal comprises qu'on présentera le caractère toujours aveugle de la fatalité des actions accomplies par l'homme. I.

De la passion à l'aliénation. a.

La philosophie est véritablement née à travers la figure de Socrate.

Celui-ci tentait, par la puissance du dialogue, d'exhorter ses interlocuteurs à se connaître eux-mêmes.

Il procédait ainsi par le moyen de la « maïeutique », moyen permettant « d'accoucher les esprits ».

Socrate alors déstabilisait chacun dans ses certitudes profondes.

Il permettait à l'autre de retrouver en lui ce qu'il avait déjà, et ainsi de connaître véritablement les raisons de ses actes.

Car le plus souvent les hommes produisent des actes méchants par ignorance, d'où la célèbre formule : « nul n'est méchant volontairement ».

Il est affirmé en ce sens que les hommes n'écoutent pas toujours la partie la plus noble de leur âme, la raison, qui leur permettrait de tendre à l'Idée de Bien.

En effet, ils s'arrêtent souvent à leurs appétits, et ne voient pour leur bien que la satisfaction de leurs désirs.

Ainsi le désir, la passion, est une des causes de la fatalité de l'ignorance en l'homme. b.

Même si la raison s'emploie souvent à dompter, à éradiquer la passion, il apparaît que la raison aussi se nourrit de passions.

Ainsi, les hommes font l'histoire, selon Hegel, en poursuivant leurs intérêts et leurs passions.

Les hommes sont ainsi les jouets inconscients de l'Esprit qui les dépasse et qui suit son cours historique.

Car l'universel (esprit) doit se réaliser par le particulier : « rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion » (Hegel, La Raison dans l'histoire).

Les passions, les intérêts particuliers réalisent donc l'universel.

Ainsi l'homme régit par une passion peut, sans en être conscient, accomplir l'universel. c.

Avec Marx, c'est l'existence sociale qui détermine les actions des hommes, leur conscience.

Ainsi, toujours pensant agir librement de son propre chef, l'homme s'avère n'être que le produit de sa place qu'il occupe dans les rapports sociaux tendant à la production : « Ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c'est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience » (Marx, Avant-propos à la Critique de l'économie politique, 1859).

Les conditions matérielles de l'existence sont responsables, selon Marx, des inégalités parmi les hommes, et de leurs effets, comme l'aliénation d'un ouvrier qui ne sait pas réellement le produit sur lequel il travaille. II.

le déterminisme en sociologie et en psychanalyse a.

Le sociologue P.

Bourdieu présentera (cf.

La distinction), avec le terme « habitus », les caractères innés et acquis en l'homme.

L' habitus est une incorporation des règles qui régissent tel ou tel « champ » social, que l'homme reproduit sans cesse.

Ainsi, il y a des habitus différents selon qu'on est issu du monde ouvrier ou du monde bourgeois. Chaque classe sociale a ses habitudes bien ancrées en chaque individu issu d'elle.

L' habitus est un système de comportements permettant à chacun de se mouvoir « comme un poisson dans l'eau » à l'intérieur de sa classe social. L'habitus comprend donc une part d'inné (héritage culturel issu des parents) et une part d'acquis (héritage culturel qu'on se forge soi-même).

D'où le fait que pour cet auteur un enfant de professeur aura plus de facilité à l'école qu'un enfant d'ouvrier.

Chacun vit ainsi sans connaître ce qui le détermine réellement, et la liberté ne peut s'acquérir que si on connaît les déterminations qui font qu'on soit ainsi. b.

Admettre l'existence de l'inconscient revient donc à réfléchir sur une prétendue maîtrise de ses actes, et à reposer la véritable place de notre vouloir.

Les premières expériences de Freud, à travers la pratique de l'hypnose, ont montré que le médecin pouvait faire en sorte que le patient se comporte de telle manière sans qu'il en sache rien.

Il y a donc bien quelque chose qui échappe à la conscience.

D'autre part l'hypnose a guéri des patients hystériques, quand on les interrogeait sur les causes de leurs maux ; ces derniers révélant des événements dont ils n'ont pas conscience à leur réveil, se voyaient guéris. c.

C'est à partir de cette puissance de la parole que Freud se dirigera vers la pratique de « l'association libre ». Cette pratique consistait à inciter le sujet conscient à parler de tout ce qui lui venait à l'esprit.

Des événements oubliés, que le sujet ne pouvait se rappeler quand sa conscience était vigilante, apparaissaient.

L'inconscient regorge donc d'événements passés qui remonte à la surface (à la conscience) en provoquant des symptômes, des pathologies (hystérie, névroses etc.).

Ces événements, remontant souvent à l'enfance, sont « refoulés » dans l'inconscient, permettant au sujet de ne pas vivre la mémoire pleine de souffrances. d.

Freud, dans un de ses essais, L'inquiétante étrangeté, présente bien l'aspect ambivalent du sujet qui, souvent, se laisse saisir d'effroi par de l'étranger en lui-même.

Ainsi, ce qui est familier à soi peut devenir inconnu, et donc angoissant.

L'inconscient, de par ses expressions, pousse aussi l'homme à projeter des plans d'idées ou d'actions.

On parle dans une analytique existentielle de projection.

Tout homme projette, que ce soit la fin propre à une idéologie, ou même le désir de s'unir à Dieu.

La différence entre la projection dite « saine » et la projection « délirante » réside en ce que cette dernière projette sans avoir les pieds sur terre.

Ainsi le schizophrène projette, à partir d'un sol inexistant, des satisfactions impossibles.

Ces attitudes propres à l'homme augmentent la tentation de faire de l'inconscient et de ses multiples effets une science. Conclusion On voit qu'en règle générale l'homme se voit troublé par des attitudes qu'il ne génère pas.

Avant que la psychanalyse s'institue réellement comme science, beaucoup ont déjà compris que la conscience n'était pas seule à régir un sujet.

Ainsi, pulsions et autres tendances mécaniques pouvaient jouer un rôle important dans les comportements des hommes.

Et le rôle de la culture a été de réprimer ses tendances instinctives et de faire de l'homme un animal raisonnable maître de lui-même.

Mais il s'avère que le psychisme humain reste duel et dynamique.

Il y a toujours de l'autre qui s'incorpore dans nos dires et dans nos actes.

Et le rôle de la psychanalyse est de comprendre, par l'écoute et l'observation, le langage de cet autre.

Mais la difficulté vient de ce que chaque individu a une formation psychique particulière, et la science, pour se maintenir, a nécessairement besoin de classer certains types en fonction de leurs ressemblances symptomatiques.. »

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