L'imaginaire et le réel se contredisent-ils ?

« I - LES TERMES DU SUJET Il convient déjà de distinguer imaginaire et imagination.

On parle volontiers de l'imaginaire d'une oeuvre, d'un auteur, etc.

L'imaginaire apparaît alors comme un lieu. L'imagination quant à elle, se donne plutôt comme une capacité d'un certain type dont l'esprit est doté.

L'opposition imaginaire/réel est une opposition de sens commun.

Elle a aussi été retenue par la philosophie depuis PLATON qui voit dans les productions de l'imaginaire de pures apparences qui nous détournent du réel. La question est de savoir alors si les liens entre imaginaire et réel peuvent être pensés autrement que sur le mode de la contradiction. II - ANALYSE DU PROBLÈME On présente souvent l'imaginaire comme un foyer d'illusion où l'homme se perd.

Chacun se souvient de Madame Bovary se gargarisant de romans à l'eau de rose et envisageant ensuite ce qui lui arrive à travers un prisme d'images qui la détournent de la réalité.

La cause semble donc être entendue : l'imaginaire tourne le dos au réel. Cependant, Madame Bovary est un roman sur la bêtise.

C'est parce qu'elle est bête que l'héroïne de FLAUBERT croit à ce qu'elle lit. Mais pour nous, lecteurs de FLAUBERT, le roman devient un instrument de lecture de réel.

En témoigne le fait que le terme même de "bovarysme" est passé dans le langage courant et sert à caractériser des conduites que nous n'aurions pas forcément repérées sans cela. L'imaginaire ne contredit pas ici le réel mais sert de relais pour l'objectiver. III - LES GRANDES LIGNES DE LA RÉFLEXION A - Se pose indirectement la question de la nature de l'imaginaire et de ses produits.

Quel lien se fait ou se défait par là entre l'esprit et le réel ? B - Il faut aussi inventorier les différents champs de réflexion appelés par le sujet. Ainsi ne faut-il pas limiter le problème aux productions littéraires, picturales, etc.

A partir du moment où l'on reconnaît un enjeu épistémologique dans le sujet, il faut aussi traiter du rôle de l'imaginaire dans les sciences (dans la formation des hypothèses, le développement des théories, etc.). C - Il faut donc s'interroger sur le pouvoir de "détection ontologique" de l'imaginaire et éviter de diaboliser ce dernier.

On peut certes se perdre dans l'imaginaire mais il peut aussi révéler des aspects du réel. IV - UNE DÉMARCHE POSSIBLE A - L'imaginaire comme échappatoire au réel. PLATON a très tôt installé l'idée que l'imagination, productrice d'apparences n'était pas en mesure de nous faire saisir la réalité mais au contraire nous en éloignait.

La réalité est saisie par l'intelligence raisonnante (dianoïa) et par intuition intellectuelle (noesis).. »