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L'imagination est-elle la cause de notre malheur ?

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« Remarquez d'abord que le sujet présuppose que nous sommes malheureux et, au moins dans un premier temps, ce n'est pas cela qu'il faut discuter.

Demandez-vous donc ce qui dans la nature même de l'imagination pourrait provoquer ce malheur : l'imagination est la faculté par laquelle nous nous représentons des images, mais elle est aussi une faculté qui nous permet de nous éloigner du réel.

Par l'imagination nous pouvons donc nous représenter non seulement des êtres ou des choses absent(e)s, mais aussi des êtres ou des choses qui n'existent pas.

Montrez alors que cette fonction créatrice de l'imagination nous permet le plus souvent d'enjoliver le réel ou de le rêver meilleur qu'il n'est (songez par exemple aux utopies).

Comment cela peut-il finir par nous rendre malheureux ? Cependant cette condamnation de l'imagination source d'illusion et d'irrationalité est peut-être un peu rapide : demandez-vous en effet si notre malheur n'est pas plutôt dans le réel lui-même , l'imagination ne serait alors qu'une occasion de le dénoncer... L'imagination corrompt nos perceptions Mettez, dit Montaigne, un philosophe dans «une cage de menus fils de fer clairsemés», suspendez-le «au haut des tours de Notre-Dame de Paris».

Bien qu'étant assuré de ne pas tomber, son imagination lui fera craindre la chute.

En effet, il «ne se saurait garder (s'il n'a accoutumé le métier de recouvreur) que la vue de cette hauteur extrême l'épouvante et ne le transisse» (Essais). L'imagination est l'ennemie de la raison PASCAL: Imagination.

- C'est cette partie dominante dans l'homme, cette maîtresse d'erreur et de fausseté, et d'autant plus fourbe qu'elle ne l'est pas toujours ; car elle serait règle infaillible de vérité, si elle l'était infaillible du mensonge.

Mais, étant le plus souvent fausse, elle ne donne aucune marque de sa qualité, marquant du même caractère le vrai et le faux. Je ne parle pas des fous, je parle des plus sages ; et c'est parmi eux que l'imagination a le grand don de persuader les hommes.

La raison a beau crier, elle ne peut mettre le prix aux choses.

Cette superbe puissance, ennemie de la raison, qui se plaît à la contrôler et à la dominer, pour montrer combien elle peut en toutes choses, a établi dans l'homme une seconde nature.

Elle a ses heureux, ses malheureux, ses sains, ses malades, ses riches, ses pauvres ; elle fait croire, douter, nier la raison ; elle suspend les sens, elle les fait sentir ; elle a ses fous et ses sages : et rien ne nous dépite davantage que de voir qu'elle remplit ses hôtes d'une satisfaction bien autrement pleine et entière que la raison.

Les habiles par imagination se plaisent tout autrement à euxmêmes que les prudents ne se peuvent raisonnablement plaire.

Ils regardent les gens avec empire ; ils disputent avec hardiesse et confiance ; les autres, avec crainte et défiance, et cette gaieté de visage leur donne souvent l'avantage dans l'opinion des écoutants, tant les sages imaginaires ont de faveur auprès des juges de même nature.

Elle ne peut rendre sages les fous ; mais elle les rend heureux, à l'envi de la raison qui ne peut rendre ses amis que misérables, l'une les couvrant de gloire, l'autre de honte. Avez-vous compris l'essentiel ? 1 Peut-on dire que l'imagination pervertit l'homme ? 2 Raisonner peut-il nous permettre d'échapper au pouvoir de l'imagination ? 3 L'imagination se contente-t-elle de reproduire les données des sens ? Réponses: 1 - Oui, dans la mesure où sa nature d'être doué de raison en est affectée. 2 - Non, la raison elle-même est le jouet de l'imagination. 3 - Non, elle a la capacité d'inventer, de produire d'elle-même des sensations. Analyse thématique. »

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